30 שניות להסתער על הפטמה

הָיוּ לָנוּ 30 שְׁנִיּוֹת לְהִסְתַּעֵר עַל הַפִּטְמָה,
הִיא הָיְתָה גִּבְעָה
שֶׁהִזְדַּקְּרָה בִּקְצֵה מַסְלוּל הַמִּכְשׁוֹלִים שֶׁל בְּסִיס הַטִּירוֹנוּת.
צַוְּארוֹן הַשָּׁמַיִם גֹּהַץ מֵעָלֶיהָ בַּעֲמִילַן הָעֲנָנִים
וְחָאקִי חוֹלוֹתֶיהָ הָיָה, בְּנוֹף אַחֵר, שׁוּרָה מִשִּׁיר טֶבַע.
אֲבָל אֵיפֹה שִׁיר וְאֵיפֹה טֶבַע,
כְּשֶׁשְׁתֵּי מֵימִיּוֹת הִתְנַדְנְדוּ עַל הַמֹּתֶן,
עֻזִּי בַּיָּד
וְאֵת חֲפִירָה לְאֹרֶךְ עַמוּד הַשִּׁדְרָה.
מַה שֶּׁנִּשְׁאַר הָיָה לְפַטֵּם בַּהֲזָיוֹת אֶת הַפְּטָמוֹת
שֶׁל הַפְּקִידָה הַפְּלֻגָּתִית שֶׁהִתְרַוְּחָה תָּמִיד
בַּגִּ'יפ שֶׁל הַמָּגָ"ד
וּלְהִזָּכֵר בַּצַּיָּר גּוֹגֶן שֶׁהִתְלַבֵּט אִם לֶאֱכֹל אֶת הַתַּרְנְגֹלֶת
שֶׁהָיְתָה לוֹ אוֹ לְצַיֵּר אוֹתָהּ.
שָׁם, מוּל הַגִּבְעָה, הָיִינוּ רְעֵבִים מְאוֹד.

© Ronny Someck
Audio production: 2005, M.Mechner / Literaturwerkstatt Berlin

Depuis la drôle d’obscurité

Depuis la drôle d’obscurité
d’en dessous les basques de mon veston
tu dis : « Je vois l’eau
d’une rivière qui s’appelle Tessin
je la reconnais à ses pierres
Je vois le soleil qui est un feu
et si tu le touches avec pas de gants tu te brûles
Je dois dire une chose à ton aisselle
une chose pas drôle du tout
Quelle neige byzantine
J’entends un bruit une odeur étrange
y a-t-il quelque chose qui ne marche pas ?
le cad’enas peut-être, je ne sais pas
mais peut-être que je me trompe avec avant
Imagine : si j‘étais une grenouille
cette année je mourrais »

« Vois-tu les oxyures ? les hussards ? les oxymores ?
Vois-tu les souris s’en aller penaudes
depuis la Vieille Ville vers le palais du Gouvernement ? »

« Je vois deux individus qui s’observent
Je vois le réveille-matin qui nous regarde à genoux
Je vois une fleur où il y avait du vent
Je vois un mort blessé
Je vois le pinceau des temps des temps
ton jeune blaireau
Je vois un bateau souple
Je te vois mais pas comme à travers
un cornet de glace »

« Et ensuite ? »
« Je vois une chose qui commence par RR »
« Quoi? »
« Rrien »

(« C’était seulement pour te dire que je suis là,
rien que pour te saluer »)

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino