Audomaro Hidalgo
spanisch
RODEZ BLUES (1)
Il pleut encore sur rodez
d’une pluie déjà vue
une pluie presque chaude
hors-saison
Il pleut toujours sur rodez
d’une pluie sans printemps
des gouttes qui tombent
avec rebond
comme du blues
nécessairement
Tu te souviens sans doute
des bonds et rebonds
de l’eau
près du granit rose
qui tombent
en chantant
qui tombent exactement
comme des notes
bleues
regardant
Il ne fait pas noir à rodez
mi-chien, mi-loup
en pleine lumière, il pleut
d’une pluie inutile
une pluie sans saison,
parlons-en !
Une pluie sans orage,
justement,
sans nuage,
Une pluie de lassitude, d’un paysage
qui n’essaie plus,
d’une nature qui n’a plus que l’humide à opposer
déraillée
C’est comme un poème mou et sucré,
un poème de salon, c’est la pluie hors saison
une pluie trempe-touriste
Même pas l’anti-mousson,
une pluie à rabats
qui rabat les touristes sous les vitrines,
une pluie cabas
Rattraper les invendus, du lèche vitrine impromptu
ça marche parfois
amasser, ramasser, et si on arrêtait ?
Je cherche le nuage qui a causé le bain,
cherche le nuage sans le trouver
je n’ai rien à y faire qu’à laisser pleuvoir
J’ai soif sous la pluie
la pluie de l’eau que l’on ne boit plus
On boit dans du plastik en stock
toute honte bue
J’ai soif sous la pluie
tout est dit d’aujourd’hui
Il pleut à rodez
tandis que partout ailleurs c’est le feu
le monde brûle bien quand il pleut
la preuve qu’il y a pluie et pluie
des contrefaçons
Ça ne sent pas la terre
sans orage ni nuage
Ça ne sent pas la terre,
pourtant
j’aimerais la gratter comme les chiens
la gratter pour déterrer
y voir un signe de l’après,
vert
Aus: Les corps caverneux
Paris: LansKine, 2021
Audioproduktion: Haus für Poesie, 2021
RODEZ BLUES
Llueve aún sobre rodez
una lluvia conocida
casi tibia una lluvia
fuera de temporada
Llueve siempre en rodez
una lluvia sin estación
unas gotas que caen
rebotan
como el blues
invariablemente
Sin duda recuerdas
el agua tersa y suave
cerca del granito rosa
que cae cantando
que cae exactamente
como notas azules
mirando
Aún no anochece en rodez
Entre azul y buenas noches
llueve una lluvia inútil
una lluvia fuera de temporada
¡Hablémoslo!
Precisamente
una lluvia sin tormenta,
sin nube,
una lluvia sin fuerza, de paisaje
que no está más,
de naturaleza arruinada, húmeda.
Es como un poema blando y dulce,
un poema íntimo, la lluvia fuera de temporada
moja turista.
Ni siquiera el anti-monzón,
una lluvia con alas
que arrincona a los turistas bajo las tiendas,
una lluvia de consumo
algunas veces funciona
asomarse a los escaparates, aprovechar los saldos
acaparar, acumular, ¿y si mejor la dejamos ahí?
Busco la nube que provocó la mojada,
la busco sin encontrarla.
No tengo nada que hacer sino dejar que llueva.
Tengo sed bajo la lluvia,
la lluvia del agua que no bebemos,
se bebe toda, sin vergüenza,
en plástico almacenado.
Tengo sed bajo la lluvia.
Hoy todo está dicho.
Llueve en rodez
mientras que en otros lados hay fuego
el mundo arde cuando llueve
la prueba es que hay de lluvias a lluvias
falsificaciones
La tierra no huele
sin nube ni tormenta
la tierra no huele
sin embargo
me gustaría escarbarla como los perros
escarbarla y ver
una verde señal desenterrada
de lo futuro.