A POESÍA É UNHA LINGUA MINORIZADA

Comezaría polo espesor. A súa acidez, o seu ph.

Camiña igual ca unha muller:
entre o masacre do invisible
e o campo de concentración da visibilidade.

Ladra estilo e final,
unha épica hospitalaria.

No poema a linguaxe
faise ouvidos xordos a si mesma,
nel as palabras amplían
o seu círculo de amizades.

Hai que masturbar o abecedario
ata que balbuza cousas
aparentemente inconexas.

Caixa de cambios da fala,
acenos doutra orde.
O sorriso do mosquito dentro da pedra de ámbar.

Non se trata de que non comprendas árabe.
Non entendes

poesía.

© Yolanda Castaño
From: A segunda lingua
Santiago de Compostella: PEN Clube de Galicia, 2014
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin, 2015

LA POÉSIE EST UNE LANGUE MINORISÉE

Je commencerais par l'épaisseur. Son acidité, son ph.

Elle marche comme une femme :
entre le massacre de l'invisible
et le camp de concentration de la visibilité.

Elle aboie style et finale,
une épique hospitalière.

Dans le poème le langage
se fait des bruits sourds à lui-même,
en lui les mots amplifient
leur cercle d'amitiés.

Il faut masturber l'abécédaire
jusqu'à ce qu'il balbutie des choses
apparemment décousues.

Boîte de vitesses de la langue,
gestes d'un autre ordre.
Le sourire du moustique dans la pierre d'ambre.

Ce n'est pas que tu ne comprends pas l'arabe.
Tu ne comprends pas

la poésie.

Traduit par Frederic Bourgeois