RODEZ BLUES (2) - « j’ai soif sous la pluie »

Je bricole une musique qui n’ignore ni la terre
ni la brume dont on ne parle
encore moins l’écorce impossible,
le talus indifférent

Ceux qui broient du noir       
les ai vus s’élever en contrebas, de la montagne de rodez, là-bas vers le trou de bozouls,
Le sang du rite éperdu,
Du rite dont on a presque tout oublié
Le clochard du monde
Bossu,
Aux yeux esquivés
Injectés
 à la pauvreté que tu ne contrôles plus,
depuis la montagne R, surplombée de grès rose, m’est apparu -

Ai vu gémir le bossu pauvre
traverser l’aveyronnais,
des contrées que tu ne sais plus nommer, un paysage non préparé ni visité,
où tu n’as pas prévu d’aller,
le plateau sur le segala, le causse comtal, les terres caillouteuses,
Tu as 6 parfums de carambar en poche, mais ne connais le nom des roches,
Soudain tu as vu la clocharde du monde et elle te criait


« J’AI VU MOURIR LES MUSEES »


« J’ai vu mourir les musées, derrière la montagne », a-t-elle répétée
On refait les visages, morts, les remodèle,
On refait les voix des acteurs morts, les réarticule,
On refait les grottes en plastok, les duplique,
Et on marche à reculons,
Atrophiés du toucher

Accepter de regarder les hommes percés,
qui prennent l’eau,
les hommes ébréchés
par milliers
au travers desquels on aperçoit des alisiers blancs, des camerisiers et des châtaigniers,

Et la peau à hauteur de nuage, il n’y a plus de chiffres ni de cercles au sol,
Tout est recouvert, et tu ne veux plus fouiller le passé, ça suffit,
Mieux vaut danser en titubant sans savoir,
Un chemin se trouvera
Sur les plateaux de pierre
Les pauvres du monde apparaissent
Proférant des mots que je ne comprends
L’ellipse généralisée de sens dansant

Dans les forêts, serrés, de vieux messieurs en costumes parlent d’eux et disent qu’ils écrivent des poèmes de forêt et se disputent sur la forme, il y en a d’autres qui installent des arbres en photo et en film, pensant qu’on gagne au tirage et au grattage,


Tu vois la charrue avant les bœufs, à perte de vue

© Laure Gauthier
Aus: Les corps caverneux
Paris: LansKine, 2021
Audioproduktion: Haus für Poesie, 2021

SUSADIM YAĞMURUN ALTINDA

Her telden çalarım, ne yeryüzünü,

ne sözünü etmediğimiz pusu görmezden gelen

hâlâ daha az olanaksız kabuk

aldırışsız bayır

Kara kara düşünenler

onların aşağıya yükseldiğini gördüler, Rodez’nin dağından Bozouls çukuruna doğru

Çılgın ayinin kanı,

Neredeyse büsbütün unuttuğumuz ayinin

Serserisi dünyanın

Kambur

Sıyrık

Kan kırmızı suratı

artık hükmedemediğin yoksullukta,

gösterdi bana kendini, pembe kumtaşından eğilmiş, R Dağı’ndan

 

Gördüm inildediğini yoksul kamburun

Aveyronlu’yu geçip gittiğini

kat ettiğini artık adlandırmayı bilmediğin diyarları, hazırlanmamış, ziyaret edilmemiş

gitmeyi hesap etmediğin bir manzarayı

Segala’daki yayla, Causse Comtal, taşlık toprakları

Cebinde 6 carambarın mis kokusu, ki bilmezsin adını kayaların

Birden gördün kadın serserisini dünyanın ve haykırıyordu sana

Tercüme: Deniz Dagdelen Düzgün