Alain Lance
französisch
Die Austern
Ich lebe nicht oft wirklich, du seit Stunden
In meiner Küche brichst die eingereisten
(mit viel Papieren) Austern auf, und mit
Schmerzender Hand in dem Plasteschurz
Singst du. Und die Wolfs, an nichts mehr
Denken die da als ans Fressen, was sie
Wie alles, gründlich tun. Das sind noch Menschen.
Und ich, mit viel Zitrone, betäube
Die nackten Tierchen erst und meinen Gaumen
Und schlucke mutlos, während du zwei Dutzend
Schlürfst mit Wollust und Ekel, diese kleinen
Fotzen der See. So, sage ich nun, das
Leben zwischen Gier und Abscheu
Zergehen lassen auf der Zunge, ja.
Aus: Gegen die symmetrische Welt. Gedichte
Frankfurt am Main: Suhrkamp Verlag, 1974
ISBN: 3-518-02262-8
Audioproduktion: 2000 M. Mechner, literaturWERKstatt berlin
Les huîtres
Je vis rarement pour de vrai, toi depuis des heures
Tu ouvres dans la cuisine les huîtres parvenues
Jusqu'ici (munies de nombreux papiers) et
La main endolorie dans le gant plastique
Tu chantes. Les Wolf, eux, ne pensent plus
Qu'à bâfrer, ce qu'ils font comme le reste,
Avec sérieux. Voilà des êtres humains !
Et moi, avec beaucoup de citron, j'anesthésie
D'abord les bestioles nues puis mon palais
Et j'avale sans vaillance, tandis que tu gobes
Avec délice et répulsion deux douzaines
De ces petites cramouilles de la mer. Tiens, dis-je,
Laisser la vie sur la langue fondre
Entre désir et dégoût, oui.
Tiré de: Le massacre des illusions, Éditions L'Oreille du Loup, 2011.