Salvador Espriu

katalanisch

Jordi Sarsanedas

französisch

So de cornamusa a la dansa final

En molta terra reposes els peus,
damunt la humida mort esdevens arbre.
Sense ja nom, ni cap fill, ni consol,
t’estimes, solitari, en cada mancament.

Et senyoregen ara vols d’ocells o paraules,
o ploren sols per tu amplíssims cels llunyans
la desolada pluja d’aquest últim hivern?
prop d’un riu pressentit, la teva gran foscor
preguntarà per ombres endins dels ulls cansats.

Sabem profundament com va cessant el ball
i se’ns torna judici i a poc a poc oblit.
Quietes branques! No duren al bosc silenciós
mans enlairades d’homes, vella remor de veus.

I tu mai no voldries deslliurar del perill
de la roda i el somni el teu àgil dolor.
Però de cop els braços són ordenats cimals
i les arrels se’t perden per la fangosa nit.

© Sebastià Bonet Espriu
El caminant i el mur, 1954
Audioproduktion: Biblioteca Nacional de Catalunya

Air de cornemuse a la danse finale

Beaucoup de terre est couchée sous tes pieds,
sur la mort humide tu deviens arbre.
Sans plus de nom, ni de fils, ni d’espoir,
tu t’aimes, solitaire, dans chaque manquement.

Y a-t-il un vol d’oiseaux, de mots, planant sur toi
ou n’est-ce que le pleur, pour toi, des cieux lointains,
la vaste pluie désolée de ce dernier hiver ?
Près d’une eau pressentie, ta grande obscurité
recherchera des ombres dans les yeux fatigués.

Nous savons en secret avec quelle lenteur
le bal s’achève et devient jugement et oubli.
Calmes rameaux ! Le bois silencieux ne garde guère
les mains levées des hommes, la rumeur de leurs voix.

Et tu ne voudrais jamais délivrer du danger
de la roue et du rêve ton agile douleur.
Mais voici que tes bras sont devenus des sommets
et tes racines plongent dans la boueuse nuit.

Traduit par Jordi Sarsanedas. Anthologie lyrique, Salvador Espriu: Debresse Poésie, 1959.