abendnachrichten

massaker um eine handvoll reis,
höre ich, für jeden an jedem tag
eine handvoll reis: trommelfeuer
auf dünnen hütten, undeutlich
höre ich es, beim abendessen.

auf den glasierten ziegeln
höre ich reiskörner tanzen,
eine handvoll, beim abendessen,
reiskörner auf meinem dach:
den ersten märzregen, deutlich.

© Suhrkamp Verlag Frankfurt am Main 1964
Aus: blindenschrift. Gedichte
Frankfurt am Main: Suhrkamp Verlag, 1964
Audioproduktion: Suhrkamp Verlag Frankfurt 1995

[Quelle impulsion minime se déclenche et nous empêche]

Quelle impulsion minime se déclenche et nous empêche d'oublier ? 
Sur quel sol miraculeux dansons-nous avec les mères chantantes, 
où sont les véritables larmes, que nous ne voyons pas ? 
Après des années de retraite, de feux doux, de cierges allumés, 
la langueur de sons figée par le givre, quel 
bien reste-t-il dans le contour usé des villes

— quelle grâce confessons-nous avoir décidément touchée ? Nous sommes venus de loin, de supplices que personne ne racontera,  évoquant des points brumeux et de vagues choix, péniblement préservés de la douleur d'une époque se superposant à une autre,  pour voir enfin les mansardes furtives d'où nous sommes partis — la plupart souriaient encore sur les places, tant d’années — et comprendre que le chemin se fait grâce à ce qui en découle continuellement, inaudible, s’effaçant.  Le temps peu à peu s'abolit, c'est le temps de la flamme sur l'eau,  et nous avons souvent dérivé du plus grand au plus juste,  plongés dans le bruit conius d'une volée d'escaliers,  comprimant graduellement la vie jusqu'à son ultime dimension,  cette portion de la biographie de plus en plus nette,  où seul le recueillement, comme lorsqu'on gravit une marche,  est la racine de ce que nous avons fait à notre avantage,  la joie qui émane après la captivité.

Traduit par Marie Claire Vromans