Pierre Guéry

französisch

Tom Nisse

deutsch

Alien-Nation

oui
par contre
je veux dire autre chose je veux te demander :
pourquoi l’âme héroïque frappe
pourquoi l’Amérique frappe régulièrement
pourquoi elle frappe l’-
l’âme ?

pourquoi elle frappe l’Amérique pourquoi elle frappe et-
et pourquoi ?

oui pourquoi toi tu lui demandes rien
elle frappe et toi tu demandes rien

alors qu’elle elle frappe tu lui demandes rien elle frappe
elle veut tout du monde entier tout du monde entier
elle dit elle dit tout du monde entier
elle dit elle-
dit
non elle dit elle dit elle-
dit non elle chante oui elle chante c’est ça elle chante
puisqu’ils chantent
ils chantent « we are the world we are the children »

tu as des enfants toi ?

« we are the world »
et on est tous des frères c’est sûr
on est tous des frères dans le world et même-
même les les-
même les
comment ?
même les pacifiques
même les pacifiques les-
oui
oui les pacifistes
les pacifistes les pacifiques je suis avec eux
je suis avec eux
quand ils sont pour la paix je suis avec eux
quand un pafachiste est pour la paix je suis avec lui
s’il ne me veut pas de mal je suis avec lui
ah oui !
s’il est pour la paix oui
s’il ne me profane pas
pourvu qu’il ne me profane pas
qu’il ne profane pas mes morts
s’il ne profane pas mes aïeux
s’il ne les trépane pas alors je
et s’il ne piétine pas leurs paroles alors
oui !
je suis dans le world
je suis dans le-
tu as des children toi ?
tu as mis des children dans le world toi ?
pourquoi ?
pourquoi tu as fait ça pourquoi tu le sais ?
tu le sais pas je sais pas moi tu l’as fait alors pourquoi ?
c’est pacifique ça ?
tu crois que c’est pacifiste ?
c’est pas citrique de mettre un children qui are le world et suce l’acide ?
parce que moi je crois pour la paix du chicken
moi je dis c’est mieux c’est ça
- non mais je sais qu’on dit je crois A la paix mais moi je dis je crois POUR
la paix - laisse moi parler ma langue steuplaît-
mais sinon je suis dans le world on est tous des frères
des petites sœurs des frères et des sœurs et des petites frères des frères et
des sœurs tra la la la la

si on s’essuie pas les pieds sur nos paroles
si on s’ennuie pas dessus
parce que les ancêtres nos ancêtres ils ont dit que-
les ancêtres ils veulent parler
ils veulent dire qu’ils ont pas eu le temps
ils ont pas eu le temps de parler
de tout dire
parce qu’il y a trop de bruit
- moi je veux être tranquille
y a trop de bruit partout dehors
moi je veux juste qu’on me laisse tranquille
j’écoute les aïeux ma parole je les écoute mais
y a trop de bruit y a trop de cris dans le world

tu écoutes les enfants toi ?

les enfants qu’est ce qu’ils entendent si tu les frappes
- non mais laisse moi parler qu’est ce qu’ils entendent ?
ne me coupe pas la parole tout le temps toujours tu me-
toujours tu me coupes c’est pas bien
toi quand tu parles tu fais comme l’Amérique tu la coupes à t-
à tout le monde à tout le monde entier tu la coupes c’est p-
c’est pas bien il faut pas couper le world
qu’est ce qu’ils entendent si tu les frappes quand tu coupes
moi je leur demande rien je veux juste être tranquille
qu’on me laisse tranquille avec les esprits
- attend écoute
non mais écoute :
je veux te parler sérieusement

je vais te parler furieusement de la paix parce que
- quoi les esprits  quoi les esprits ?

les esprits ils te chantent la paix c’est nos frères ils nous chantent la paix
si tu changes le disque ils nous chantrent la paix
c’est pas les enfants
c’est pas les enfants qui chantent c’est nos frères
ton père ton grand-père
ta mère c’est ta mère qui te chancre
we are pas le world
ta mère elle chante tu es toi tu es ton pays
tu vis sur la terre tu partages
on vit sur la terre avec les esprits
alors tu partages
tu partages ta terre TOUTE la terre
tu la partages avec tes frères avec-
tu partages avec les esprits tu-
tu COUPES pas
tu coupes PAS la parole aux esprits
tu ECOUTES
si tu écoutes ils te chantent la paix
pas la paix dans le world c’est pas ça
non la paix c’est pas le world la paix c’est-
la paix c’est dans ta rue c’est dans la maison quand il y a du pain
c’est quand tu as mangé et il reste encore du pain tu vois
tu peux venir et il y a encore du pain pour toi
il y a du pain pour les esprits
alors les esprits ils viennent à la table et ils parlent
ils mangent le pain et ils parlent
les esprits ils te racontent la terre
ils te racontent le blé la farine
la farine ils te roulent pas dedans ils te la racontent
ils te disent d’où vient le sel ils te décomptent
ils te chantent l’origine de l’eau parce que ils savent
EUX ils savent
toi tu donnes le pain et eux ils parlent et toi
toi tu PARTAGES
la parole

tu écoutes

après tu donnes aux children
après tu expliques
mais si y a pas de pain chez la voisine ça marche pas
ça peut pas marcher y a trop de bruit
c’est pas tranquille moi je demande qu’ils me laissent tranquille
il y a trop de bruit parce que la faim ça fait beaucoup de bruit
ça couvre la voix des esprits
ils te parlent le blé et ça leur coupe la parole la famine face au fric
ça fait trop de bruit je peux plus écouter la paix ça marche plus
les esprits

j’entends pas

quand ma voisine elle prie j’écoute plus
je vois que le pain kyrie eleïson
la parole elle fait glou glou au fond de l’évier y a pas de vaisselle
y a que les cris
j’entends la voisine par le robinet elle gueule
pis dans le world personne entend c’est juste dans mes tuyaux
et je sais que c’est pas les esprits dans la salle de bains non plus
je fais la différence te fous pas de ma gueule
je la sais la différence c’est pas les esprits
moi je prends les médicaments je fais la référence
la voisine elle crie
elle chante pas le world ma voisine elle geint dans le robinet
elle a même plus l’air dans le robinet elle connaît pas la chanson des-
les children elle connaît pas
elle prend le robinet comme ça tu vois et
comme ça et là elle geint tu sais ce que ça veut dire je geins Seigneur?
non mais attend moi je dis des mots je sais
je parle langue française tu crois quoi ?
je te dis la langue française te fous pas de ma gueule
je te parle avec toi Victor Hugo que tu vas t’évanouir ma parole tu-
que tu vas tomber dans les dunes
tu vas rouler sur le sable de mon désert si je te dis les mots

la voisine

la voisine geint dans les ouaterres-closettes
moi franchement la voisine je te parle au net
honnêtement je la supporte pas elle m’empêche
je peux plus la supporter tranchement je ferme le robinet
je mets les boules qui est-ce et j’essaie les esprits j’attends la paix
mais je prends les médicaments je les prend méticuleusement
tous les jours tous les jours je joue le tour
mais je dis pas non aux esprits vas y dégage rentre chez toi
je leur dis ENTRE entre
entre avec nous deux assied toi assied toi là on va discuter
chez moi y a pas qu’une chaise tout le monde s’assoit
je laisse même le fauteuil si il faut je leur laisse
même à la voisine je lui dis entre
tais toi cinq minutes s’il te plaît madame cinq minutes
tu veux la paix ? écoute l’esprit cinq minutes
écoute madame
ceux qui sont plus là ils parlent encore et y a pas de frontière
dans ma chambre y a pas de frontière
dans ma tête y a pas de frontière le world il a effacé
et pourquoi l’Amérique toujours elle te frappe toujours elle t’efface ?
oh please !

PLEASE voisine !
écoute un peu :

les esprits vont te dire quelque chose Brama Krishna

tu as pas besoin d’apprendre la langue du world c’est bouillie
juste tu CASSES le transistor Brama Krishna Kalachnikov
ta radio tu la PETES et tu vas voir la transition
ça va te brancher sur les bonnes ondes positiven vibrationen
arrête le robinet ARRETE madame
fais le ta ta ta tam tam avec tes mains applaudis l’esprit qui vient
vas y essaye !
fais le tam tam avec ta bouche sois son amie
t’as pas besoin d’apprendre cette langue
t’as pas besoin de la savoir
COUPE l’américangliche COUPE le robinet du world et ouvre la bouche
vas y OUVRE la bouche et fais sauter le bouchon
tire sur ta langue  -laisse moi tranquille toi-
vas y tire dessus et regarde moi dans les yeux
tu vois ?
qu’est ce que tu vois ?
tu vois pas le nœud ?
tu vois pas qu’il y a un nœud au milieu de ta langue - non mais
laisse moi finir laisse moi
j’ai pas fini de dire le nœud-

le nœud il y a une langue au dessus et-
en dessous aussi tu vois

tu entends ?

arrête de bouger le nœud tout le temps on comprend pas ce qu’il dit
si tu le bouges tout le temps le nœud il te remonte dans les oreilles
tu le vois le nœud maintenant ?
oh madame ! tu m’entends ?
le nœud !
tu le vois ?

bon je suis pas- moi je suis pas docteur mais je sais ça :
je sais que de la langue on en voit qu’un petit bout
là nndu woua
odtssu
et ben il y a tout ce qu’on voit pas
tout ce qui parle pas
et nà
endtssou ne nœud
et ben la langue elle coule plus
seulement elle geint dans ta bouche
seulement elle geint parce que le sang de la langue d’en haut il-
il coule plus dans la langue d’en bas qui te sort de la bouche
il coule plus le sang du cul de ta grand-mère

tu m’entends madame ?
l’esprit est en train de te dire quelque chose Vishnou Shiva

il y a que la geinte qui coule seulement la geinte Vishnou Shiva et Moloch
parce que ta grand-mère pour rester vierge avant mariage
le nœud c’est dans le cul qu’elle l’a eu
elle te l’a jamais dit voilà je m’en doutais
que ton Dieu dans un même souffle prenne son âme et son cul
je dis pas n’importe quoi qu’est ce que tu crois que je t’insulte ?
je prends les médicaments tous les jours je donne le pain aux esprits
les esprits c’est des oiseaux si tu leur donnes tes miettes ils te mangent
dans la main ils te cui-cuitent les secrets à moi ils me cui-cuitent parce que
j’écoute

j’écoute ce qu’il y a AU DESSUS de la geinte Moloch
et ton Dieu de vengeance je l’éructe

j’écoute le sang de ton grand-père ça coule aussi de son vieux cul parce
que OUI !
avant la libération le capitaine Eugène il lui a mis sa gégène
ah ça te la coupe  - laisse moi finir Moloch!
ça doit pas te la couper ça doit pas au contraire
c’est ça qu’ils racontent les esprits de ma chambre c’est pas-
c’est CA !

si tu prends les médicaments tous les jours tu te calmes
la geinte dans ton ventre tu la calmes et tu écoutes ils te disent
mais il faut donner le pain si tu donnes pas c’est le world qui te prend

même si tu manques
même si toi-même tu manques il faut donner le pain
c’est pas moi qui le dis c’est le-
c’est le livre qui le dit
parole de nos anciens c’est dans le livre que c’est dit
le livre il dit que même si tu es dans le besoin tu donnes de ton pain
tu fais l’aumône à celui qui demande tu fais l’aumône
surtout si c’est un frère loin de chez lui Moloch
tu t’arrêtes et tu regardes ne fais pas semblant de pas voir tout le monde
sait que tu as vu lui il sait et toi tu sais alors fais pas semblant
arrête toi et regarde ton frère parle avec lui in harmony
tu le regardes et tu souris in harmony
t’as pas de pain à lui donner et alors ?
tu peux pas lui offrir tes yeux tu peux pas donner de ta bouche ?
tu peux pas lui donner une parole l’aumône d’une parole ?
tu peux pas lui tendre la main lui prendre la main la garder dans ta main et
après tu chantes le world et les children ?
mais elle est où la frontière si tu peux pas prendre sa main si tu peux pas
toucher son bras ?

elle est où ta frontière ?

tu veux mondialiser les children et tu peux pas faire craquer une seule
miette de ton cœur sur le rebord de ta fenêtre tu peux rien mettre
elle est où la frontière ?
tu vas les mondialiser comment les children si tu peux pas frotter ta peau
sur celle de ton frère parce que tu crois quoi Kyrie Eleïson je te sonne
tu crois que si tu passes ta peau sur la peau de ton frère en dessous ça va
te mettre le corps en morceaux tu as peur de quoi ?
t’as peur qu’un lambeau de son corps prenne la place d’un coin du tien ?
je te pose la question furieusement :
c’est quoi ta frontière ?

elle est pas trop près de ta peau ta frontière
elle est pas sur le nœud de ta langue
elle est pas dans la parole des anciens sur la Terre ?

alors ? ?

mets un peu de COEUR dans ta cervelle
mets un peu de cœur parce que ta cervelle elle est pas comestible
coupe le transistor et fais la transition mets un peu de cœur
mets un peu de PEAU dans ton regard
sors la tête de ton sac et crache un peu d’esprit quand tu rigoles ouvre le trou
le trou de mémoire ouvre le trou OUVRE LE
laisse couler la langue laisse couler tu vas voir ça va te naviguer
laisse chuchoter les esprits parle à ton frère in harmony
la langue tu vas voir c’est comme les chiens en laisse
quand elle a envie de pisser c’est elle qui tire ta laisse
c’est pas toi qui décides où elle pisse elle pisse où elle veut
c’est pressant tu peux pas lui dire de se retenir
si tu lui dis pisse pas là pisse pas là pisse pas là non plus elle va te pisser dessus
elle va te pisser dans la bouche elle-
et quand tu ouvres la bouche ça sent l’urine
ça sent le sang caillé du cul de ta grand-mère
de la grand-mère de ma voisine qui est toujours dans la geinte où il n’y a
pas de mots
elle a que la geinte qui lui siffle entre ses dents cassées
que la geinte qui prend son élan depuis son ventre
que la geinte de son ventre qu’elle a gratté pour pas donner la vie à sa fille
pour pas lui donner une vie de morte comme la sienne

raconte madame raconte !
arrête la geinte et donne ta grogne !
fais grogner l’esprit de ton grand-père parti derrière la frontière et qui n’est
jamais revenu n’a plus donné de nouvelles
fais grogner l’esprit de sa femme qui n’avait que vingt ans et a élevé seule
ses six enfants
raconte madame raconte !
arrête le robinet et raconte !
PETE la radio du world et raconte le TIEN
dis nous comment même pour faire des ménages il a fallu que tu couches
avec les patrons qui sont devenus les patrons de ton con les patrons de ton trou
LAISSE parler le trou !
LAISSE le dire ce qu’il a vu raconte !
arrête de respecter les secrets faconde aux esprits
les secrets pourrissent en eux-mêmes si tu te tais si tu bâillonnes être
le secret ça t’a pourri ta vie ça t’a broyé ton karma sutra ça te-
et ça continue avec tes fils ça continue :
celui qui tend sa bite pour acheter sa came tu crois que je l’ai pas vu tu
peux dire que t’as rien vu ?
celui qui est devenu balance sous la menace des flics pour pas finir au
cachot tu crois que j’ai rien entendu tu peux dire que t’as rien su ?
il dit qu’il pique pas qu’il se pique pas et qu’il s’étouffe quand il fume
il dit qu’il dit rien parce qu’il sait rien mais les fachos l’obligent à dire
quelque chose ou quelqu’un alors il lance
il lance un nom deux noms ou dix noms il-
il balance ceux qui vendent la came à son frère parce que ceux qui font le
ménage dans le vagin de sa mère il peut pas
il peut pas les balancer c’est les-
c’est les mêmes
les mêmes que ceux du world et qui veulent les children
le secret c’est comme le son ça pourrit en soi si ça sort pas ça nourrit pas
si ça fait pas d’écho si ça fait pas d’uppercut à l’amertume
- moi je prends les médicaments je les prends-
je les prends et je sécrète
je sécrète je sécrète
je laisse couler laisse couler va va va !
VA la parole qui dit quelque chose qui effeuille les pétards de ta rose
VA la parole qui pisse dru et te glisse dessus
VA la salive qui t’évapore et t’accouche
VA le mot qui se condense qui te transe
VA la trace sur ta peau qui te-
QUOI ?
quoi keskiya keskiya  quelle esquive il y a ?
ça t’emmerde que je te dise ça ?
ça fait des taches sur ta chemise des auréoles qui-
des auréoles qui sentent pas bon sur le nylon ?
c’est pas joli ce que je dis c’est ça ?
non c’est pas joli c’est pas-
c’est pas décent je ne suis pas décent je-
je sens pas bon hein je sens mauvais je sens le renfermé hein
je sens le ring qui est dans ma tête mais PAS K.O je suis PAS K.O
je suis pas K.O parce que tu sais quoi ?
je reprends les esprits

oui madame !

je reprends les esprits
pas les miens non pas les miens
je reprends les esprits du MONDE oui
les esprits de l’AUTRE les esprits du temps passé qui ne passe pas
qui est coincé
esprits du temps de l’autre de ses jours et de ses nuits où je m’enfuie
esprits qui rôdent sans corps sans tête et sans bras comme une odeur d’errance
esprits aux ailes de l’effroi qui planent dans les vapeurs de la putréfaction
esprits d’ordures et de déchets esprits carton esprits plastiques
esprits verres tissus bouteilles esprits téléguidés esprits des rats et des
oiseaux esprits du poil et de la plume et-
ondes de voix et d’idées ondes de rêves
ondes de sons et de matières ondes réelles cris de cauchemars
ondes ondes  ondes ondes  ondes ondes
ondes des mondes qui grondent
ondes passagères que j’éternise
ondes brouillées que j’éclaircis
que je recycle que je donne donnedonne donnedonne donnedonne
redistribue redistribue tout ce tribut à vos tribus
ondes à vomir que je te donne prends c’est à TOI
ondes du vert de tout le bleu qui est à nous PRENEZ
prenez ce qui me viole et que je rends PRENEZ
prenez en moi comme vous priez Dieu
oui VOUS ! vous en qui Dieu s’est enfilé par la fente de vos culs et par le
trou de vos nombrils et qui vous donne sa voix que vous n’entendez pas
et qui vous donne son nom pour le gémir
et qui vous vole le vôtre pour y dormir peinard le soir quand tout est calme
et que la bête dort Moloch
et qui vous vole vos ans et tous leurs sentiments
et qui vous brime la joie vous fait claquer des dents
qui vous dérègle l’horloge et qui vous pousse au festin et vous ne sentez
pas que les siècles s’écoulent et-
qui vous obstrue le nez par où aussi il Saint-Sinus
vous rendant ignorants des odeurs riches de vos poubelles qui sont les
seules à crever sans aucun commentaire
par la fente de vos culs celui dont le nom est si sacré s’est engouffré en
disant NON ! cet endroit est interdit cette zone est réservée
seul moi y ai le droit de décharger
moi seul en occupe la brèche et son envers
moi seul y fourre la tête pour vous assommer de mon NOM
et jouir de vos lamentations le long des murs infranchis
moi seul en contrôle la fissure moi seul Jehova
MOI SEUL je passe le doigt à cette bague qui vous lie
MOI SEUL en connaîtrai la chaleur - de cette fente sans écho
où pisse le vin aigre des revanches
où reniflent les chiens qui n’ont plus de vos larmes pour se désaltérer
où résonne la rumeur des grandes foules muettes se roulant dans la glaise
cette rumeur pourtant elle vous suit partout sans pouvoir vous défaire de
votre boue vous défaire
elle vous suit pourtant le long des fosses communes de vos communes
elle coule sur les ronces de vos plaintes et les orties de solitude
au cœur des pétales de la famine vautrée à l’ombre de vos recoins
et cette ombre après vous vous y laissez vos enfants
le long des routes de poussière
offerts aux écorchures aux insultes et à la haine
offerts au fric et aux matraques des barrages
incapables de revenir aux sépultures souillées de vos ancêtres
qui n’ont pas fini de parler non
et de dire la trahison
comme bêle le sable
comme râlent les malades
dont vous battez les flancs au lieu de prendre leur peau
de la bercer et la mouiller d’un soupçon oui mais d’un soupçon de désir

et que vous poursuivez en disant qu’ils vous gênent c’est ça
en disant qu’ils vous gênent les pauvres fous
pauvres fous

voilà madame !
voilà ce que je dis : la vérité
la vérité que je sue
la puante vérité
goutte à goutte
que je gerbe goutte à goutte
un mot après chaque mensonge un mensonge dans chaque mot
et la honte mot à mot la honte qui suinte et qui sèche au lit du temps
trépas à la lie franche du temps
fonte trépas reformation de la honte et j’en brouille les pistes


et contre l’usure de moi-vérité j’ouvre bien tous mes trous à la langue qui fouille
aux voix profondes des djinns aux sons de leur savoir entre deux tas d’ordures
viens madame c’est pas trop tard vas y ENTRE dans le bain au hammam de
ton histoire Allah
LAISSE la vapeur t’envelopper Allah
LAISSE ramollir ta geinte et MACHE ta langue Allah
tu veux mourir madame ?
c’est tout ce que tu sais dire au toubib que tu veux mourir ?
-docteur donne moi les pilules qui font mourir s’il te plaît-
tu prends les pilules et tu t’en vas tu vas laisser tes children ta voisine et
ton chien tu vas laisser tes fils avec la geinte dans leurs couilles coupées
qui leur remontent à la gorge et leur ficelle la luette
tu veux mourir sans avoir parlé ?
sans avoir reçu sans avoir joui sans avoir dit ce qui gang-règne ?
tu veux partir sans écouter les esprits ELLE VEUT MOURIR LA MADAME
dans son pays castré
mesdames messieurs la société la madame veut nous QUITTER !
l’infidèle veut partir dans l’autre monde elle ne veut plus de son pays qui
s’efface qui s’efface
qui s’efface dans le world quand l’Amérique frappe quand l’Amérique frappe
dans le world
elle en veut plus elle en peut plus des rodéos des vidéos et des cycles du
sang qui boue dans ses petites reliques qu’elle lèche et qu’elle adore
elle en veut plus elle en peut plus de ses patrons qui la labourent à sec et
de sa propre voisine qui geint tout le temps et qui pleure qu’elle a bien fait
son temps qui n’était pas un bienfait
de ses fils à ramasser à nourrir et à rafistoler à rustiner comme des pneus
pourris de bicyclette qui déraille pour qu’ils repartent piquer se piquer
balancer se faire foutre par des fachos dans des cachots
ELLE EN PEUT PLUS DES MORTS-VIVANTS !
elle dit docteur tuez moi parce que moi déjà je suis morte Allah
je veux pas vivre dans le world et j’ai plus de jardin Allah
l’écharpe de la paix me faites pas rigoler c’est au COU que je me la fous !

voilà !
voilà ce qu’elle dit la simple madame
voilà ce qu’elle dit mesdames messieurs la société
mesdames messieurs les assistants vous assistez !
vous assistez à son épuisement
vous assistez à son écoeurement
à sa langue qui pend voilà
à son cul qui se fend voilà
à son ventre qui rend voilà
à sa bouche qui se tend voilà
à son aîné qui ment voilà
à son cadet qui ment voilà
à son chef de gouverne qui ment
à son enterrement
vous assistez à son enterrement

vous assistez vous assistez
A QUOI assistez vous VRAIMENT ?

(Texte de la performance donnée le 9 juin au poesiefestival Berlin 2010)

© Pierre Guéry
Aus: Alien-Nation. mécanique de parole pour la scène
Bruxelles: Maelström Editions, 2006
Audioproduktion: Literaturwerkstatt Berlin 2010
Contrabass played by Arnulf Ballhorn

Alien-Nation

ja
jedoch
ich will etwas anderes sagen ich will dich fragen:
wieso schlägt die heldenhafte Seele
wieso schlägt Amerika regelmäßig
wieso schlägt die-
Seele?

wieso schlägt Amerika wieso schlägt es und-
und warum?

ja wieso stellst du ihm keine Fragen
es schlägt und du stellst keine Fragen

während es schlägt stellst du keine Fragen es schlägt
es will alles von der ganzen Welt alles der gesamten Welt
es sagt es sagt alles der ganzen Welt
es sagt es-
sagt
nein es sagt es sagt es-
sagt nein es singt ja es singt jawohl es singt
weil sie singen
sie singen „we are the world we are the children“

du hast du Kinder?

„we are the world“
und wir sind alle Brüder klar
wir sind alle Brüder in der world und sogar-
sogar die die-
wie?
sogar die Pazifisten
sogar die Pazifisten die-
ja
ja die Pazifisten
die Pazifisten die Pazifistischen ich bin einer der Ihren
ich bin einer der Ihren
wenn sie für den Frieden sind bin ich einer der Ihren
wenn ein Pazifaschist für den Frieden ist bin ich mit ihm
wenn er nichts schlechtes will bin ich mit ihm
ah ja!
wenn er für den Frieden ist ja
wenn er mich nicht entweiht
solang er mich nicht entweiht
meine Toten nicht entweiht
wenn er meine Ahnen nicht entweiht
wenn er ihre Schädel nicht entweiht ich dann
und wenn er nicht ihre Worte zerstampft dann
ja!
ich bin in der world
ich bin in der-
du hast du children du?
du hast du children in die world gesetzt?
warum?
wieso hast du das gemacht warum weißt du es?
du weißt es nicht ich weiß nicht warum hast du es dann gemacht?
ist das befriedend?
glaubst du das ist pazifistisch?
ist das nicht kritisch ein children zu zeugen das are the world und Säure saugt?
denn ich glaube für den Frieden des chicken
ich sage es ist besser das ist es
- nein doch ich weiß man sagt ich glaube AN den Frieden doch ich sage
ich glaube FÜR den Frieden – lass mich meine Sprache sprechen bittebitte-
jedoch ansonsten bin ich in der world wir sind alle Brüder
kleine Schwestern Brüder und Schwestern und kleine Brüdern
Brüder und Schwestern tra la la la

wenn man sich nicht die Füße auf unseren Worten abwischt
wenn man sich nicht darauf langweilt
weil die Ahnen unsere Ahnen sie haben gesagt dass-
die Ahnen sie wollen sprechen
sie wollen sagen dass sie nicht genug Zeit hatten
sie hatten nicht genug Zeit um zu sprechen
um alles zu sagen
weil zuviel Lärm ist
- ich will Ruhe haben
zuviel Lärm überall draußen
ich will bloß dass man mich in Ruhe lässt
ich höre meinen Ahnen zu Ehrenwort aber
es ist zuviel Lärm es sind zu viele Schreie in der world

du hörst du deinen Kindern zu?

die Kinder was hören sie wenn du sie schlägst
- nein lass mich sprechen was hören sie?
schneid mir nicht das Wort ab immer die ganze Zeit du mir-
immer schneidest du mich das ist nicht gut
du wenn du sprichst machst du wie Amerika du schneidest je-
jedem der ganzen Welt schneidest du das das ist f-
das ist nicht gut man soll das world nicht abschneiden
was hören sie wenn du sie schlägst wenn du abschneidest
ich frage sie nichts ich will nur Ruhe haben
dass man mich in Ruhe lässt mit den Geistern
- warte hör zu
nein hör doch zu:
ich will ernsthaft mit dir reden

ich werde dir wütend vom Frieden sprechen weil
- was die Geister    was die Geister?

die Geister sie singen dir den Frieden es sind unsere Brüder uns
singen sie den Frieden
wenn du eine andere Platte auflegst sengen sie uns den Frieden
es sind nicht die Kinder
es sind nicht die Kinder die singen es sind unsere Brüder
dein Vater dein Großvater
deine Mutter es ist deine Mutter die dich absingt
we are nicht the world
deine Mutter singt du bist du selbst du bist dein Land
du lebst auf der Erde du teilst
wir leben auf der Erde mit den Geistern
also teilst du
du teilst die Erde die GANZE Erde
du teilst sie mit deinen Brüdern mit-
du teilst mit den Geistern du-
du SCHNEIDEST nicht AB
du schneidest den Geistern NICHT das Wort ab
du HÖRST ZU
wenn du zuhörst singen sie dir den Frieden
nicht den Frieden in der world das ist es nicht
nein der Frieden das ist nicht die world der Frieden das ist-
der Frieden das ist in der Strasse das ist im Haus wenn Brot da ist
das ist wenn du gegessen hast und es bleibt Brot übrig du siehst
du kannst kommen und es ist noch Brot übrig für dich
es ist Brot da für die Geister
dann kommen die Geister zu Tisch und sie sprechen
sie essen das Brot und sie sprechen
die Geister sie erzählen dir die Erde
sie erzählen den Weizen das Mehl
das Mehl sie blasen es dir nicht in die Augen sie erzählen es dir
sie sagen dir von wo das Salz kommt sie zählen dich ab
sie singen dir den Ursprung vom Wasser weil sie wissen
SIE sie wissen
du gibst das Brot und sie sprechen und du
du TEILST
das Wort

du hörst zu

nachher gibst du den children
nachher erklärst du
aber wenn bei der Nachbarin kein Brot ist dann klappt das nicht
das kann nicht klappen wenn zuviel Lärm ist
das ist nicht ruhig ich verlange dass man mich in Ruhe lässt
es ist viel Lärm denn der Hunger macht viel Lärm
das übertönt die Stimme der Geister
sie sprechen dir den Weizen und das schneidet ihnen das Wort gegenüber dem Geld
das macht zuviel Krach ich kann den Frieden nicht mehr hören das klappt nicht mehr
die Geister

ich höre nicht

wenn meine Nachbarin betet hör ich nicht mehr zu
ich sehe nur das Brot kyrie eleïson
das Wort es macht glu glu unten im Spülbecken da ist kein Geschirr
da sind nur Schreie
ich hör die Nachbarin durch den Wasserhahn sie brüllt
sowieso in der world hört niemand es ist nur in meinen Rohren
und ich weiß es sind auch nicht die Geister im Badezimmer
ich mache den Unterschied verscheißere mich nicht
ich kenne ihn den Unterschied es sind nicht die Geister
ich nehme die Medikamente ich mache die Unterbezugschaft
die Nachbarin die schreit
sie hat nicht mal mehr Luft im Wasserhahn sie kennt es nicht das Lied von den-
die children das kennt sie nicht
sie nimmt den Wasserhahn so siehst du und
so und dann jammert sie weißt du was das heißt ich jammere
Herr?
nein aber wart ich sage Worte ich weiß
ich spreche französische Sprache was glaubst du?
ich sage dir die französische Sprache verscheißere mich nicht
ich spreche mit dir Victor Hugo dass du ohnmächtig wirst Ehrenwort du-
dass du in die Dünen fallen wirst
du wirst auf dem Sand meiner Wüste rollen falls ich dir die Worte sage

die Nachbarin

die Nachbarin jammert im Beedüürfniseckchen
ich wirklich die Nachbarin ich spreche dir klar
ehrlich ich vertrage sie nicht sie hindert mich
ich kann sie nicht mehr aushalten schehrlich ich schließe den Wasserhahn
ich drücke die Stopfen ein wer ist es und ich versuche die Geister ich warte auf den Frieden
aber ich nehme die Medikamente ich nehme sie mit Sorgfalt
jeden Tag jeden Tag respektier ich den Vertrag
aber ich sage nicht nein zu den Geistern los hau ab geh nach hause
ich sage ihnen KOMM REIN komm
komm rein zu uns beiden setz dich setz dich dahin wir werden diskutieren
bei mir gibt es nicht bloß einen Stuhl alle setzen sich
ich lasse sogar den Sessel wenn es sein muss ich lasse ihn ihnen
sogar zur Nachbarin sage ich komm rein
schweig während fünf Minuten bitte Madame fünf Minuten
willst du den Frieden? hör dem Geist fünf Minuten zu
hör zu Madame
die die nicht mehr da sind sie sprechen noch und keine Grenze da
in meinem Zimmer ist keine Grenze
in meinem Kopf ist keine Grenze die world hat gelöscht
und wieso Amerika immer schlägt es dich immer es
löscht dich aus?
oh please!

PLEASE Nachbarin!
hör ein wenig zu:

die Geister werden dir was sagen Brahma Krishna

du brauchst die Sprache der world nicht zu lernen es ist Brei
nur du machst den Transistor KAPUTT Brahma Krishna Kalachnikov
das Radio du ZERSCHEPPERST es und du wirst den Transit sehen
das wird dich an gute Wellen schließen positive Vibrationen
hör auf mit dem Wasserhahn HÖR AUF Madame
mach das ta ta ta tam tam mit deinen Händen Applaus für den Geist der kommt
los versuch es!
mach das tam tam mit deinem Mund sei seine Freundin
du hast es nicht nötig diese Sprache zu lernen
du hast es nicht nötig sie zu wissen
SCHNEIDE das Amerikenglische SCHNEIDE den Wasserhahn der world und
öffne den Mund
los ÖFFNE den Mund und lass den Stopfen springen
zieh an der Zunge  -lass mich in Ruhe du-
los zieh dran und schau mir in die Augen
siehst du?
was siehst du?
siehst du nicht den Knoten
du siehst nicht dass ein Knoten in der Mitte deiner Zunge ist – nein also
lass mich beenden lass mich
ich bin nicht fertig damit den Knoten zu sagen-

der Knoten es ist eine Zunge drüber und-
drunter auch siehst du

hörst du?

hör auf den Knoten dauernd zu bewegen man versteht nicht was er sagt
wenn du den Knoten die ganze Zeit bewegst steigt er dir in die Ohren
siehst du ihn den Knoten siehst du ihn jetzt?
oh Madame! hörst du mich?
der Knoten!
siehst du ihn?

gut ich bin nicht- ich bin nicht Doktor aber das weiß ich:
ich weiß dass man von der Zunge nur ein kleines Stück sieht
da nndu siiiehhst
druäch
und dann ist da alles was man nicht sieht
alles was nicht spricht
und na
unner äeh Knoten
und dann die Zunge sie gleitet nicht mehr
nur sie jammert in deinem Mund
nur sie jammert weil das Blut der Zunge von oben
es-
es fließt nicht mehr in der Zunge von unten die aus deinem Mund rauskommt
es fließt nicht mehr das Blut vom Arsch deiner Großmutter
hörst du mich Madame?
der Geist sagt dir eben etwas Vishnu Shiva

es ist nur der Jammer der gleitet nur der Jammer Vishnu Shiva und Moloch
weil deine Großmutter um Jungfrau zu bleiben vor Hochzeit
den Knoten in den Arsch hat sie ihn gekriegt
sie hat es dir nie gesagt da ich dachte es mir
dass dein Gott in einem nämlichen Atemzug ihre Seele nahm und ihren Arsch
ich sage nicht egal was was glaubst du dass ich dich beleidige?
ich nehme die Medikamente jeden Tag gebe ich den Geistern Brot
die Geister sind Vögel wenn du ihnen Krümel gibst dann
essen sie dir aus der Hand sie zwi-zwitschern mir die Geheimnisse sie
zwi-zwitschern mir weil ich zuhöre

ich höre dem zu was ÜBER dem Jammer Moloch ist
und dein Gott der Rache ich erbreche ihn

ich höre dem Blut deines Großvaters zu das fließt auch aus seinem alten Arsch
weil JA!
vor der Befreiung der Hauptmann Dirk hat ihm sein Ding
ah das verschlägt dir den Atem  -lass mich beenden Moloch!
das soll dir nichts ver-schlagen das soll nicht im Gegenteil
es ist das was die Geister im Zimmer erzählen es ist nicht-
es ist DAS!  

wenn du jeden Tag Medikamente nimmst dann beruhigst du dich
du beruhigst den Jammer in deinem Bauch und du hörst zu und sie sagen dir
aber man muss das Brot geben wenn du es nicht gibst dann ist es die world die
dich nimmt
selbst wenn du fehlst
selbst wenn du selber du fehlst man muss das Brot geben
ich bin es nicht der es sagt es ist das-
es ist das Buch das es sagt
Ahnenwort es ist im Buch wo es gesagt wird
das Buch sagt sogar selbst wenn du im Bedürfnis bist gibst du von deinem Brot
du gibst Almosen jenem der danach fragt gibst du Almosen
vor allem wenn es ein Bruder ist weit weg von ihm Moloch
du bleibst stehen und du schaust mach nicht als ob du nicht sehen würdest
jeder weiß dass du gesehen hast er weiß es und du weißt es also
mach nicht so als ob
bleib stehen und schau deinen Bruder an und sprich mit ihm in harmony
du schaust ihn an und du lächelst in harmony
du hast kein Brot um ihm zu geben na und?
du kannst ihm deine Augen nicht schenken du kannst nicht von deinem Mund geben?
du kannst ihm nicht ein Wort geben den Almosen eines Wortes?
du kannst ihm die Hand nicht hinhalten ihm die Hand nehmen sie halten
in deiner Hand und dann singst du die world und die children?
wo ist denn die Grenze wenn du ihm die Hand nicht geben kannst wenn
du seinen Arm nicht berühren kannst?

wo ist sie deine Grenze?

du willst die children globalisieren und du kannst nicht einen einzigen Krümel
von deinem Herz abbrechen auf dein Fensterbrett
kannst du nichts legen
wo ist sie deine Grenze?
wie wirst du die children globalisieren wenn du nicht
deine Haut auf der deines Bruders reiben kannst was glaubst du
Kyrie Eleïson ich läute dich
glaubst du wenn du deine Haut auf die deines Bruders bringst
unten wird das dir den Körper in Stücke legen vor was hast du Angst?
hast Angst dass ein Fetzen von seinem Körper den Platz einer Ecke von deinem nimmt?
ich stelle dir die Frage wütend:
was ist deine Grenze?

sie ist nicht zu nah an deiner Haut deine Grenze
sie ist nicht auf dem Knoten deiner Zunge
sie ist nicht im Wort der Ahnen auf der Erde?

na ? ?

leg ein wenig vom HERZ in dein Hirn
leg ein wenig Herz denn dein Hirn ist nicht essbar
schalt den Transistor ab und mach den Transit leg ein wenig Herz
leg ein wenig HAUT in deinen Blick
nimm deinen Kopf aus dem Sack und spei ein wenig Geist wenn du lachst
öffne das Loch
das Loch im Gedächtnis öffne das Loch ÖFFNE ES
lass deine Zunge gleiten lass gleiten du wirst sehen das wird dich umherschiffen
lass die Geister murmeln sprich zu deinem Bruder in harmony
die Zunge du wirst sehen es ist wie die Hunde an der Leine
wenn sie Lust haben zu pinkeln ist sie es die an der Leine zieht
du bist es nicht der entscheidet wo sie pisst sie pisst wo sie will
es ist dringend du kannst ihr nicht sagen sich zurückzuhalten
wenn du ihr sagst piss nicht da piss nicht da piss auch da nicht dann
wird sie auf dich pissen
sie wird dir in den Mund pissen sie-
und wenn du den Mund öffnest riecht es nach Urin
es riecht nach dem geronnenen Blut vom Arsch deiner Großmutter
der Großmutter meiner Nachbarin die immer noch im Jammer wo es keine Worte gibt ist
sie hat den Jammer der ihr zwischen den kaputten Zähnen pfeift
nur der Jammer der seinen Schwung von ihrem Bauch her nimmt
nur der Jammer ihres Bauchs den sie gekratzt hat um nicht
Leben ihrer Tochter zu geben
um ihr nicht ein Leben einer Toten zu geben wie das ihre

erzähl Madame!
hör mit deinem Jammer auf und gib dein Knurren!
lass den Geist deines Großvaters knurren der weggegangen hinter
die Grenze und der nie wiedergekommen ist hat keine Nachricht gegeben
lass den Geist seiner Frau knurren die bloß zwanzig Jahre hatte und
alleine die sechs Kinder erzogen hat
erzähl Madame erzähl!
schließ den Wasserhahn und erzähl!
ZERSCHEPPER das Radio der world und erzähl DEINE
sag uns wie bloß um Putzfrau zu sein musstest du
mit den Chefs schlafen die die Chefs
deiner Fotze wurden die Chefs deines Lochs
LASS das Loch sprechen!
LASS es sagen was es sah erzähl!
hör auf die Geheimnisse zu respektieren erfruchte den Geistern
die Geheimnisse faulen in sich selbst wenn du schweigst wenn du
das Sein knebelst
das Geheimnis das hat dir dein Leben verdorben das
hat dir dein Karma Sutra zerquetscht das dir-
und geht weiter mit deinen Söhnen das geht weiter:
der der seinen Schwanz hinhält um sein Puder zu kaufen glaubst du ich habe ihn
nicht gesehen kannst du sagen du hast nichts gesehen?
der der Spitzel geworden ist unter der Drohung der Bullen
um nicht in der Zelle zu landen glaubst du ich habe nichts gehört du kannst sagen
dass du nichts gewusst hast?
er sagt er spritzt nicht dass er sich nicht spritzt und dass er erstickt
wenn er raucht
er sagt dass er nichts sagt weil er nichts weiß aber die beschissenen Faschisten
zwingen ihn etwas zu sagen oder jemanden dann schleudert er
er schleudert einen Namen zwei Namen oder zehn Namen er-
er gibt die die das Puder an seinen Bruder verkaufen weil
die die Scheide seiner Mutter bohnern er kann nicht
er kann sie nicht geben es sind die-
es sind die Gleichen
die Gleichen wie die der world und die die children wollen
das Geheimnis ist wie der Ton das verfault in sich selbst wenn es nicht rauskommt
das nährt nicht
wenn es kein Echo macht wenn es der Bitternis kein Uppercut macht
 - ich nehme die Medikamente ich nehme sie-
ich nehme sie und ich scheide aus
ich scheide aus ich scheide aus
ich lasse fließen lasse fließen los los los!
LOS das Wort das etwas sagt und das die Knallblüten deiner Rose abzupft
LOS das Wort das dicht pisst und auf dir gleißt
LOS der Speichel der dich verdunstet und dich gebärt
LOS das Wort das dich kondensiert dich in Trance gebiert
LOS die Spur auf deiner Haut die dich-
WAS?
was wasislos waslos was weichst du aus?
das kotzt dich an das ich dir das sage?
das macht Flecken auf deinem Hemd Ringe die-
Ringe die nicht gut riechen auf dem Nylon?
es ist nicht hübsch was ich sage ist es das?
nein es ist nicht hübsch es ist nicht-
es ist nicht dezent ich bin nicht dezent ich-
ich riech nicht gut oder? ich rieche schlecht ich riech muffig oder?
ich rieche den Ring der in meinem Kopf ist aber NICHT K.O ich bin nicht
K.O
ich bin nicht K.O weil weißt du was?
ich komme wieder zu mir geistvoll
ja Madame!    

voll mit Geistern
nicht meine nein nicht meine
voll mit den Geistern der WELT ja
die Geister des ANDEREN die Geister der vergangenen Zeiten
die nicht vergehen
die eingeklemmt sind
Geister der Zeiten des Anderen seiner Tage seiner Nächte in denen ich flüchte
Geister die herumziehen ohne Körper ohne Kopf und ohne Arme wie
ein Geruch von Herumstreunen
Geister mit den Flügeln des Entsetzens die im Dunst der Verrottung schweben
Geister von Abfall und von Dreck Kartongeister Plastikgeister
Glasgeister Flaschengeister ferngesteuerte Geister
Geister der Ratten und der Vögel Geister des Fells und der Feder und-
Schwingungen von Stimmen und von Ideen Schwingungen von Träumen
Schwingungen von Tönen und von Materien reelle Schwingungen Schreie von  Alpträumen
Schwingungen Schwingungen    Wellen Wellen    Schwingungen Schwingungen
Wellen der Welten die bellen
vorbeiziehende Wellen die ich verewige
gestörte Wellen die ich aufhelle
die ich recycle die ich gebe gebegebe gebegebe
gebegebe umverteile anders verteile alles Anteile für euch Sippengeile
Wellen zum kotzen die ich dir gebe nimm es gehört DIR
Wellen des Grüns des ganzen Blaus das uns gehört NEHMT
nehmt was mich vergewaltigt und was ich zurückgebe NEHMT
nehmt in mir wie ihr zu Gott betet
ja IHR! ihr in den Gott sich einschlich durch den Schlitz
eurer Ärsche und durch das Loch eurer Nabel und der und der euch seine Stimme gibt
die ihr nicht hört
und der euch seinen Namen gibt damit ihr ihn jammert
und der euch den euren stiehlt um darin gemütlich zu schlafen abends wenn
alles ruhig ist und das Biest schläft Moloch
und der euch all eure Jahre stiehlt und all ihre Gefühle
und der euch die Freude schikaniert und Zähnklappern verschafft
der euch die Uhr umstellt und der auch zum Schmaus aufstachelt und
spürt ihr nicht die Jahrhunderte vergehen und-
und der euch die Nase verstopft durch wo auch er Sankt Sinus
damit ihr unwissend seid um die reichen Gerüche eurer Mülleimer
die die einzigen sind die ohne Kommentar zusammensacken
durch den Schlitz eurer Ärsche ist er dessen Namen heilig ist
hineingeströmt
NEIN! sagend dieser Ort ist verboten diese Zone ist reserviert
ich allein habe das Recht abzufeuern
ich allein besetze seine Öffnung und seine Kehrseite
ich allein stopfe den Kopf hinein um euch zu rammen mit meinem Namen
und mich zu erfreuen an euren Lamentationen die nicht überstiegenen Mauern entlang
ich allein kontrolliere ihren Riss ich allein Jehova
ICH ALLEIN setze den Finger in diesen Ring der euch bindet
ICH ALLEIN werde seine Wärme kennen – dieses Schlitzes ohne Echo
wo der sauere Wein der Rache pisst
wo die Hunde schnüffeln die keine Tränen mehr haben um
ihren Durst zu stillen
wo der Lärm hallt der großen stummen Massen die sich im Lehm rollen
jedoch folgt euch dieser Lärm überall ohne dass ihr den Schlamm abkriegt
nicht abkriegt
er folgt euch überall entlang den Gemeinschaftsgräbern eurer Gemeinschaften
er fließt auf den Dornen eurer Klagen und den Brennnesseln der Einsamkeit
im Herzen der Blütenblätter der Hungersnot im Schatten eurer Winkel suhlt er sich
und dieser Schatten nachher lasst ihr eure Kinder drin
entlang den Strassen des Staubs
den Schlürfwunden dem Geschimpfe und dem Hass geschenkt
der Knete geschenkt und den Schlagstöcken der Polizeisperren
unfähig zurückzukommen zu den geschändeten Grabstätten eurer Ahnen
die nicht zu sprechen aufgehört haben nein
und den Verrat zu sagen
wie der Sand blökt
wie die Kranken röcheln
denen ihr die Flanken schlagt anstatt ihre Haut zu nehmen
sie zu wiegen und sie zu benässen mit einem Hauch ja einem
Hauch Verlangen

und die ihr verfolgt indem ihr sagt dass sie euch stören das ist es
indem ihr sagt dass sie euch stören die armen Verrückten
arme Verrückte

so bitte Madame!
das ist was ich sage: die Wahrheit
die Wahrheit die ich schwitze
die stinkende Wahrheit
Tropfen um Tropfen
die ich auskotze Tropfen um Tropfen
ein Wort nach jeder Lüge eine Lüge in jedem Wort
und die Schande Wort um Wort die Schande die sickert und im Bett trocknet
im Bett der zeitlich gesegneten Zeit im aufrichtigen Bodensatz der Zeit
Schmelze zeitliche Segnung Reformation der Schande und ich verwische die Spuren

und gegen die Abnutzung der ich-Wahrheit öffne ich weit meine Löcher für
die Zunge die durchwühlt
für die tiefen Stimmen der Wüstengeister für die Töne ihres Wissens zwischen
zwei Haufen Abfall
komm Madame es ist nicht zu spät los STEIG ins Bad
im Hammam deiner Geschichte Allah
LASS den Dampf dich umwickeln Allah
LASS deinen Jammer erweichen und KAU deine Zunge Allah
du willst sterben Madame?
das ist alles was du dem Arzt sagen kannst dass du sterben willst?
- Doktor gib mir die Pillen die sterben lassen bitte-
du nimmst die Pillen und du gehst du wirst deine children verlassen
deine Nachbarin und deinen Hund du wirst deine Söhne mit dem Jammer lassen
in ihren abgeschnittenen Hoden die in ihren Hals drängen und
ihnen das Zäpfchen abschnüren
du willst sterben ohne gesprochen zu haben?
ohne bekommen zu haben ohne gekommen zu sein ohne gesagt zu haben was krebst regiert?
du willst gehen ohne den Geistern zuzuhören SIE WILL
STERBEN DIE MADAME in ihrem kastrierten Land
meine Damen meine Herren Gesellschaft die Madame will uns
VERLASSEN!
die Untreue sie will in die andere Welt gehen sie will es nicht mehr
ihr Land das verblasst das verblasst
das verblasst in der world wenn Amerika schlägt wenn
Amerika schlägt in der world
sie will es nicht mehr die hält sie nicht mehr aus die Rodeos die Videos und
die Zyklen des Bluts das in ihren kleinen Reliquien kocht die
sie leckt die sie anbetet
sie will sie nicht mehr erträgt sie nicht mehr die Chefs die sie trocken zerfurchen
und die Nachbarin die die ganze Zeit jammert
und die weint sie hat ihre Zeit getan die keine Wohltat war
und ihre Söhne aufzuraffend zu ernährend und zurechtzuflickend aufzupumpend
wie faule Reifen eines Fahrrads das entgleist um dann
wieder abzuhauen spritzen sich spritzen verraten sich ficken zu lassen
von den beschissenen Faschisten in den Zellen
SIE HÄLT DIE ZOMBIES NICHT MEHR AUS!
sie sagt Doktor tötet mich denn ich bin schon tot Allah
ich will nicht in der world leben und ich habe keinen Garten mehr Allah
der Schal der Friedens macht euch nicht lächerlich um den HALS
häng ich ihn mir!
da bitte!
da bitte was sie sagt die einfache Madame
da bitte was sie sagt meine Damen meine Herren Gesellschaft
meine Damen meine Herren die Teilhaber ihr teilhabt
ihr teilhabt an ihrer Erschöpfung
ihr teilhabt an ihrem Ekel
an ihrer Zunge die erlischt da bitte
an ihrem Arsch der aufbricht da bitte
an ihrem Bauch der leer ist und dicht da bitte
an ihrem Mund der abzischt da bitte
an ihrem Erstgeborenen der Lügen spricht da bitte
an Ihrem Zweitgeborenen der Lügen spricht da bitte
an ihrem Chef der Re Gier ung
an ihrem Begräbnis
an ihrem Begräbnis habt ihr teil

ihr teilhabt ihr teilhabt
AN WAS habt ihr WAHRHAFTIG teil?

Übersetzt aus dem Französischen von Tom Nisse