Jan Kaus

estonian

PIRMASTU II

Siit näeb hästi seda asja, mida nimetame Eesti maastikuks. Õõtsikkaldaga järvesilm. Metsad, mis müürivad vaadet tormidest ja lageraietest hoolimata. Aeg-ajalt sahmab seafarmist haisu. Kui minus voolaks kübekenegi nipernaadit, hakkaksin minema, sest tükk põldu seal metsatukkade vahel justkui küsiks, et mida sa ootad, venivillem selline. Muidugi on kõik proosalisem – teisel pool ürgorgu paistva romantilise kortsna all elavad sopajoodikud. Äial on hea binokkel. Kuu nagu peopesal. Vanarahvas ei lubanud kuukuninga suunas näpuga näidata. Maastik on sellistel öödel kaetud igatsuse õhukese härmatisega.

© Jan Kaus
Audio production: Eesti Kirjanduse Teabekeskus [Estonian Literature Centre]

PIRMASTU II

D’ici, on voit bien cette chose que nous appelons le paysage estonien. Un petit lac au rivage souple. Des forêts qui emmurent la vue, malgré les tempêtes et les coupes claires. De temps en temps la porcherie émet une bouffée de puanteur. Si en moi coulait ne serait-ce qu’un soupçon d’esprit d’aventure, je me mettrais en route, car ce bout de champ là-bas entre les boqueteaux semble me demander : qu’attends-tu donc, lambin ? Évidemment tout est plus prosaïque : sous la cheminée romantique qu’on aperçoit derrière le vallon vivent des ivrognes. Mon beau-père a de bonnes jumelles. La Lune semble si proche qu’on pourrait la toucher. Les anciens disaient qu’il ne faut pas montrer du doigt le roi de la Lune. Dans ces nuit-là, le paysage est recouvert par le givre mince de la nostalgie. 

Traduit de l'estonien par Antoine Chalvin