Il ladro di minuzie

Adesso che sono vecchio
mi dedico a scoprire le minuzie
torno sul posto per vedere i dettagli
esploro le frattaglie, i capanni
che cadono di fianco ai palazzoni
le erbe intorno ai tombini, l’idrante
dimenticato, il mistero. La domenica
se nessuno mi vede, come un ladro
penetro nella corte disabitata
dove il tempo ha lasciato il suo sentiero.

Mi piace fare sempre gli stessi giri.
E se alzo la testa d’un tratto m’investe
la fiamma rossa della locomotiva
vicino alla stazione smistamento
oppure nella bottega
appare la grande macchina con le cinghie.
Poi mi siedo in un angolo
davanti alla fontanella di ghisa
e tiro fuori il mio biscotto. Sopra di me
tacciono le tortore del platano
stanno lì ferme sopra i rami
a respirare i gas.

      C’è una pianta
di fronte alla Metallo dove d’estate
si accalcano gli uccelli senza nido
a annunciare la luce che s’oscura
sopra le croste: ma cosa fanno
lì tutti insieme, cosa gridano
nascosti nello scuro delle foglie
cosa vogliono da noi?

© 1992 Edizioni Casagrande, Bellinzona
From: Il colore della malva
Bellinzona: Edizioni Casagrande, 1992
Audio production: 2000 M. Mechner, literaturWERKstatt berlin

Le voleur de détails

A présent que je suis vieux

je m’attache à découvrir les petites choses

je retourne sur place pour voir les détails

j’explore les entrailles, les cabanes

qui croulent à côté des grands immeubles

les herbes autour des bouches d’égout, l’hydrant

oublié, le mystère. Le dimanche

si personne ne me voit, comme un voleur

je m’introduis dans la cour déserte

où le temps a laissé sa piste.


J’aime bien faire toujours les mêmes tours.

Et si je lève la tête, me frappe tout d’un coup

la flamme rouge de la locomotive

près de la gare de triage

ou bien surgit dans la boutique

la grande machine avec les sangles.

Et puis je m’assieds dans un coin

face au bassin de fonte

et je sors mon biscuit. Au-dessus de moi

les tourterelles du platane se taisent

elles restent là sur les branches, immobiles

à respirer les gaz.

                             

                             Il y a un arbre

en face de la Metallo, l’été

les oiseaux sans nid s’y bousculent

pour annocer que la lumière sur les croûtes

s’obscurcit: mais qu’est-ce qu’ils font

là tous ensemble, qu’est-ce qu’ils crient

cachés dans l’ombre des feuilles

qu’est-ce qu’ils veulent de nous?

Traduit de l’italien par Christian Viredaz et Jean-Baptiste Para
© Editions Empreintes, Lausanne 1996
tiré de: Alberto Nessi: La Couleur de la mauve — Il colore della malva. Lausanne: Editions Empreintes, 1996