Bernard Dewulf

niederländisch

Philippe Beck

französisch

Voor Isolde

Wij hadden gedronken. De beker ineens.
Zodat in de daghaast van lichamen
onze lichamen blonken. Wij hadden
de wereld verloren, de wereld ons,
en hielden een hemelbed aan
waarin de stad wegtikken kon.
Het reed met ons rond, deed met ons
wat wij moesten. Dan gaven wij namen
en namen die in de mond.
Zo vond men ons

niet. De ochtend verdraagt geen sage,
zijn licht is zijn zwaard. De trein nam
ons terug, wiegend naar ons bestaan.
Daar lost iemand in blanke handen ons op,
daar heeft een huis ons bewaard.
Wij drinken er, drinken op ons geluk
en lachen blazend het vuur uit
van verjaardagstaarten. Wij gaan dus
niet dood. Gewond van binnen
kussen wij de dag en de mens.
De spiegel die te scheren wil beginnen.

© Bernard Dewulf
Aus: unveröffentlichtem Manuskript
Audioproduktion: 2001 M. Mechner, literaturWERKstatt berlin

Pour Iseut

Nous avions bu. Vidé le gobelet d’un coup.
Si bien qu’à la hâte quotidienne des corps
nos corps scintillent. Nous avions
perdu le monde, et le monde nous avait perdu,
et nous hélions un lit à baldaquin
où la ville pouvait défiler devant nous.
Il nous faisait tourner, faisait avec nous
ce que nous devions. Puis nous donnions des noms
et les avions sur les lèvres. Ainsi, on ne nous trouvait

pas. Le matin ne souffre pas de légende,
la lumière est son épée. Le train tanguait, nous
retournait, nous renvoyant à l’existence.
Là, quelqu’un aux mains blanches nous délivre,
là, une maison nous a sauvés.
Nous y buvons, buvons à notre bonheur
et soufflons en riant les flammes
des gâteaux d’anniversaire. Nous ne mourrons
donc pas. Blessés de l’intérieur
nous embrassons le jour et l’homme.
Le miroir veut faire la barbe.



traduction: Philippe Beck



pas publié




© 2001 Philippe Beck