Aix-en-Provence

Derrière ses persiennes closes,
rue Clémenceau, voilà soixante ans,
Blaise Cendrars ne disait mot
dans l’attente de l’aurore,
écoutant la cadence du chemin de fer
en gare d’Aix-en-Provence :
tacatac-tacatac-tacatac-tacatac,
qui haletait, sifflait, crachait, fumait,
à la manière du Transsibérien,
et il posait en rêve le bulbe d’or
de Saint Basile sur la cathédrale
où Le Buisson Ardent devenait une icône.

Aux « Deux Garçons », j’ai entendu
que la ville, jadis, avait refusé le train.
Galéjade sans doute marseillaise.

                                               2003

© Jacques-Frédéric Temple
Aus: unpublished
Audioproduktion: Printemps des Poètes 2006

Apostrophes

J’ai trouvé une photographie dans la cave
du lieu de ma maison
avant qu’elle ne soit construite
quand elle n’était que croquis
aux mains des architectes
Et je savais à peu près depuis quand elle existe
son année de construction
est recouverte de béton dans un angle du jardin
mais j’ignore combien de temps auparavant
inexistante elle est restée
avant que n’apparaissent
les bosquets les herbes et le ciel
qui pâlissent sur la photographie
Est-ce que l’inexistence est plus longue
que l’existence
et combien est ancien le néant

La poussière qui s’éleva
de la photographie
comme des apostrophes dans l’air
me fit tousser

Traduction: Verika Jakimov