Laure Gauthier
JE NEIGE (4)
JE NEIGE (4)
Voix 1
Et les autres tirent en riant leurs pancartes talisman
les chavirent, les distribuent,
Du fer, de la couleur, ça bouge dans les rues
secoue le cocotier du sens commun
Une jarretelle au-dessus de l’équarrissoir
Un chapeau pour annoncer le pain du boulanger
Faux hiéroglyphe tagué sur la syntaxe des rues
L’ordre des choses hoquette
Voix 2
Un instant cocotte-minute
On autorise toujours tout quand on ne peut rien
Voix 3
On ne rit pas plus aujourd’hui
On peut tout et on n’autorise rien
Même mi-cuits, tes amis bouillis risquaient un dernier bon mot,
ce qu’est un mot dans une rue d’ordres
comme on chérit l’écume d’une phrase, le courant d’air soudain,
L’attente de la vague un an durant / dans une rue / et
soudain ça bruit, soudain on détache une enseigne /
l’étudiant jouit un instant du courant d’air comme la femme qui a refusé de servir le mari,
ah qu’elle est bonne la minute de liberté avant la pluie de coups
Alors on chérit le trou, prêt à perdre une main quand les chevaux du châtelet viendront,
bénir la pancarte hostile, crier soudain et maudire le crottin,
Et le fer du sabot, maracas de l’ordre
où toutes tes rêveries finissent flaques
Voix 1
on est tous des enfants jetés avant l’eau du bain
alors faire déraper les virgules, déraisonner,
distribuer ce qu’on n’a pas avant de perdre ce que l’on est
vider la phrase de son sang avant qu’ils ne l’attrapent Mes méchouis de lettres !
Voix
Jouer, c’est vous faire croire au hasard
Voix de villon
écrire, c’est vous faire croire au refrain à la rose
votre devenir rondeau
Mais
si je vous endors de strophes
Et vous caresse d’images
dans le dernier vers
je vous mets le nez dans l’usage
Et je ne serai jamais trouvère, je perds tout
Et allez ! encore un vers de trop !
Trou dans la congère,
J’arrache in extremis vos mélodies et les refrains
L’impuissance du vers qui
n’a pas plus à dire que la carte qui
se retourne avant de rejoindre la pioche
Les voix
Prince glaïeul aux ances roncies
Crocheter la glotte
Pour la poe du soufflant
Et frappées en hurterie
Au signe je plante du blanc Dans ma turterie
Le bizac
Mais soient memoradis