Roger Des Roches
Manger les os
Manger les os
Chapelet de muscles, de loups, d’aurores orange,
de culs percés, de sexes fleuris, de villes mortes,
de rues blanches, de crocs,
d’agonies dans le dieu du livre qui bégaie,
de pensée brûlée, de tout ramené au présent,
de famille mangée par le rond du silence,
de célébrations fâchées dans la pluie,
de femmes qui dessinent des démons sur leurs joues,
de l’histoire du monde dans les appâts,
dans la chasse, dans les masques,
dans la morsure, dans le repli, dans l’oubli,
où Roger s’écroule et se relève.
On ouvre une porte, la porte s’ouvre.
On entend le verre siffler.
On a, vois-tu, trois murs étanches.
Pas ici. Dans l’avenir sanglant.
Corps échangés contre des ombres malades.
Mais j’ai relu. Je devrais arrêter d’écrire. Mais j’ai relu.
Sur cette table, dans cette main, sur ces lèvres,
dans ces bibliothèques de diviseurs,
dans le pain interdit, dans le dieu du cul, c’est ça,
dans les odeurs d’avions, voilà,
dans le tuer droit, dans le manger propre sperme,
dans le pleurer propre peau.