Souleymane Diamanka
REPONDS-LUI AVEC DE L’EAU
REPONDS-LUI AVEC DE L’EAU
Si quelqu’un te parle avec des flammes
Répond-lui avec de l’eau
Sache que le seul combat qui se gagne
C’est le duel qui devient duo
Je sais que les braves savent se battre
Et lutter pour leurs droits jusqu’à l’aube
Mais dis-leur que la paix guérit et la guerre périt
Quand la plus belle âme des deux ennemis pardonnent à l’autre
Si quelqu’un te parle avec des flammes
Répond-lui avec de l’eau demain il sera des nôtres
Dehors ce qui se nourrissent de l’éclat de l’or
Essaient de faire peur aux pauvres
Il fait sombre dans les songes que l’orateur peul colore
Mais il paraît que l’heure la plus noire de la nuit précède de peu l’aurore
Les soleils nomades de l’espoir réapparaissent alors
Dans les cieux comme des fresques immenses
Si quelqu’un te blesse avec les phrases qu’il lance
Panse la plaie en la plongeant dans un de tes vrais silences
C’est ta noblesse d’âme qui t’honore
Ensuite reprend la parole
Comme une torche qui se rallume au cœur de l’obscurité sonore
Et dis lui je te demande pardon
Parlons et repartons
D’après les anciens quand le chemin n’existe pas
C’est en marchand qu’on crée le chemin
Et quand le schéma émotionnel est juste
Pour le poète c’est l’alchimie
Dis lui que la vie est une histoire
À la fois étrange et charmante
Chaque jour ce sont des charbons ardents que j’arpente
Dans les jardins du chagrin de chacun
Avec ses maisons sans mur et sans charpente
Dis-lui que des gens dorment dehors à la laide étoile
Jeunes et vieux en danger
Les yeux rouges et les dents jaunes
Certains ont les jambes mauves
La peau froissée par le froid des gens pauvres
Des sosies sociaux des genres d’ombres
Perdues dans des légendes mortes
Tandis que la nuit traduit la misère moderne et son jargon
Je te demande pardon
Mais ce droit chemin là n’est peut-être pas le bon
Il y a trop de cordes qui pendent aux balcons
Trop de colères qui courent les rues
Avec des pleines lunes dans le dos
Par pitié si quelqu’un te parle avec des flammes Répond-lui avec de l’eau
Et regarde bien, regarde bien
Les âmes errantes n’ont pas semé leurs anges gardiens
L’espoir et la lutte sont des fleurs du destin
Qui peuvent perdre leurs pétales fins mais pas leur parfum
Et si toi aussi c’est à la planète terre que t’appartiens
Je te demande pardon
Parlons et repartons
Personne n’est là par hasard
À seize ans je me suis jeter dans le vide un micro à la main
Et j’ai atterri sur scène devant vous
Quelques milliers de lendemain plus loin
La voix pleine de sourires et pleines de larmes
Sincère comme ce père noir qui repart en pleurs d’un parloir
J’ai eu la chance quelque part d’avoir été sauvé par l’art oratoire
Les douleurs perdent de leur lourdeur lorsqu’on les partage
Même si la plupart d’entre elles ne partent pas c’est pas grave
Quand on s’écoute on s’entraide
Les soirées poésie c’est regarder des êtres humains qui essaient de battre des ailes
Dès le départ l’auditoire prépare nos victoires
Prendre le temps d’écrire pour le meilleur et pour le dire
Par les temps qui courent c’est prendre part à notre histoire
Eyo Wandiya Koyo
Si quelqu’un te parle avec des flammes
Réponds-lui avec de l’eau.
Et s’il te demande qui je suis
Réponds-leur que tu ne sais pas
Mais s’ils insistent dis-leur que je suis Souleymane Diamanka
Dit Duajaabi Jeneba
Fils de Boubacar Diamanka dit Kanta Lombi
Petit-fils de Maakaly Diamanka dit Mamadou Tenen
Arrière-petit-fils de Demba Diamanka dit Lengel Nyaama
Etc... Etc... Etc... Etc...