Linda Maria Baros
Le nuage d'Oort
Le nuage d'Oort
Au petit matin, tu n’entends plus tes os se briser.
Il n’y a que les éjaculations d’hier qui sortent de ton corps.
On dirait des signatures :
elles vibrent comme des aiguilles sismiques
dans une sorte de séance prolongée
d’acupuncture,
de vaudou.
Les éjaculations qui évadent des lingots poreux,
en platine, de tes vieux os,
et séparent – dans ton subconscient tribal –
comme des sexes,
le ciel et la terre.
Qui transpercent la poitrine,
donnent des noms, des trépanations,
qui vivent, qui dansent dans l’air tout comme les flammes,
plus longtemps que l’oxygène environnant.
Clouées dans. Excisées de ta chair.
Un fil invisible les relie à leur point de départ,
qui glapit de loin, d’une autre chair,
d’une autre rue.
Tu les vois se détacher de ton corps
au long de cet écart narcotique,
voler en morceaux quelque part, en dehors de toi.
Elles explosent. T’engluent.