Katja Roloff
Übersetzer:in
auf Lyrikline: 26 Gedichte übersetzt
aus: französisch, portugiesisch nach: deutsch
Original
Übersetzung
TU ES NÉ EN PLEINE NUIT EN PLEINE MER
französisch | Jean-François Poupart
Tu es né en pleine nuit en pleine mer
parmi des millions de pieuvres noires
et pour revenir à la vie tu dois boire
toutes les larmes de tous les enfants de l’océan
un nouveau-né en haut de l’escalier vacille
papillonnant comme un condamné à mort
puis toute la vie l’échappe et chaque marche
le frappe au cœur puis à la tête
il se noie dans les algues et les prières
ne respire plus tout près du sol
où l’on meurt résolument
parmi les rouilles les désespérés les éviscérés
l’océan noir à la fin de l’escalier le recrache
son corps se relève seul parmi les revenants
il a toutes les lumières du monde
les yeux secs des enfants terribles
je lui lave les joues avec ma salive
il ressuscite et portera le monde
aus: Tombe Londres Tombe
Montréal: Éditions Poètes de brousse, 2006
Audio production: UNEQ
DU KAMST NACHTS AUF HOHER SEE ZUR WELT
deutsch
Du kamst nachts auf hoher See zur Welt
in einem Schwarm schwarzer Kraken
zu den Lebenden kehrst du nur zurück
wenn du alle Tränen im Ozean trinkst die seine Kinder vergießen
oben auf der Treppe droht ein Neugeborenes zu kippen
wie ein zum Tode Verurteilter zittert es
mit einem Mal lässt das Leben es los jede Stufe
trifft es ins Herz dann am Kopf
es ertrinkt in Algen und Gebeten
atmet nicht mehr dicht am Boden
wo man entschlossen stirbt
zwischen den Übeln den Verzweifelten den Ausgeweideten
spuckt der schwarze Ozean es am Ende der Treppe aus
sein Körper erhebt sich als einziger unter den Wiedergängern
es trägt alle Lichter der Welt in sich
hat die trockenen Augen störrischer Kinder
ich wasche ihm die Wangen mit Speichel
es erwacht und wird die Welt tragen
LU – Tom Reisen
französisch | renshi.eu [GR-LU-IT-EE-SE-HU-PT-GR]
Une multitude de mains
Tranchées et
Changées en pierre
Une multitude de pierres
Au bord des tranchées
Wir schaufeln ein Grab...
Racines déracinées
Refusant d'abjurer
Voraces figures de proue
Dépeçant la nuit
our time
has holes that are black and unfilled
Que d'ombre nous avons bu en chemin
Et tes enfants, Niobé, qui aurait pu les énumérer?
Les causes de ton chagrin?
Nos Lumières longtemps
Ne luisirent guère plus
Que les Lanternes des morts
Audio production: renshi.eu @ poesiefestival berlin 2012
Luxemburg – Tom Reisen
deutsch
Ein Meer von Händen
Abgetrennt und
Verwandelt in Stein
Ein Meer von Steinen
An trennenden Gräben
Wir schaufeln ein Grab …
Entwurzelte Wurzeln
Verweigern Bekehrung
Galionsfiguren mit gierigen Mäulern
Reißen die Nacht
our time
has holes that are black and unfilled
Nur Schatten tranken wir auf dem Weg
Und Deine Kinder, Niobe? Wer hätte sie aufzuzählen vermocht?
Die Ursachen Deines Leides?
Lange glimmten unsere Lichter
Kaum klarer auf
Als Totenlichter
[Les saisons sont frappées de cens]
französisch | Nathalie Ronvaux
Les saisons sont frappées de cens
Redevances et abandon
des esprits
des nuances
des sens pour le cens
Les visions floutées
précipitent des corps d'âmes
Précipitent des corps d'âmes
Corps
caractères autonomes
dans les fosses rétrécies
des censeurs
Et les unanimes
disent aux corps
de ne plus voir
disent aux corps
de regarder
dans l'iris
des yeux
floutés
Reliques
hivernales
Les peaux de leurs mots délogés
deviennent fragments
deviennent fragments séquestrés
Et les yeux floutés
Regard unanime
réduisent les peaux
Corps exotiques
singuliers
au silence
Ils démembrent
les inflexions
Suspendent les lambeaux
de couleurs
d'esprits et de sens
à des cordes sans linge
Peloton aérien
Paroles
clampées
Les peaux
déchirées de leurs mots
Draps de corps d'âmes évidés
observent les origines
épient les unanimes
À la surface des globes
les vents et épitaphes
se lèvent
Empruntent
les diamètres
infinis
S'incarnent
blizzard
Crachats
de grésil
Fustigés
les corps de mots
arborent aux vents
des silhouettes
Draps fantômes
navires irréels
Et les floutés
unanimes
crient à fendre les flots
crient aux chairs des mots
de ne plus voir
crient aux mots
aux mots sans chair
d'être l'iris
des yeux floutés
À des cordes sans linge
Soupirs
soupirent
les langues tranchées
Et dans les fosses
Dans les fosses
rétrécies
Dans les fosses
rétrécies
des étroits
Stalactites
clampées
Paroles
hivernales
Mises insalubres
des nuances
à silence
Audio production: Haus für Poesie / 2018
[Für die Jahreszeiten fällt Zensus an]
deutsch
Für die Jahreszeiten fällt Zensus an
Abgabe und Aufgabe
von Geistern
von Nuancen
von Sensus für Zensus
Die unkenntlichen Gesichte
fällen Seelenkörper aus
Fällen Seelenkörper aus
Körper
Für sich stehende Zeichen
in die engen Gruben
der Zensoren
Und die Einstimmigen
heißen die Körper
nicht mehr zu sehen
heißen die Körper
hineinzuschauen
in die Iris
dieser Augen
der unkenntlichen
Relikte
des Winters
Die Häute ihrer vertriebenen Wörter
werden Fragmente
werden gefangene Fragmente
Und die unkenntlichen Augen
Einmütiger Blick
machen die Häute eng
Exotische Körper
einzigartig
mundtot
Sie zerstückeln
die Tonfälle
Hängen die Fetzen
von Farben
Geistern und Sinnen
an wäschelose Leinen
Luftkommandos
Abgeklemmte
Worte
Die Häute
ihrer Wörter zerrissen
Tücher hohler Seelenkörper
die Ursprünge beschattend
die Einstimmigen bespähend
Auf der Oberfläche der Kugeln
Winde und Grabinschriften
machen sich auf
Nehmen
die Durchmesser
die unendlichen
Werden leibhaftig
Blizzard
Ausgespuckte
Graupelschauer
Gegeißelte
Körper von Wörtern
halten den Winden
Silhouetten entgegen
Geistertücher
unwirkliche Schiffe
Und die Unkenntlichen
Einstimmigen
schreien, dass sich die Fluten teilen
schreien ins Fleisch der Zeilen
dass sie nicht mehr sehen sollen
schreien den Wörtern zu
sie seien die Iris
unkenntlicher Augen
An wäschelosen Leinen
Seufzen
Seufzen
die abgehackten Zungen
Und in den Gruben
In den Gruben
den verengten
In den Gruben
den verengten
der engen
Abgeklemmte
Stalaktiten
Worte
des Winters
Werden ungesund
Schattierungen
stumm
[Ce sont des voix]
französisch | Nathalie Ronvaux
I
Ce sont des voix
à naître
Ni mortes
ni vivantes
Des voix d’ailes
Et chaque respiration
réveille
un battement
fragile
presque inaudible
II
Je m’enfuis
Je m’échappe
Je me disperse
et me multiplie
Alors les écrits
de poussière
et de sable
s’affrontent
et
grondent
III
Au matin
le soleil
sauve
les naufragés
Il délivre
les voix
de tempêtes
prises entre les écueils
du temps sans lune
aus: Vol de nuit à ciel ouvert
Editions Phi, 2014
Audio production: Haus für Poesie / 2018
[Diese Stimmen sind]
deutsch
I
Diese Stimmen sind
im Werden
Weder tot
noch lebendig
Flügelstimmen
Und jeder Atemzug
weckt
einen Schlag
fragil
kaum hörbar
II
Ich fliehe
Ich entkomme
Ich zerstreue
vervielfältige mich
So geraten die Schriften
aus Staub
und aus Sand
in Gegensatz
und
grollen
III
Am Morgen
rettet
die Sonne
die Schiffbrüchigen
Sie befreit
die Stimmen
von Stürmen
verfangen zwischen Klippen
der mondlosen Zeit
[Avant de rejoindre]
französisch | Nathalie Ronvaux
I
Avant de rejoindre
sa source
l’encre brûle
les points rayonnants
et trouble
les éléments
en équilibre
II
Le calme
précède
au prochain
matricide
aus: Vol de nuit à ciel ouvert
Editions Phi, 2014
Audio production: Haus für Poesie / 2018
[Vor der Rückkehr]
deutsch
I
Vor der Rückkehr
zur Quelle
verbrennt die Tinte
die Strahlpunkte
und stört
die Elemente
in ihrem Gleichgewicht
II
Auf Ruhe
folgt bald
noch ein
Muttermord
[Lorsque Dieu]
französisch | Nathalie Ronvaux
Lorsque Dieu
frappera à ma porte
ma maison
s’écroulera
Les amis possèdent un double des clefs
aus: Vol de nuit à ciel ouvert
Editions Phi, 2014
Audio production: Haus für Poesie / 2018
[Wenn Gott]
deutsch
Wenn Gott
an meine Tür klopft
wird mein Haus
einstürzen
Freunde besitzen einen Zweitschlüssel
Les casiers du temps
französisch | Nathalie Ronvaux
Les rayons, les étagères portent
la trace des premières jeunesses, des
premiers amours, des premiers
? ... & ... ET qu'importé.
Les râles se sont englués au dos
des charpentes. Se sont des couches
superposées de ...
de?
Qu'importé.
Elles ne cessent de prendre en
épaisseur et plus nous nous, ...
plus ?
La sève est là, elle
s'englue, s'enduit et
s'accouple avec les
assemblages d'armatures
qui composent
l'immuable.
Le geste
est le soutien du corps ET le châssis le
pilier des sens.
Tout passe
ou presque et dans l'iris des
nouveaux jours les anciens
sont déjà anciens.
Les racines se sont couchées et
restaurent les mémoires
- branches écartées, charnelles aux
lumières -
elles signent éros & Vénus.
Demain, le tronc sera cime,
d'ici-là il faut tailler
creuser le chêne.
Des parties d'ossatures ont
peuplé les translucidités
Chairs dénudées
et les organes se sont emplis
de bois
de vaisseaux chargés de vides en
suspension.
Les duramens flottent, tels des coeurs
allongés.
Imputrescibles
ils sont embarcations
Au tournant des caps ils
font chavirer
les corps d'air et de
poumons
tuméfiés
Tout passe ou presque
Et nos cuirs
chancellent
en surface
se divisent
Les enveloppes se séparent
elles s'alignent dans les casiers du
temps.
Des cloisons d'eau font
peaux neuves
Des organes - paroles,
écorces - pantomimes
rejoignent l'écoulement
des berges inhabitées.
Nos membres sont des fissures de la
réalité
Entre hier et ?
hier ?
Mouvements
Rythme
brassent les fécondités pigmentées.
Naviguant sur des blancs
- parfois trop vastes, parfois trop
pétrissables
mais parfois seulement -
la lumière est ivresse.
Une avarice.
Fleuve
goulu
qui bénéficie de l'usure des âges.
Substances
Essence & Moelle
Dans les replis cousus
des récits
les collines et les
rochers
jaillissent en abondance.
Ils s'engouffrent, se troublent et se
jettent dans...
dans?
Qu'importé !
De toutes voiles, ils
s'échappent, se couvrent de résidu
terrestre et écument à toutes les
blancheurs
écument ?
Dans les entrepôts des existences, les
étagères cultivent les patines, les
poussières, les
déjà,
les retours ET ?
les encore...
encore ?
Dans l'attente d'un instant
lézard, les tout se sont juxtaposés
Ils
morcèlent les
temps
à l'infini
aus: Il n’y a rien … Il y a tout …
Edition Au coin de la rue de l’Enfer, 2016
Audio production: Haus für Poesie / 2018
Die Fächer der Zeit
deutsch
Die Ablagen, die Regale tragen
die Spur der ersten Jugendjahre, der
ersten Lieben, der ersten
? ... & ... UND egal.
Die Trauermäntel stecken auf dem Rücken
des Gebälks im Leim. Sind geschichtete
Lagen aus ...
aus?
Egal.
Sie gewinnen in stetigem Schichten an
Dichte und je mehr wir uns, ...
[nicht] mehr?
Der Saft ist da, er
verleimt, verteilt und
paart sich mit den
Verbindungen im Balkenwerk
sie bilden
das Unveränderliche.
Die Geste
ist der Halt des Köpers UND der Rahmen der
Grundpfeiler der Sinne.
Alles geht vorbei
oder fast und in der Iris
neuer Tage sind alte
schon alt.
Die Wurzeln haben sich schlafen gelegt und
beleben die Erinnerungen
- gespreizte Zweige, fleischlich im Licht -
unterzeichnen mit eros & Venus.
Morgen ist der Stamm Krone,
bis dahin ist sie zu schneiden
die Eiche auszulichten.
Teile von Skeletten sind in
die Transparenzen gewachsen
Kahles Fleisch
und die Organe sind gefüllt
mit Holz
mit Gefäßen voll schwebender
Vakua.
Die Kernhölzer treiben, so wie Herzen
von langem Wuchs.
Unverweslich
sie sind Boote
Beim Wenden
kentern mit ihnen
die Körper aus Luft und aus
schwellenden
Lungen
Alles geht vorbei oder fast
Unsre Häute
schwanken
auf der Oberfläche
teilen sich
Die Hüllen gehen auseinander
sie reihen sich auf in den Fächern der
Zeit.
Scheidewände aus Wasser bilden
neue Häute
Organ – Worte,
Rinden – Pantomimen
verrinnen mit dem Sand
unbewohnter Ufer.
Unsere Glieder sind Risse in der
Wirklichkeit
Zwischen gestern und ?
gestern?
Bewegungen
Rhythmus
durchwirken pigmentreiche Fruchtbarkeiten.
Weiße Flecken befahrend
- manchmal zu weit, manchmal zu
formbar
aber manchmal nur -
ist das Licht Trunkenheit.
Ein Geiz.
Fluss
der giert
dem zufließt, was die Zeitalter fordern.
Substanzen
Essenz & Mark
Aus den vernähten Falten
der Geschichten
schießen Hügel und
Felsen
in Hülle und Fülle empor.
Sie stürzen sich, trüben sich ein und
ergießen sich in ...
in?
Egal!
Mit allen Segeln ent-
kommen sie, bedecken sich mit Erd-
Rückständen und schäumen in allen
Weißtönen
schäumen ?
In den Lagern der Existenzen stehen die
Regale, dort wachsen die Patinaschichten, die
Stäube, die
schons,
die Wege zurück zu UND ?
die nochs ...
noch?
An den Zeitritzen Eidechsen ab-
passend, stehen die alles nebeneinander
Sie
zerstückeln die
Zeiten
in Unendlichkeit
A Misericórdia dos Mercados
portugiesisch | Luís Filipe Castro Mendes
Nós vivemos da misericórdia dos mercados.
Não fazemos falta.
O capital regula-se a si próprio e as leis
são meras consequências lógicas dessa regulação,
tão sublime que alguns veem nela o dedo de Deus.
Enganam-se.
Os mercados são simultaneamente o criador e a própria criação.
Nós é que não fazemos falta.
aus: A Misericórdia dos Mercados
Lisboa: Assírio & Alvim, 2014
Audio production: Casa Fernando Pessoa / RDP
Die Barmherzigkeit der Märkte
deutsch
Wir leben von der Barmherzigkeit der Märkte.
Wir werden nicht gebraucht.
Das Kapital reguliert sich selbst und die Gesetze
sind nichts als die logischen Folgen der Selbstregulierung,
so erhaben, dass einige darin den Finger Gottes sehen.
Sie täuschen sich.
Die Märkte sind Schöpfer und Schöpfung zugleich.
Und gerade wir werden nicht gebraucht.
A Bela Adormecida
portugiesisch | Luís Filipe Castro Mendes
Alguém dorme, respira,
Com o frio da mente a debruar-lhe o corpo
E os cegos desejos de si arredados.
Alguém a quem eu não diria palavras
que não fossem tardias e ausentes
como as da poesia.
Alguém que, como tu, me vai esquecer.
Alguém respira, o corpo contra a treva,
as palavras do esquecimento como faúlhas acesas
no coração da morte.
Dorme, silencia
- e quem irá depositar mais palavras
sobre as nossas cinzas?
Inventasse eu a noite, que ainda assim me esquecerias!
Desse-te eu todas as palavras que sobram do fim do mundo,
a ternura estremecida, a música mais leve –
- nada poderemos fazer. Deita-te ao meu lado.
O filme parou. As bobines giram no vazio
e só a luz fria arde sobre a tela. Amor que a nenhum amado
amor perdoa. A nenhum amado.
Esta mesma noite tu me irás esquecer.
aus: Os amantes Obscuros
Lisboa: Quetzal Editores, 1999
Audio production: Casa Fernando Pessoa / RDP
Dornröschen
deutsch
Jemand schläft, atmet,
die Geisteskälte säumt den Körper
und die blinden Begierden, die ihm fernliegen.
Jemand, dem ich nichts sagen würde
als solche Worte, verspätet und abwesend
wie die der Poesie.
Jemand, der mich, wie du, vergessen wird.
Jemand atmet, gegen die Finsternis lehnend,
die Wörter des Vergessens wie Staubfunken
im Herzen des Todes.
Schläft, schweigt
— und wer soll dann mehr Worte
auf unsere Asche legen?
Wenn ich die Nacht erfände — du würdest mich trotzdem vergessen!
Wenn ich dir alle Wörter schenkte, die übrigbleiben vom Ende der Welt,
das größte Schaudern vor Zärtlichkeit, die zarteste Musik —
— wir sind machtlos. Leg dich zu mir.
Der Film ist aus. Die Spulen drehen sich leer
und nur kaltes Licht brennt auf der Leinwand. Liebe, die keinem Geliebten
Liebe verzeiht. Keinem Geliebten.
Und in dieser Nacht wirst du mich vergessen.
Gestos
portugiesisch | Luís Filipe Castro Mendes
Gestos,
apenas gestos. A minuciosa ternura
posta nas coisas imediatas,
nas que duram contra a noite,
nas que acendem lâmpadas precárias
e contêm o silêncio, o silêncio,
como se a música fossem
e nela nos viéssemos
perder.
Gestos,
tu ouves?
Nem o teu coração pode dar guarida
a tanto silêncio da terra.
Se agora mesmo devagar nos anoitecesse
e se, mergulhados numa aguda nostalgia
ou na recordação de um rosto,
nos desencontrássemos do mundo,
só esse gesto viria resgatar-nos,
a nós, feridos de amor e de sentido.
Por isso, hoje só posso dizer
o que o teu coração abandonou.
aus: A Ilha Dos Mortos
Lisboa: Quetzal Editores, 1991
Audio production: Casa Fernando Pessoa / RDP
Gesten
deutsch
Gesten,
nur Gesten. Die minuziöse Zärtlichkeit,
in die unmittelbaren Dinge gelegt,
in jene, die der Nacht trotzen,
in jene, die spärliche Lampen anzünden
und die Stille bergen, die Stille,
als wären sie die Musik
und wir gingen darin
verloren.
Gesten,
hörst du?
Selbst dein Herz kann nicht Herberge sein
für so viel Schweigen der Welt.
Wenn es jetzt Nacht um uns würde
und wir, tief in einer heftigen Wehmut
oder dem Erinnern eines Gesichts versunken,
mit der Welt nicht zusammen kämen,
so würde allein diese Geste uns retten,
uns von Liebe und Sinn Versehrte.
Darum kann ich heute nur sagen,
was dein Herz verlassen hat.
A Ilha Dos Mortos
portugiesisch | Luís Filipe Castro Mendes
Nunca, entre tanta serenidade,
Poderia pousar uma crispação, uma recusa
ou um brusco estremecimento do coração
desmedido. Não conhecer a paixão
é o privilégio dos mortos. Entre a mão e a barca,
entre o silêncio e a aridez,
entre a claridade
e o tremor
caem as sombras sobre a água como
a roupa se desprende e cai do corpo desejado,
entrevisto,
como de tanto amor se tece a Morte!
aus: A Ilha Dos Mortos
Lisboa: Quetzal Editores, 1991
Audio production: Casa Fernando Pessoa / RDP
Die Insel der Toten
deutsch
Nie könnte solche Seelenruhe
Stätte sein eines Zusammenzuckens, eines Verwehrens
oder einer Stichflamme im Herzen,
das maßlos wäre. Keine Leidenschaft zu kennen
ist das Privileg der Toten. Zwischen Hand und Barke,
zwischen Stille und Kargem,
zwischen Hellem
und Schaudern
fallen die Schatten aufs Wasser wie
die Kleider sich lösen und vom Körper fallen, begehrt,
erahnt,
aus so viel Liebe entspinnt sich der Tod!
[Pour une seconde n’être et n’être que cela]
französisch | François Charron
Pour une seconde n’être et n’être que cela.
Là aussi un croisement de commencements et de fins
tranquillement derrière.
Avec des hauts et des bas comme une énigme à résoudre
à un pouce de ses yeux.
Il sera neuf heures si vous voulez dit-il dans une
quinzaine de langues.
Pour ce qui est du passé toutes sortes de moyens
remarquables qui ne remettent pas Adam en question.
Dont un centre qui ne cesse de bouger quelque chose qui en
nous se retrouve autour.
Audio production: Union des écrivains et des écrivaines québécois
[Eine Sekunde nicht sein und nichts sein als das]
deutsch
Eine Sekunde nicht sein und nichts sein als das.
Auch hier sich kreuzende Anfänge und Enden
in aller Ruhe dahinter.
Mit Höhen und Tiefen wie ein Rätsel
zentimeternah vor den Augen zu lösen.
Es wird dann neun Uhr sein wenn Sie so wollen sagt er in rund
fünfzehn Sprachen.
Was die Vergangenheit angeht allerlei
beachtliche Mittel die Adam nichts anhaben.
Wie etwa ein Zentrum in steter Bewegung etwas das sich auch
in uns außen herum befindet.
[Nous ne pouvions battre du jour]
französisch | Martine Audet
Nous ne pouvions battre du jour,
ni sur la lame d’un miroir
guérir de nos gestes,
mais pour ne pas crier,
pour ne pas crier,
nous écartions les bras
afin que, consolés du nombre
ou de sa vérité,
le ciel verse l'eau :
des rires bruyants
il est vrai.
aus: Les Manivelles
Montréal: éd. de l’Hexagone, 2006
Audio production: Union des écrivains et des écrivaines québécois
[Wir konnten nicht mit den Tagen schlagen]
deutsch
Wir konnten nicht mit den Tagen schlagen,
nicht auf der Klinge eines Spiegels
von unseren Gesten genesen,
doch um nicht loszuschreien,
um nicht loszuschreien,
breiteten wir die Arme aus,
damit, ob seiner tröstenden Zahl
oder Wahrheit,
der Himmel sein Wasser vergieße:
schallendes Lachen
es stimmt.
[Les statues pleurent sur la solidité]
französisch | François Charron
Les statues pleurent sur la solidité qui n'existe pas les
âmes sont dangereuses.
Je sens ce que je sens à quoi sert le hasard sinon à lire les
étoiles.
Même le feu s'imagine qu'un fantôme éclatant se présenta à
ma vue alors je recule.
L'obscurité pointe vers la coupure à tel point que mon cœur
pense trou dans une feuille.
On aurait voulu réchauffer les arbres on se dépouille on
sort regarder sa souffrance dans la matière.
Il est temps d'allumer sa lampe avec une douceur
rassurante et aller vers la lumière même si la lumière
est un mythe
Audio production: Union des écrivains et des écrivaines québécois
[Die Statuen beweinen die Festigkeit die es nicht gibt]
deutsch
Die Statuen beweinen die Festigkeit die es nicht gibt die
Seelen bergen Gefahr.
Ich spüre was ich spür wozu dient Zufall wenn nicht zur Deutung der
Sterne.
Selbst das Feuer malt sich aus dass ein leuchtendes Gespenst sich zeigte
meinem Blick also weiche ich.
Die Dunkelheit dringt so sehr auf den Schnitt dass mein Herz
denkt Loch im Blatt.
Man hätte die Bäume wärmen wollen man entblättert sich schlüpft
hinaus sein Leid in der Materie betrachten.
Es ist Zeit seine Lampe anzuschalten behutsam
beruhigend und hin zum Licht zu gehen selbst wenn das Licht
ein Mythos ist.
[Le temps parfois nous rapportait des os]
französisch | Martine Audet
Le temps parfois nous rapportait des os,
le détail d'un mouvement
qui soulevait les roses,
à répétition,
nos plus rudes prières
(leurs bêtes humides et affolées).
Était-ce pour répondre du vide ?
du fin calibre des merveilles ?
Nous ne savions qui parlait,
qui, aimé en nos nuits,
frôlait la rouge découpe
d’obscurité.
aus: Les Manivelles
Montréal: éd. de l’Hexagone, 2006
Audio production: Union des écrivains et des écrivaines québécois
[Die Zeit schleppte uns manchmal Knochen an]
deutsch
Die Zeit schleppte uns manchmal Knochen an,
das Detail einer Regung,
Rosen hebend,
wieder und wieder,
unsere gröbsten Bitten
(ihre nassen wirren Tiere).
Wollte sie für die Leere einstehen?
Für das kleine Kaliber der Wunder?
Wir wussten nicht, wer sprach,
wer, in unseren Nächten geliebt,
das in Dunkelheit geritzte
Rot streifte.
[Le premier venu puis un autre c’est très spécial ici la]
französisch | François Charron
Le premier venu puis un autre c’est très spécial ici la
parole semble de trop on ne frappe pas les trois coups.
Chacun pense dans l’électricité de cette sensation
irremplaçable un corps repartira à mesure.
Pouvoir se reprendre si j’ai une chance d’exister réellement
au moins de 10 à 20 minutes par jour.
Les jambes allongées sur la banquette on devient un
personnage qui dépose sa tête à côté de son corps.
Disons une naïveté opaque une âme d’automne une vitre
malade qui se couvre de poèmes.
Rien ne bloque le plaisir d’être imbriqué son cœur en état
de rêve permanent chut le laboratoire n’en démord pas ça
s’accélère avant de passer dans le sang comme du gaz.
Audio production: Union des écrivains et des écrivaines québécois
[Der Erstbeste dann der nächste sehr merkwürdig hier]
deutsch
Der Erstbeste dann der nächste sehr merkwürdig hier jedes
Wort scheint zu viel kein Vorhang geht auf.
Jeder denkt elektrisiert durch das unersetzliche
Gefühl ein Körper kommt mit der Zeit wieder in Gang.
Sich fassen können wenn ich die Aussicht habe wirklich zu existieren
wenigstens 10 bis 20 Minuten am Tag.
Mit den Beinen auf dem Polster wird man zu einer
Figur die den Kopf neben dem Körper ablegt.
Sagen wir undurchsichtig naiv eine Herbstseele ein krankes
Fenster das mit Gedichten beschlägt.
Nichts hemmt die Freude verflochten zu sein das Herz im
dauernden Traumzustand psst das Labor lässt nicht davon ab es
wird schneller bevor es ins Blut geht wie Gas.
[De certains rêves]
französisch | Martine Audet
De certains rêves, nous possédions la langue.
Du vide, comme d’un amour,
nous épuisions l'élan extrême,
puis sa désespérance.
Nous avions vu la beauté
(un orient au cœur des lettres exécutées),
mais n’avions pu trouver de réponse au mal
qui battait en nous
et ce qui était resté
dans nos yeux,
avec le vent,
montait l’éclair.
aus: Les Manivelles
Montréal: éd. de l’Hexagone, 2006
Audio production: Union des écrivains et des écrivaines québécois
[Von manchen Träumen]
deutsch
Von manchen Träumen besaßen wir die Sprache.
Aus der Leere sogen wir,
wie aus einer Liebe, den äußersten Drang,
dann ihre Verzweiflung.
Wir hatten die Schönheit gesehen
(Orient im Herzen vollendeter Buchstaben),
doch nichts gefunden gegen das Übel,
das in uns pochte,
und was übrig blieb
in unseren Augen,
folgte dem Wind,
ritt den Blitz.
RÉMINISCENCES
französisch | Madeleine Gagnon
J’entends le chant de la terre, on me croirait assise sur sa plus haute falaise, j’entends
La galerie est de travertin, marbré de rose, d’ocre et d’opale, j’entends jusque dans ma main
La main caresse cette poudre calcaire, ruisselle à mon tympan le bruit de la matière
Plus bas, très loin, la mer, ce pourrait être l’Atlantique mais c’est l’Égée d’enfance imaginée
J’entends le chant de la terre, tous les espaces m’habitent, l’oreille n’a pas de frontières
Au nord du quarante-neuvième parallèle, sur la plus haute falaise de grès sédimenté, j’entends le chant de la terre
Mes doigts suivent le filet rouge, mes doigts cherchent la mémoire des âges sous le quartz érodé
Sur le grain veineux, je palpe une brèche sonore, j’entends le chant de la terre
Par-delà tout désastre entrevu, au bord du gouffre nucléaire
Rivant le corps entier au moindre souffle chu des pulsations d’astres
J’entends le chant de la terre
À mes pieds dans ce Nord tout juste frigorifié que le printemps encore réchauffe
Je vois, ramassée fœtale en plein conglomérat, tassée au sein du galet de silex
L’image d’une sphère vivante, douée d’yeux et de bouche avec, enfouie comme en un songe
Une oreille qui vibre et qui écoute, je sais, je prends la roche au creux de ma main
J’entends le chant de la terre
aus: À L’OMBRE DES MOTS - POÈMES 1964-2006
Éditions de l’Hexagone, 2007
Audio production: UNEQ
Leise Erinnerungen
deutsch
Ich höre die Erde singen, man könnte meinen, ich säße auf ihrer höchsten
Klippe, ich höre
Der Stollen ist aus Travertin, von Rosa, Ocker und Opal durchzogen,
es klingt in meine Hand
Wenn meine Hand durch den Kalkstaub streicht, rinnt auf mein Trommelfell
das Geräusch des Steins
Tiefer, weit weg, das Meer, es könnte der Atlantik sein, doch
nein, es ist die See der Kindheit, Ägäisfantasie
Ich höre die Erde singen, alle Räume bewohnen mich,
das Ohr kennt keine Grenzen
Nördlich der neunundvierzigsten Breite sitz ich auf der höchsten
Klippe, auf Sandsteinsediment, ich höre die Erde singen
Mein Finger folgt dem roten Strang, mein Finger sucht das
Gedächtnis der Zeit im erodierten Quarz
Durch den geäderten Stein dringt Klang zu meiner Hand, ich höre die
Erde singen
Jenseits der Unheilsahnung, dem atomaren Abgrund nah,
lauscht jede Faser meines Körpers nach einem Hauch, der vom Pulsieren
der Sterne zeugt
Ich höre die Erde singen
Zu meinen Füßen, im frisch gefrorenen Norden, den der Frühling
noch wärmt
Sehe ich, embryonal im Konglomerat geborgen, eingepresst im
Feuerstein
Das Bild einer Kugel, die lebt, mit Augen und Mund gesegnet, und,
als stecke es in einem Traum
Ein Ohr, das bebt und horcht, ich weiß, ich lege den Stein in
meine Hand
Ich höre die Erde singen
LA TERRE EST REMPLIE DE LANGAGE
französisch | Madeleine Gagnon
Or sur le fleuve
ciel dedans
on s’en va dans les eaux
comme elles fondent au soleil :
les glaces
On n’en revient pas de l’éclat
tout tombe
et l’éclat se reprend à chaque main :
il coule
On n’y pense plus
soudain l’horizon s’ajuste
comme lentilles
regard au loin :
l’œil luit
On retourne sur ses pas
il y a devant scène
une image bouche ouverte
alors elle parle :
la pierre
L’oreille tendue
les mots s’éclipsent
en plein soir noir
la matière serait-elle
muette?
Dormir alors rêver
au reste l’aube verra
oiseau ou chat?
peut-être pas
Or sur fleuve
ciel dedans
on s’en va dans les jours
comme ils s’égrènent :
les instants
On n’en revient pas
la tombe ou l’ombre
et l’âme coule
entre les doigts :
du temps
aus: À L’OMBRE DES MOTS - POÈMES 1964-2006
Éditions de l’Hexagone, 2007
Audio production: UNEQ
Die Erde ist von Sprache voll
deutsch
Gold auf dem Fluss
Himmel darin
man verschwindet im Wasser so
wies in der Sonne schmilzt:
das Eis
Man verliert sich im Glanz
alles sinkt
der Glanz dem Greifen nah:
verrinnt
Man denkt nicht mehr daran
da stellt sich der Horizont ein
wie eine Linse
Blick in die Ferne:
das Auge leuchtet
Man tritt den Rückweg an
im Vordergrund
ein Bild mit offenem Mund
daraus spricht:
der Stein
Das Ohr gespitzt
Wortfinsternis
im Abendschwarz
ist die Materie denn
stumm?
Dann schlafen träumen
weiteres bringt das Morgenlicht
Spatz oder Katze?
vielleicht auch nicht
Gold auf Fluss
Himmel darin
man verschwindet in Tagen so
wie sie verstreichen:
die Augenblicke
Man verliert sich ganz
sinkt in Grab oder Schatten
die Seele rinnt
durch die Finger:
der Zeit
FIN
französisch | Mario Brassard
Dans la plaine les preuves s’érodent
À vol d’oiseau on croirait un chat
Faisant ses griffes sur ta main
Mais le sang ne vient pas
Les vases cassés dans ta voix
Disent sans jamais la dire entière
La seconde qu’il faut pour disparaître
aus: La somme des vents contraires
Montréal: Éditions Les Herbes rouges, 2006
Audio production: UNEQ
ENDE
deutsch
In der Ebene verwittern die Beweise
Aus der Vogelschau gleicht das einer Katze
Die an deiner Hand ihre Krallen wetzt
Doch es kommt kein Blut
Die Vasenscherben in deiner Stimme
Sprechen ohne sie anzusprechen
Von der Sekunde die zum Verschwinden reicht
CHANT POUR UN QUÉBEC LOINTAIN
französisch | Madeleine Gagnon
LIMINAIRE
Il y a des pays qui se voient au lointain et ne peuvent autrement devenir prochains. Il y a des pays qui sont des corps, d’autres des livres et puis ils disparaissent dans la nuit des temps. Il y a des pays sans rives où de chaque côté on risque le vide, un peu comme les lits, ainsi le mien. S’y lever pour fouler le sol, tous les sols, demande un souffle, désir de jour, de veille.
Parfois tout s’abandonne au destin muet et les chapitres s’en vont dans le grand livre du silence éternel dont aucune contrée jamais ne revient.
Parfois aussi, des bribes au passage sont captées, le pas est emporté, la marche se poursuit et les lettres respirent avec les alvéoles d’air et de papier. Aucune garantie n’est alors exigée. Seule est tenue la promesse de la phrase, comme dans les mariages, alliances de métal et de mots.
Les rêves s’enchaînent entre deux êtres, les strophes défilent et se nouent. On regarde les pensées, on pense les images, la poésie s’occupe de tout.
Puis, il y a des retours, des adieux, des testaments, parfois la partance est pour de bon.
Il y a des scènes d’histoire, réminiscences en plein vol, et des paroles au-dessus des nuages.
Dans les bagages, il y a des choses laissées sans nom que les noms soudain ouvrent, les choses se déplient, elles volent avec leur nom de plume, elles ont des ailes jusqu’au chant.
On les écoute comme si le paradis perdu se découvrait enfin un territoire sur la carte de la Terre promise et Dieu n’a pas de corps pourtant, juste un nom, on l’avait oublié, on le sait maintenant.
Alors, on s’invente des géographies, des zones cadastrées, des maisons ancestrales plus vraies que les demeures spectrales, moins éloignées que les abris de survivance imaginées là-bas au bout du chemin long quand, par la fenêtre envisagés, les yeux de la lune sourient à la face de tout et de rien.
C’est là le temps du pacte entendu dans la nuit comme un univers clos. Le gong de la chair a sonné. C’est l’heure des pierres. Les pierres s’ouvrent et saignent, elles ont parlé. Dans leur mouvement subit le corps s’engage et signe tandis que la main suit.
Il y a des planètes remplies d’oreilles luxées. Mais aussi des planètes qui ont une bouche, des lèvres et un ventre qui donne la vie.
aus: À L’OMBRE DES MOTS - POÈMES 1964-2006
Éditions de l’Hexagone, 2007
Audio production: UNEQ
Gesang für ein fernes Québec
deutsch
Vorab
Es gibt Länder, die sind in der Ferne zu sehen und können anders nicht
nahestehen. Es gibt Länder, die Körper sind, andere wiederum Bücher, und
ihre Spuren verwehen. Es gibt Länder, die keine Ufer haben, dort kann
man von beiden Rändern stürzen, wie etwa aus Betten, so auch meines.
Dort aufstehen und Erde betreten, jeden Fleck, dafür braucht es Atem,
Drang nach Wachen, nach Tag.
Manchmal fügt sich alles dem stummen Schicksal, die Kapitel ziehen ins
große Buch der ewigen Stille, das ist die letzte Reise einer Gegend.
Manchmal auch, im Vorübergehen, sind Fetzen vernehmbar, mit schnellem
Schritt geht es weiter und die Buchstaben atmen mit Lungenflügeln aus
Luft und Papier. Dann wird keine Gewähr verlangt. Gehalten wird nur, was
der Satz verspricht, wie in der Ehe, Schmiedewerk aus Metall und aus
Worten.
Träume entspinnen sich zwischen zwei Wesen, eine Strophe gibt die
nächste. Man betrachtet Gedanken, man denkt Bilder, die Poesie nimmt
sich allem an.
Und dann sind da Rückkehr, Abschied, Testamente, manche brechen für
immer auf.
Da sind Szenen der Geschichte, vage Erinnertes mitten im Flug und über
den Wolken gesprochenes Wort.
Im Gepäck liegen Dinge, die namenlos blieben, die sich durch Namen
plötzlich öffnen, die Dinge falten sich auf, sie fliegen, mit leichter Feder
benannt, beflügelt, Gesang.
Man lauscht, als erschließe das verlorene Paradies sich endlich ein Gebiet
auf der Karte des Gelobten Landes, Gott hat aber keinen Körper, einen
Namen nur, das war uns entfallen, jetzt ist es bekannt.
Man erfindet sich also Geographien, vermessene Zonen, alte Villen, echter
als die Mauern, in denen Spukgestalten hausen, nicht so weit weg wie die
Nischen, in denen wir überdauern, die wir fern, am Ende des Weges
wähnen, wenn, durchs Fenster besehen, die Augen des Mondes ein
Lächeln entgegnen auf alles und nichts.
Dies ist die Zeit des Paktes, der nachts wie ein geschlossener Kosmos
klingt. Das Fleisch ist eingeläutet. Die Stunde der Steine ist da. Die Steine
brechen auf und bluten, sie haben gesprochen. Ihrer jähen Bewegung
verschreibt sich der Körper, er unterzeichnet, die Hand aber folgt.
Es gibt Planeten voller verrenkter Ohren. Doch auch Planeten mit einem
Mund, mit Lippen und einem Leib, der Leben schenkt.
CE MATIN DANS LONDRES
französisch | Jean-François Poupart
Ce matin dans Londres
un tigre passe avec un enfant dans la bouche
ils se détachent en morceaux
tombant l’un sur l’autre en bras en corps
en rayures noires sur l’espace trop vert
je raconte aux vieilles âmes aux Yéménites et aux punks
comment on t’embauma de lys tigre et de violettes
ils me racontent qu’il n’y a pas de bombes au paradis
que je n’ai plus à retenir ma blessure
il y a des anges pour me recoudre
aus: Tombe Londres Tombe
Montréal: Éditions Poètes de brousse, 2006
Audio production: UNEQ
HEUTE MORGEN IN LONDON
deutsch
Heute morgen in London
streift ein Tiger umher mit einem Kind im Maul
sie zerfallen in Stücke
in ein Drunter und Drüber von Armen von Körpern
von schwarzen Streifen auf zu grüner Fläche
ich erzähle den alten Seelen den Jemeniten und den Punks
wie man dich mit Tigerlilien und Veilchen salbte
sie erzählen es gibt keine Bomben im Paradies
meine Wunde muss ich nicht länger halten
es gibt Engel die mich zusammenflicken
À SOLEIL DONNÉ
französisch | Mario Brassard
Supposons trois araignées
Et puis n’en parlons plus
Dans l’arbre la nuit s’émiette
Ce n’est pas tant qu’il fait froid
Que la lune morte en plein vol
aus: Choix d’apocalypses
Montréal: Éditions Les Herbes rouges, 2003
Audio production: UNEQ
BEI GEGEBENER SONNE
deutsch
Gehn wir von drei Spinnen aus
Und dann genug davon
Im Baum zerbröckelt die Nacht
Das liegt weniger an der Kälte
Als am Mond der im Flug erlosch
À LONDRES CE MATIN DANS UN PARC TRÈS VERT
französisch | Jean-François Poupart
À Londres ce matin dans un parc très vert
une baleine à bosse échouée respire encore
des punks et des Yéménites
les premiers habitants de la terre
lui donnent les derniers sacrements
en gravant sur sa peau des paroles obscènes
tu manques d’eau nous on manque d’air
sous nos masques de bois sur nos corps de misère
les enfants ne rampent pas devant les miracles
ils se méfient de ce qui tombe du ciel
c’est Londres les branchies au soleil
échangeant sa peau contre l’espérance
et la nature humaine recouverte de sacs de sable
marquant sur la peau du parc un nouvel âge de pierre
aus: Tombe Londres Tombe
Montréal: Éditions Poètes de brousse, 2006
Audio production: UNEQ
IN LONDON HEUTE MORGEN IN EINEM SEHR GRÜNEN PARK
deutsch
In London heute Morgen in einem sehr grünen Park
ist ein Buckelwal gestrandet er atmet noch
Punks und Jemeniten
die ersten Erdenbürger
ritzen ihm als letztes Sakrament
respektlose Worte in die Haut
dir fehlt es an Wasser uns an Luft
unter den Holzmasken auf unsern Elendskörpern
Kinder rutschen vor Wundern nicht auf Knien
wenn etwas vom Himmel fällt sind sie auf der Hut
das hier ist London mit Kiemen in der Sonne
tauscht es seine Haut gegen die Hoffnung
und die Natur des Menschen unter Sandsäcken
schreibt der Haut des Parkes eine neue Steinzeit ein
ANIMAUX ANCIENS
französisch | Mario Brassard
C’est un rêve qui commence de dos
Comme toujours l’eau ne bout pas
À sa surface des copeaux d’allumettes
D’étranges animaux avancent au ralenti
Chacun de leurs pas dure une saison
Une fracture et le paysage se désamorce
La neige ne se rend plus
Loin dans un sommeil sans défaut
Les morts dictent leur première volonté
aus: La somme des vents contraires
Montréal: Éditions Les Herbes rouges, 2006
Audio production: UNEQ
TIERE AUS ALTER ZEIT
deutsch
Dieser Traum beginnt rücklings
Wie immer kocht das Wasser nicht
An der Oberfläche Zunderspäne
Seltsame Tiere kriechen im Zeitlupengang
Jeder Schritt dauert eine Jahreszeit
Eine Verwerfung und die Landschaft entleert sich
Der Schnee gibt sich nicht mehr geschlagen
Fern in einem tadellosen Schlaf
Diktieren die Toten ihren ersten Willen
CALCUL BLEU
französisch | Mario Brassard
Tu touches aux épaves sans respirer
Les poumons grands comme des seaux
L’oreille contre le chêne ne ment pas
La forêt sombre à distance
Tu me demandes combien de noyés
La mer a délavés pour arriver bleue à tes pieds
aus: La somme des vents contraires
Montréal: Éditions Les Herbes rouges, 2006
Audio production: UNEQ
BLAU GERECHNET
deutsch
Du berührst Treibgut hältst den Atem an
Die Lungen eimerweit
Das Ohr an der Eiche lügt nicht
Der Wald sinkt in der Ferne
Du fragst mich wie viele Ertrunkene
Das Meer auswäscht bis es blau an deine Füße spült