Joël Vincent 
Übersetzer:in

auf Lyrikline: 16 Gedichte übersetzt

aus: deutsch nach: französisch

Original

Übersetzung

Lyssa

deutsch | Sylvia Geist

Der Fuchs, weißt du noch, wir verletzten
sein Territorium mit unserem
Erstaunen: Seine Stunde, sein Feld.

Jenseits der Mittellinie gemessen
wir, stolpernd, stockend, Vertreter der Wut
die hier in die Schule ging.

Er stand ganz ruhig, ganz eingefremdet
die Kastanien im Hof, die uns sogar
im schlimmsten Sommer die Aussicht nahmen

auf Hitzefrei, soufflierten ihm
was gegen uns sprach, den Puls, den Impuls
anzutäuschen, das nervöse Spiel des Gelauschs: es

es hinkt, klingt nach
Eisen in ihm – keine Frage, wir
waren es. Wir waren es.

© Sylvia Geist
aus: unveröffentlicht
Audio production: 2006, M.Mechner / Literaturwerkstatt Berlin

Lyssa

französisch

Le renard, tu sais fort bien que nous avons porté

atteinte à son territoire, avec notre allure

d'étonnés: à son heure, à son domaine.


Toisés au-delà de la médiane du terrain de jeu

nous voilà, trébuchant, restant court, tenants d'une fureur

qui allait jusqu'ici à l'école.


Il se tenait tout tranquille, tout cernés d'étrangeté

les marronniers dans la cour qui nous bouchaient la vue

même au cours d'un été le plus pourri


en réponse à nos congés pour chaleur, lui soufflaient

une parole contre nous, une pulsation, une impulsion

où entre en jeu une écoute tendue: ça,


ça boite, résonne du fer

en lui  - aucun doute, c'était

nous. C'était nous.

Traduit par Joël Vincent

Moabiter Nachlass

deutsch | Sylvia Geist

Drei Wochen nach deinem Abgang
der Exodus in blaue Plastiktüten
legt unter altem Staub Verstecktes frei, aufklärerisch
Illustriertes, Esoterisches, meine Irritation
über Märchenberge aus Rasierklingen
verschmutzte Wäsche, Abführpillen. Fußnoten
einer These, die schon erwiesen schien.  

Zwischen Händewaschen und Margarinebrot
die Balken der Überschriften im Auge. Wieder eine
Vergewaltigung, sagtest du, und: Abdeckerei
über die Anstalten die sie machten um einen
der sogar Kirschlikör für ein Suchtmittel hielt
und das Schnellfeuer der Nachrichtensprecher
für eine Verschwörung. Eine Manie dagegen

das Sammeln von Papier. Rechnungen, Wetterzettel
Kataloge der Erscheinungen, jeder Fahrschein
ein Notat der Rebellion, an der vorbei du durch
Berlin schmuggeltest, das Porträt Georges, Gott, dickleibig
hinter den Gestirnen der Buchdeckel, die Unfähigkeit
mitzusingen rudimentär wie der seitenweis geborgte Rest
Wissen über Chancen, es dir schwer zu machen.

Was hielt dich in den letzten Sommern
vier Treppen über den Markierungen des Tags
der Ausblick auf den Hof des Gebrauchtwagenhändlers
beschlagen von sechzehn Dioptrien, ein Teergarten
zwischen den Furchen der Straßenzüge mit dem Glanz
von Kunststoff oder unsinnig gedehnter Haut, jedes Ding
sagtest du, ist gebannt vom eigenen Zustand.

Ich konnte dir nichts beschreiben. Ich las dir nicht vor.
Es genügte das Echo aus deinen Zitaten
kein Glück, das nicht zu zügeln war, du ließest
dir keine neue Brille verschreiben, es genügte
ein Bild ohne Abzug gerettet in die Erinnerung
an Ruhe und Feiertagsschnee.
Vergeblich brachte dein Nachbar dir Süßes.

Sowieso war jede Speise dir bekannt
vom Hörensagen. Du hieltest den Mund
du konntest sonstwas beschreiben, Sonne und Milben
in den Papieren sind mir zuvorgekommen, das bleibt
für die Fütterung der Plastiksäcke.
Was würdest du jetzt sagen, nach den Veränderungen
durch Lungenwasser, Stillstand, Zeit?

Wärst du erstaunt über diesen Treffpunkt
diese Bäume im August, nicht weit
vom Güterbahnhof, der Stillegung
deiner Küche, der Gardine
in der noch eine Gummispinne hängt
wie ein hinterbliebener Witz? Nicht mehr
als sonst. Orte waren dir immer Chimären

Abwesenheiten ein natürliches Programm
und mich würdest du begrüßen mit der Geste
mit der die Dinge zu quittieren sind, im Fadenschein
den hellgetragnen Jackenrücken fröstelnd rund:
Streuselkuchen, mitgebrachtes Obst, die Gedanken
der Straßenköter über Gerüche genau
wie ein Schüttelreim aufs Überleben.

© Sylvia Geist
Audio production: 2006, M.Mechner / Literaturwerkstatt Berlin

Succession de Moabit

französisch

Trois semaines après ton départ

l'exode dans des sacs plastiques bleus

met à jour ce qui était caché sous uns poussière déjà ancienne,

genre revues progressistes, ésotériques, ce que ça m'irrite de voir

le fabuleux  tas de lames de rasoir

du linge sale, des pilules laxatives. Notes en bas de page

d'une thèse qui semblait déjà un fait avéré.


Entre le lavage des mains et les tartines de margarine

des titres en grosses barres bien en vue. Encore un viol,

disais-tu, et: équarrissage portant

sur les préparatifs qu'ils faisaient autour de qui

tenait même la liqueur de kirsch pour une drogue

et la cadence rapide du speaker

pour une conspiration. Une manie par contre


la collecte des papiers.Factures, bulletins météo

catalogues des publications, chaque ticket de transport

une note de rebellion, et toi qui passe devant à faire

de la contrebande dans Berlin, le portrait de Georges, Dieu,

corpulent derrière le semis d'étoiles de la couverture du livre,

l'incapacité ne serait-ce que de façon rudimentaire

de faire comme tout le monde, tout comme le reste, caché page par page,

de reste de savoir les chances que tu cours à te rendre la tâche difficile.


Qu'est-ce qui te maintenait pendant les derniers étés quatre

escaliers au-dessus des repères du jour

qu'est-ce qui te maintenait la vue dégagée sur la cour

du marchand de voitures d'occasion, embuée par seize dioptries,

un jardin goudronné entre les sillons des rues ayant l'éclat

d'une matière synthétique ou un revêtement absurdement étiré,

chaque chose, disais-tu, est fasciné par son propre état.


Je ne pouvais rien te décrire. Je ne t'en fis pas la lecture.

L'écho de tes citations faisant l'affaire, chance de pouvoir

y mettre un frein, tu ne te laissais pas prescrire une nouvelle

paire de lunettes, une photo te suffisait sans tirage sauvée

en mémoire du repos et de la neige des jours de fête.

Ton voisin t'a apporté en vain des douceurs.


De toute façon chaque mets t'était connu de ouï-dire.

Tu la bouclais, tu pouvais décrire dieu sait quoi,

soleil et mites dans les papieres m'ont devancé,

ça reste pour l'alimentation des sacs plastiques.

Que dirais-tu maintenant, après les changements

opérés par l'eau dans les poumons, l'immobilité, le temps?


Serais-tu étonné de ce lieu de rencontre

de ces arbres au mois d'août, non loin

de la gare de marchandises, de la fermeture de ta cuisine,

des rideaux dans lesquels pend encore une araignée

en caoutchouc comme une plaisanterie qui survit?

Pas plus que d'habitude. Les lieux étaient toujours pour toi


des chimères des absences un programme naturel

tu me saluerais avec le geste de qui sait les choses

abandonnées, frissonnant de tout ton corps,

dos de veste portée avec un éclat lustré:

crumble, fruits apportés, les pensées

du clébard sur les odeurs exactement

comme une comptine en réponse à la survie.

Traduit par Joël Vincent

Böse Gewichte

deutsch | Sylvia Geist

Zimmer mit Aussicht auf Zimmer
mit Aussicht. Luftlinien
graben am Fluss. Hinüber

zweigleicht, zweighell
laufen Hunde mit
ihrem Laut unter sich

über Steine, schrittdicht
in die Ruhe gesetzt. Feierabende
laden Lichtirre von den Balkonen

ein unter einander
zu frieren. Zwischen uns
die Körper heben

kein Gedenken auf, auch das Paar
ertrunken am Tag der Hochzeit
erinnert an nichts sonst. In Ufernähe

nur warten Verwandte seit langem
nicht schwerer als Röhricht
auf ihre Rückkehr hierher.

© Sylvia Geist
Audio production: 2006, M.Mechner / Literaturwerkstatt Berlin

Mauvais poids

französisch

Chambre avec vue sur chambre

avec vue. Air léger, aux quatre vents,

qui creuse au bord du fleuve. De l'autre côté


en nombre et légers comme des ramilles

des chiens courent en donnant de la voix

de l'un à l'autre


sur des pierres, à pas serrés

se calment. Les fins de journées

invitent, par des balcons, des fous de lumière


à se geler les uns

les autres. Entre nous

les corps ne conservent


aucun souvenir, même le couple

noyé le jour du mariage

ne fait penser à rien d'autre. Proches de la rive


des parents se bornent à attendre depuis longtemps

leur retour ici-même ce qui ne leur est pas plus

difficile que d'être des roseaux.

Traduit par Joël Vincent

Besuch in Leiden

deutsch | Sylvia Geist

Aus Strohhalm Balken geworden, schreibt Mahler
nach der Heimkehr, wohin immer (weit ist es nicht
mehr bis New York) doch Freud bleibt ratlos
wie nach einem unlauteren Tausch zurück
als läge nun dieser Balken im Sprechzimmer und
spräche von der Architektur, der er entrissen wurde.

Es geht nicht um Leiden, niemand hier
kann dort gewesen sein, nur die Vorstellung
nehme man ein, die bändigende Haltung vor dem Graben
der sich schon einstimmt. Es ist nicht weit

bald ist Neujahr, bald April
auf dem Atlantik
tanzt der Teufel, der Teufel
tanzt es mit mir, steht da

am Rand von Entwürfen
gelöschter Entwürfe. Leiden ist da nicht mehr
von Belang, auch die Überfahrt vergebens, längst
fiel das Herz der Entzündung anheim, die Vorstellung
der rückkehrenden Zugvögel und wie im Krängen
des Schiffs das Fieber unter die Spanten
sinkt, aber glückt.

© Sylvia Geist
aus: unveröffentlicht
Audio production: 2006, M.Mechner / Literaturwerkstatt Berlin

Visite à Leiden

französisch

Voilà la paille devenue poutre, écrit Mahler après son retour,

où que ce soit (New York n'est plus loin ) mais Freud reste

en rade, perplexe, comme sous l'effet d'un troc illicite, à

croire que cette poutre se trouvait maintenant dans son

cabinet et parlait d'architecture, sujet dont il était violemment écarté.


Il ne s'agit pas de douleur, personne ici ne peut avoir été là-bas,

qu'on observe seulement l'idée d'une attitude contrôlée face

à la fosse, qui, elle déjà, joint sa voix au malade. Ce n'est pas loin,


le Nouvel An est pour bientôt, avril aussi

sur l'Atlantique

danse le diable, le diable

qui le danse avec moi, qui se tient là


en marge des projets

de projets effacés. La douleur n'a plus alors d'importance,

vaine aussi la traversée, depuis longtemps le coeur était atteint

par la cardite, mais ce qui réussit, c'est la vision du retour des

oiseaux migrateurs et de la fièvre qui, tel le bateau donnant

de la gîte, tombe sous le bordé.

Traduit par Joël Vincent

Jerichokaleidoskop

deutsch | Sylvia Geist

Nicht die Spur Verdunkelung, Kreuzschnäbel, zwitschernd
von Spannung, diesseits Giraffen in langsamen Bauen
hungrig auf Sand und die Fundamente für morgen
gerüstet zu sehen, das war der Dreh: alles durchschaubar

und unverständlich. Die Nächte sprachen Pidgin
mit dem Rudel, zu sagen, das Gelichter jagte
einem unter die Lider weiße kreisende Stunden
klänge nach etwas, das uns nicht erreichte.
 
Schon Personal der Träume unserer Hälfte
dieses steinern dämmernden Hirns, spielten wir
Insulaner, die das Festland wunderte, das Fließen
von Verkehr, Verschollene. Wiederholungen

Holungen. Was von drüben aus: eine Gefahr
die uns vor einer anderen retten sollte, und durch welche
Gläser, übertrieb man wie wir mit unseren Scherben?
Die schwärzten wir der halben Sache zum Trotz, die Sonne
 
verschwand nicht ganz, sie hinterließ uns auch
die Fliederfarbe nicht. Woran ich mich erinnere
ist unser Warten: zusammengedrängt im Gang
vor dem Ereignis.

© Sylvia Geist
aus: unveröffentlicht
Audio production: 2006, M.Mechner / Literaturwerkstatt Berlin

Jéricho - kaléidoscope

französisch

Pas de trace d'occultation, pointes en beccroisés,

à gazouiller sous tension,  de ce côté-ci lents mouvements

bâtisseurs de girafes, avides de sable, et voir préparées les fondations

pour le lendemain, le truc c'était ça: le tout perceptible


et incompréhensible. Les nuits parlaient le pidgin

porté par les hordes, à dire que les esprits malins vous

chassaient sous les paupières, des heures tournoyaient blanches

comme si ça avait un effet qui ne nous atteignait pas.


Déjà personnel des rêves de notre moitié,

celle d'un cerveau pris d'une torpeur de pierre,

nous jouions les insulaires, que la terre ferme étonnait,

l'écoulement du trafic, des absents. Reprise


prise. Ce qu'il en était de l'autre côté: un danger censé

nous sauver d'un autre, et par quels verres,

exagérait-on comme nous avec nos débris?

Nous les noircissions en dépit de faire les chose à moitié, le soleil


ne disparaissait pas complètement, il ne nous laissait pas

non plus la couleur lilas. Ce dont je me souviens,

c'est de notre attente: entassés dans le cours

de ce qui allait se produire.

Traduit par Joël Vincent

Kolk

deutsch | Sylvia Geist

Wie Drachen auf
und ab mit dem Luftstrom,

ihr Glänzen und Kreisen
einander doubelnde dunkle

Momente. Einer stößt oder fällt
hinab für eine Beere, Beute,

Laune, was weiß ich. Wahr,
Raben klingen nüchtern,

bekannte Tonspur eines Films,
die sich vielleicht imitieren ließe,

das Echo aber
mit nichts zu vergleichen.

© Sylvia Geist
aus: Vor dem Wetter
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin 2009

Colas

französisch

Tels des cerfs-volants ils font

du yoyo au gré des courants,


de leur luisance et tournoiements

des moments à s´entre-doubler.


En voilà un qui donne des coups ou se rabat

au sol pour une baie, une proie,


un caprice, que sais-je. C´est vrai,

les corbeaux paraissent prosaiques,


bande-son connue d´un film

qui s´est peut-être fait imiter,


mais n´a d´égal

en rien dans l´echo.

Traduit par Joël Vincent

Manara

deutsch | Sylvia Geist

Drei Tage im Voraus seien die Schiffe zu sehen
gewesen - „at an ancient speed“ - und alles lacht,
mit der Nachsicht der Langsamen von morgen.

Durch die Scharten strömt Mittagspech,
wer wünscht sich da nicht eine Stunde zurück,
in die Katakomben, zum gemalten Jenseits

unter Alexandria, wo die Seelen Vögel
kurz vorm Abflug bleiben, solange die Farbe hält.
Stufen, Stufen, das Fresko der Kletternden

aufatmend, die kahle Wand des Himmels,
dem plötzlich ein Sperling entkommt.
Abgefeuert von der Feder eines Zufalls,

der ihm die Flügel an den Körper heftet,
als er die handschmale Schneise passiert,
so stürzt er in den Turm, und unsicher,
 
was tröstlicher wäre, irgendein Mut oder
die Einsicht, dass er nicht weiß, wo er ist und was
er hier tut, bewege ich mich, beweg ich mich nicht.

© Sylvia Geist
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin 2009

Phare

französisch

En avance de trois jours les bateaux auraient
été vus - „avec leur ancienne vitesse“ - et tout le monde
de rire avec l´indulgence des peu-pressés du lendemain.

Par les brèches afflue la guigne de midi,
qui ne souhaiterait pas reculer d´une heure,
aller dans les catacombombes, vers l´au-delà peint

sous Alexandrie, là où les âmes restent
des oiseaux peu avant l´envol, tant que tient la couleur.
Des marches, des marches, inhalant à fond

la fresque des grimpeurs, la paroi nue du ciel,
d´où soudain un moineau s´échappe.
Décoché par le rebond d´un hasard

qui lui attache les ailes au corps
lors qu´il passe le couloir aérien effilé,
c´est ainsi qu´il se jette dans la tour, et peu sûr de lui,

ce qui serait plus consolant, une sorte de courage ou
la discernement qu´il ne sait pas où il est et
ce qu´il fait ici, je me bouge ou non.



Traduit par Joël Vincent

N. ÜBERQUERT DIE ALPEN, TAIPEH

deutsch | Dieter M. Gräf

naturbelassene Hosen des
Eroberers der ausländischen

Welt, Rasiermesser, Schach
figuren, mit denen er auf
 
St. Helena noch spielte,
nun auf diese Insel gesperrt.

Sein chinesengroßes Feld
bett. Vergrößerung: dann,

ein Nebenflügel, auf Stoff
blumen erscheinende eigene

Geschichte, Minischrift
zeichen auf Eierschalen

stele im Schaukasten mit
Lupeneinsatz, oder, in der

Eingangshalle, der Kaiser
bezwinger als Bronzekoloss.

Der Starre steife Pausen, wenn
ein Bediensteter der Ehren

wache den Nacken massiert,
kann sich entpuppen,

bevor sie, mit versetzten
Schritten, abgelöst wird.

Im Freien, am Teich,
bewegt womöglich ein

Baum das Chi eines
Mannes, der übt: seine

Alpen überqueren, und
dabei hineinbröckeln.

© Dieter M. Gräf
aus: Buch Vier. Gedichte
Frankfurt am Main: Frankfurter Verlagsanstalt, 2008
Audio production: 2006 Literaturwerkstatt Berlin

N. FRANCHIT LES ALPES, TAÏPEI

französisch

pantalon laissé en l'état de
celui qui partit à la conquête

du monde, rasoir, pièces
d'échecs, avec lesquelles

il jouait encore à Saint-Hélène,
désormais enfermés sur cette île.

Son lit de camp à la taille
chinoise. Agrandissement: puis,

une aile latérale, sa propre histoire
apparaissant sur un tissu

fleuri, signes d'une mini
écriture sur stèle en coquille

d'oeuf dans la vitrine avec
loupe à l'appui ou, dans

le hall d'entrée, le vainqueur
de l'empereur en colosse de bronze.

Pauses guindées dès lors qu'un
préposé masse la nuque

de la garde d'honneur qui sort
de l'ankylose comme d'un cocon,

avant d'être relevée
à coups de pas en décalé.

En plein air, au bord de l'étang,
il est possible qu'un arbre

agite le Chi d'un homme
s‘exerçant: franchir

ses propres Alpes et droit dedans
s'y désagréger peu à peu.

traduit par Joël Vincent

VÉZELAY DSCHIHAD

deutsch | Dieter M. Gräf

1

  (die sanften Pfoten der Orgel)

             (in den Rücken leuchtende
    Magdalenenreliquie)      (ihr

  Säulen, die ihr dienende, wunder
       
           wirkende Kräfte seid)


.......................................................................................
.......................................................................................
.......................................................................................


Vézelay Abendland Einwohner 615.
616 mein amerikanischer Gast Julia,
betet vor
der Nacht bei den Russischorthodoxen,
die da wären: der Handwerker,
der Priester und seine Frau,
der Bischof und sein Erzbischof.
617 der Grabstein von George Bataille.
618 Richard Löwenherz, 619 Le Corbusier,
620 Claudel, 621 Pacificus.
622 der versteinerte Jesus Christus,
eingefügt ins Tympanon am Tag des Thaumaturgen:
Ein Ritter Christi, sage ich, tötet
– ihr Riesen, Pygmäen, groß
ohrige Völker, Pelikane, ihr
Fabeltiere, Drachen, ach Baselisk –
in Sicherheit, und
in noch größerer Sicherheit stirbt er.
Wenn er stirbt, nützt er
sich selber; wenn er tötet, nützt er
Christus.
Heiliger
Bernhard 623, der hier das Kreuz gab,
Dschihad, flammte aus
seinem askeseverstümmelten Leib.
Erbrach sich davor und danach,
fuhr weiter, mit dem Zug nach Paris,
dorthin, wo die Vorstädte brannten.


..........................................................................................
..........................................................................................
..........................................................................................


                                                                             2

                                                               (Aber
                                        es ist so ein nunsanfter
                          Hügel, der uns hochwindet ...

                             ... zum Magdalenen
heiligtum, ihre Sakramente ...)

                                  *

((O möget ihr
echt werden, verpönte Reliquien!*))


.......................................................................................
.......................................................................................
.......................................................................................


An den Rändern                               an den Straßen
                             rändern der Spaß
gesellschaft der Große                      Schachtelhalm
der Bischofsstab aus jungen    eingerollten Blättern
Fontenay Wurmfarn Zaserblume Mittagsblume Bloss
feldt Samen Marien                   gesänge im Autoradio
  was für ein Leihwagen zu den Zodiaquemönchen hin
die langsame Welt die langsame Welt die langsame Welt
die langsame Welt die langsame Welt die langsame Welt
die langsame Welt die langsame Welt die langsame Welt
die langsame Welt die langsame Welt die langsame Welt
die langsame Welt die langsame Welt die langsame Welt
die langsame Welt die langsame Welt die langsame Welt
die langsame Welt die langsame Welt die langsame Welt
       stürzt ab stürzt nicht ab** stürzt ab stürzt nicht ab
Blitz durch zweierlei Knie       Blitz durch zweierlei Knie
     ende da ist der Blitzende da bewahrt die geblitzte
Nonne blitzender Kniender bewahrt und geblitzte Knie
    ende ich glaube   ende ich glaube   ende ich glaube
nicht an die Hölle ich glaube nicht ans Paradies ich glaube
an einen blitzenden Knienden und eine geblitzte Kniende
            das werden die letzten Menschen sein aber
                  wie’s weitergeht weiß ich nicht.

* a l l e Gegenstände sollen echt werden,
   RELIQUIEN IHRER SELBST – –


                                        **hier irrt Abälard
                                            herum in der Größe

                                            des Datensatzes,
                                            Cluny IV (1989–)

© Dieter M. Gräf
aus: Buch Vier. Gedichte
Frankfurt am Main: Frankfurter Verlagsanstalt, 2008
Audio production: 2006 Literaturwerkstatt Berlin

VEZELAY DJIHAD

französisch

1


(les douces pattes de l'orgue)


       (dans notre dos lumineuses
    les reliques de Madeleine)    (vous

   
   colonnes, en êtes les forces accomplissant


          des miracles à son service)

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Vézelay occident habitants 615.
616 avec Julie mon invitée d'Amérique,
qui prie avant
la nuit chez les russes orthodoxes,
les suivants: l'artisan,
le prêtre et sa femme,
l'évêque et son archevêque.
617 la pierre tombale de Georges Bataille.
618 Richard Cœur de Lion, 619 Le Corbusier,
620 Claudel, 621 Pacificus.
622 Jesus Christ, le pétrifié,
inséré dans le tympan colleté au jour du thaumaturge:
un chevalier du Christ, dis-je, tue
– vous les géants, pygmés, peuples
aux grandes oreilles, pélicans, vous
les animaux fabuleux, dragons, ah basilics –
en toute certitude encore plus grande il meurt.
Quand il meurt, il se fait
valoir lui-même; quand il tue, il fait valoir
le Christ.
Saint
Bernard 623, qui donna ici la croix,
le djihad, lança son appel enflammé,
de son corps mutilé par l'ascèse.
De cela et même après elle en vomit,
poursuivit son voyage en train vers Paris,
là-bas ou les banlieues brûlaient.


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                                                                      2

      
                                                    (Mais
                                      c'est bien une douce
                      colline ou ça monte et serpente ...


                            ... jusqu'au sanctuaire de
  Madeleine, lieu de ses mystères sacramentels ...)

                                                    *


((Ô puissiez-vous
   devenir véritables, reliques réprouvées!*))

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Aux bords                                                           aux bords
                  des routes  de la société des loisirs
la gente végétale                                            la grande prèle
     la crosse d'évêque faite de jeunes feuilles enroulées
              Fontenay fougère chanvre  azalée  Bloss
feldt semences chants                     pour la vierge dans l'autoradio
c'est quoi cette voiture louée pour aller chez les moines du Zodiaque
        lenteur du monde lenteur du monde lenteur du monde
        lenteur du monde lenteur du monde lenteurdu monde
        lenteur du monde lenteur du monde lenteur du monde
        lenteur du monde lenteur du monde lenteur du monde
        lenteur du monde lenteur du monde lenteur du monde
        lenteur du monde lenteur du monde lenteur du monde
        lenteur du monde lenteur du monde lenteur du monde
           déroche ne déroche pas**déroche ne déroche pas
ça fulgure par deux sortes de genoux  fulgure par deux sortes de
          pose à genoux le voici le fulgurant la voilà la fulgurée
    la nonne qui garde la pose à genoux fulgurante l'agenouillée
          fulgurée je crois genu je crois flexion  je ne crois pas
                    à l'enfer  je ne crois pas au paradis  je crois
         à un agenouillé fulgurant et à une agenouillée fulgurée
                    ce seront là les derniers êtres humains mais
                             je ne sais pas ce que ça donnera.

* t o u s  les objets doivent devenir véritables,
  RELIQUES D'EUX-MÊMES – –


               ** ici Abélard erre
                  dans la grandeur

                  du jeu des données
                  Cluny IV (1989 – –)

traduit par Joël Vincent

TAIFUN

deutsch | Dieter M. Gräf

himmel, Rollerschwärme, zurück

ins Vereinigungshotel, sein
wachgerufener Name um vier (szu):

die im Aufzug fehlende Zahl
ist der Tod in der Koloratur

der geliebten Frau nebenan,
und am Morgen: die fließende

Straße, verschwindet, Schlamm
brühe mit treibender Tonne,

auf der ein Junge sitzt. Ein
äugig wir, zu den Bildschirmen

hin, aus denen mehr und
mehr Wasser kommt, Tod (szu).

Am Vortag standen Bild
schirme am Teich, Karaoke

ecken. In herbeizitierter Landschaft
eine neue eröffnen, zum Singen,

während die Instrumente
in den Boxen bleiben,

oder man installiert einen Wasser
fall mit glücksverheißenden Tempel

karpfen. Schwimmen davon, nun.

© Dieter M. Gräf
aus: Buch Vier. Gedichte
Frankfurt am Main: Frankfurter Verlagsanstalt, 2008
Audio production: 2006 Literaturwerkstatt Berlin

TYPHON

französisch

cerclant le ciel, kyrielle de rollers, retour

à l'hôtel de l'union, son nom
évoqué à quatre heures (szu):

ce nombre manquant dans l'ascenseur
c'est la mort dans la voix colorature

de la femme aimée d'à côté,
et au matin: la rue fluide,

disparait, vase et
brouillasse avec tonneau à la dérive,

sur lequel un jeune est assis. Nous
d'un seul oeil, allons vers

les écrans d'où vient
de plus en plus d'eau, mort (szu).

La veille, des écrans se trouvaient
au bord de l'étang, des coins

à karaoké. Au coeur du paysage convoqué
en ouvrir un nouveau, pour chanter,

alors que les instruments
restent dans leurs boites,

ou alors installer une cascade
avec, de bon augure, un temple

aux carpes. Pour l'heure, filer en nageant.

traduit par Joël Vincent

DER POCKENNARBIGE TÖTET W.

deutsch | Dieter M. Gräf

Der Tod schafft sogleich eine Synthese des abgelaufenen Lebens,
und das Licht, das er auf dieses Leben zurückwirft,
beleuchtet die wesentlichen Momente und macht
aus diesen mythische oder moralische Akte außerhalb der Zeit.

P. P. P.


vollendet ihn, denn
Schönheit sei räudig.

Ihre Linie teile
sich, werde Strick,

schmuck um den Hals
von jedem: Vene

zianisches Messer,
blitzt auf, wie Denk

münzen, die zurück
bleiben am Ort

der Verbrechen. Sonne

auf Signor Giovanni,
auf große Sprünge
über viel leere Plätze
,

sie falle

auf seines Mörders
Kadaver, geflochten

vorm Stadttor ans Rad.


(Für Kerstin Wagenschwanz)

© Dieter M. Gräf
aus: Buch Vier. Gedichte
Frankfurt am Main: Frankfurter Verlagsanstalt, 2008
Audio production: 2006 Literaturwerkstatt Berlin

L'HOMME AU VISAGE GRÊLÉ TUE W.

französisch


"La mort crée d'emblée une synthèse de la vie écoulée,
et la lumière qu'elle renvoie sur cette vie, en éclaire
les moments essentiels et fait de ceux-ci des actes
mythiques ou moraux en dehors du temps."

P. P. P.


le parachève, et qu’à son tour
la beauté soit galeuse.

Que sa ligne se partage,
se fasse corde,

parure autour du cou
de chacun: la veine

à portée du couteau vénitien,
qui dans un éclair brille, comme des médailles

mémoriales, restées
en retrait au lieu

du crime. Soleil

porté sur Signor Giovanni
d'attaque pour enjamber
bien des places vides
,

qu'il tombe

sur le cadavre
de son meurtrier, de rayons tressé

et roué devant la porte de la ville.


(Pour Kerstin Wagenschwanz)

traduit par Joël Vincent

DER NACKTE GINSBERG

deutsch | Dieter M. Gräf

ist auf das Feuerleiter-Z geklettert,
zeigt denen, die unter ihm wohnen:
ich habe Gott gesehen! Immer

noch dort, auf der Höhe eines
niederen Seraphim, ungefähr
in der Sphäre der sechs Gesims

engel des Bayardbuildings;
ihre weit ausgebreiteten Arme,
als würden alle gemeinsam

herunterspringen. Altmodisch
ist die Stadt geworden,
spätestens seit die fedayin-Piloten

ihre Filme echteten, toppten,
seit das 21. Jahrhundert sein Colosseum
reinschlug als Grube, Nichts.

Die Entkommenden sahen
aus wie ein Stamm.
Sonne, Mond und Sterne

sind nach wie vor Wolkenkratzer,
und auf denen, die den nackten Ginsberg
beherbergen, wachsen Bäume.

Selbst gewaltigere spenden farbiges Licht.
Solche Gebirge, nebelverhangen,
und aus den Gullies der Schluchten

steigt Dampf, in die Madison Ave,
in die Fifth Avenue. Donald Trump
verkündet, die Twin Towers nach

bauen zu wollen, höher! Derweil
in einem Shabu Shabu Restaurant
sitzen, am Haus von Edgar Allen Poe

der berittenen Polizei zusehen.
John Lennon ist tot. Das verstehen
wir alle, unter und über den Wassertanks.

© Dieter M. Gräf
aus: Buch Vier. Gedichte
Frankfurt am Main: Frankfurter Verlagsanstalt, 2008
Audio production: 2006 Literaturwerkstatt Berlin

GINSBERG TOUT NU

französisch

ayant grimpé sur l'échelle de secours en Z,
montre à ceux qui habitent en-dessous de lui:
J'ai vu Dieu! C'est toujours

là, à la hauteur d'un
séraphin de rang inférieur, à peu près
dans la sphère des six anges

en corniche du Bayardbuilding;
leurs bras largement étendus,
comme si tous ensemble ils

allaient se lancer. Démodée
la ville l'est devenue,
au plus tard depuis que les pilotes-fedayins

ont rendu véritables ses films, les ont affiné,
depuis que le 21ème siècle d‘un coup
s‘est fait fosse, tel un colisée, le néant.

Ceux qui en ont réchappé
ont l'air d'être une tribu.
Soleil, lune et étoiles

sont encore et toujours des gratte-ciels,
et sur ceux qui hébergent Ginsberg
le tout nu, poussent des arbres.

Même les plus puissants dispensent une lumière colorée.
De telles montagnes sont couvertes de brume,
et des bouches d'égoûts des gorges

monte de la vapeur, dans la Madison Ave.,
dans la Fifth Avenue. Donald Trump
annonce sa volonté de reconstruire

les Twin Towers, plus hautes! Pendant ce temps
être assis dans un restaurant Shabu Shabu
près de la maison d'Edgar Allen Poe

suivre d'un œil la police montée.
John Lennon est mort. Cela nous le comprenons
tous, en dessous et au-dessus les réservoirs d'eau.

traduit par Joël Vincent

DAS KLINGEN DER SCHÜSSE AM COMER SEE

deutsch | Dieter M. Gräf

es regnet, oder die Sonne scheint.

Durch diese Marienluft
ihren Weg hoch zur Sichtbar

keit der Kapelle. Drala

des Astes, von irgend jemand

an den Rasttisch getupft;
ein unten am See schwebendes

Glockenspiel halber
Stunden, in das
Bergziegenglöckchen ein

fallen, Schüsse,

hier klingen sie
nach, denn alle
sind gerettet, die  – –


– –  jemand küsst und jemand tötet;

der Glorienschein um die Taube,
die der Fledermaus gleicht
auf dem Bildstock, darauf Gott

heiten, Eidechsen, älter
als der Menschensohn,
zuckend vor Leben.

© Dieter M. Gräf
aus: Buch Vier. Gedichte
Frankfurt am Main: Frankfurter Verlagsanstalt, 2008
Audio production: 2006 Literaturwerkstatt Berlin

ÇA RESONNE DE COUPS DE FEU AU BORD DU LAC DE CÔME

französisch

il pleut,ou bien le soleil brille.

Par cet air marial
chemin haut jusqu'à discerner, bien visible

la chapelle. Drala

du rameau, à peine touché

par on ne sait qui à la table-repos;
en bas au bord du lac, léger et éthéré,

jeu de cloches en demi-
heures, s'y mêlent
clochettes de chèvres des montagnes, ça carillonne

et part, coups de feu,

c'est qu'ici ils continuent
à résonner, car sont sauvés
tous ceux qui – –


– –  quelqu'un embrasse et quelqu'un tue;

la colombe auréolée
qui tient de la chauve-souris
sur le calvaire, coiffé des dieux

les plus divers, lézards, plus anciens
que le fils de l'homme,
palpitant de vie.

traduit par Joël Vincent

FELTRINELLIS ASCHENBECHER II

deutsch | Dieter M. Gräf

sich aus
             drücken in ein glänzen
                                                 des Nichts;

in Autobahntunnel ein
tauchendes Haimaul,
noch immer am Steuer,


hin zu den alten Partisanen,
die Abendnachrichten über
                                           blenden  – –


                                 *


Weizenfeld, auf dem sich der Strommast erhebt


ein als Wohnmobil ausgebauter grauer
VW-Bus mit Gardinen an den Fenstern


                                               Nulla lucente


hintere Hosentasche, in ihr findet sich:
eine Zigarettenschachtel, eine einfache Hand*


* granate, gefüllt mit gepresstem – –

© Dieter M. Gräf
aus: Buch Vier. Gedichte
Frankfurt am Main: Frankfurter Verlagsanstalt, 2008
Audio production: 2006 Literaturwerkstatt Berlin

LE CENDRIER DE FELTRINELLI II

französisch

se pres
           surer en plein néant
                                           éclatant;

dans le tunnel d'autoroute une
gueule de requin qui plonge,
toujours au volant,


droit vers les vieux partisans,
les nouvelles du soir en fondu
                                                enchaîné – –

                              *
    


Champ de blé, s'y élève le pylône électrique


un mini-bus VW gris aménagé en
camping-car avec rideaux aux fenêtres


                           Nulla lucente


poche de pantalon arrière, on y trouve:
un paquet de cigarettes, simplement à main*


*une grenade, bourrée d'une charge – –

traduit par Joël Vincent

FELTRINELLI SCHENKT ZUR HOCHZEIT
EINEN ASCHENBECHER

deutsch | Dieter M. Gräf

„und scheitern, ja, das bringts in diesem leben“
Th. Kling, Leopardi: L´Infinito / Das Unendliche


einen so großorange tischfüllenden Aschenbecher
  schenkt Giangiacomo Feltrinelli zur Hochzeit
von Renate und Walter Höllerer, als wollten sich
  alle darin ausdrücken, Asche im Design sein:
hier sind die Toten, noch bevor die Schüsse fallen.
  Auf einem der schönen Sessel liegt, achtlos
hingeworfen, der Gurt mit der daran angehängten
  riesigen Pistole
. Nun in Havanna, in einer
kleinen Wohnung von siebzig, achtzig Quadrat
  metern
, sie gehört Fidel Castro. Quasselt
wie ein Buch, so dass es nie zustande kommt, und
  Inge, nunmehr la Feltrinelli, fotografiert ihn
im Pyjama, den er bestimmt heute noch gern trägt.
  Giangiacomo trug zwei Häute und sah seltsam
aus, als es ihm endlich gelungen war, sie loszuwerden.
  Lief dann über Wiesen, die Zähne verkamen ihm,
getrocknete Hülsenfrüchte machte er nutzbar, indem
  er zeigte, dass sie ihr Volumen in Wasser
vergrößern, so dass ein Metallplättchen nach oben
  gedrückt werden kann, einen Zündmechanismus
auslösend; mische chlorsaure Kaliumtabletten aus
  der Apotheke und Puderzucker oder flüssiges
Paraffin und Sägemehl, kombiniert mit Schnitzeln
  von Waschseife. Der Verlag war fauve geworden,
kadmiumgelb, dunkelgrün, signalrot. Er grub sich
  allmählich weg, noch konnte man ihn an
nikotinfarbenen Fingern erkennen, den Geldspritzen,
  doch ist es gemein, zu sagen, dass das Grundstück
ihm gehört habe, auf dem er einen Hochspannungsmast
  sprengen wollte und selbst in die Luft flog.
Es ist nicht leicht, nach unten zu kommen, und
  nicht sinnlos, aber keiner sieht gut dabei aus.
Er griff zu Patronen, verchromt und glänzend, die
  Rundung von intensiv leuchtender Farbe. Ich
bat ihn darum, mir eine zu schenken
(Morucci).
  Der Aschenbecher befindet sich nach vierzig
Jahren noch immer in Berlin-Charlottenburg, in
  der Heerstraße, nun auf dem Boden, wie ein
Hundenapf, der nie seinen Hund sah. Briefmarken
  wurden hier abgelegt, Expressaufkleber, auch
das schöne Sachen, die bald keiner mehr braucht.

© Dieter M. Gräf
aus: Buch Vier. Gedichte
Frankfurt am Main: Frankfurter Verlagsanstalt, 2008
Audio production: 2006 Literaturwerkstatt Berlin

FELTRINELLI OFFRE UN CENDRIER COMME
CADEAU DE MARIAGE

französisch

"et subir un échec, oui, c'est ça qui rapporte dans cette vie"
             Th. Kling, Leopardi: L'infinito/L'infini


un cendrier orange si grand qu'il prend toute la table
voilà le cadeau de Giangiacomo Feltrinelli pour
le mariage de Renate et Walter Höllerer, comme si tous
désiraient s'y pressurer pour être cendre dans le design:
voici les mort avant que les coups de feu ne partent.
Posée sur un des beaux fauteuils, plutôt jetée négligemment,
la ceinture munie d'un révolver grand format qui y est accroché.

A la Havane maintenant, dans un petit appartement de soixante-
dix, quatre-vingt mètres carrés
, il appartient à Fidel Castro.
Jacasser comme un livre, si bien qu'il ne se fera
jamais, et Inge, désormais La Feltrinelli, le photographie
en pyjama, qu'il aime encore bien porter aujourd'hui.
Giangiacomo portait deux peaux et avait l'air bizarre
quand il avait enfin réussi à s'en débarrasser. Puis
passait par les prés, ses dents se gâtaient, il mettait à
profit des légumineuses séchées en montrant qu'elles
amplifient leur volume dans l'eau, si bien qu'une petite plaque
de métal peut être pressée vers le haut, déclenchant
un mécanisme d'allumage; on mêle des comprimés
de potassium chloré venant de la pharmacie avec du sucre
de glace, ou de la paraffine liquide avec de la sciure, combinés avec
des petits bouts de savon. Sa maison d'édition était devenue fauve,
jaune cadmium, vert foncé, rouge vif. Il s'effaçait en s'enterrant peu à peu,
on pouvait encore le reconnaitre à ses doigts jaunis par la nicotine,
aux injections de capitaux, mais c'est plutôt mesquin de dire que lui
a appartenu la parcelle de terrain sur laquelle il voulait dynamiter
un pylône à haute tension et sauta lui-même. Ce n'est pas facile
de tomber bien bas, ni insensé, mais personne n'y est bien.
Il saisit les cartouches, chromées et brillantes, leurs arrondis luisant
intensément. Je lui demandai de m'en offrir une
(Morucci).
Quarante ans ont passé et le cendrier se trouve toujours à Berlin-
Charlottenburg, dans la Heerstrasse, mais maintenant sur le sol,
comme une écuelle qui n'a jamais vu son chien. On y a déposé des
timbres, des auto-collants, la belle affaire que voilà, nul n'en a plus besoin.

traduit par Joël Vincent

CLARETTA

deutsch | Dieter M. Gräf

ihr rosa Telefon mit der extra langen Leitung
auf dem Serviertisch, damit sie besser warten
kann auf ihn, oder, stundenlang, im Zodiakal

zimmer des Palazzo Venezia, bis er kommt, für
ein paar Minuten, Quickfick oder Geige spielen;
mit ihm Chopin hören, Gedichte lesen. Er, Sohn

eines Schmieds, gewaltsamster Leser Mörikes:
Ja, das ist alles, was uns bleibt, zu Rahn. Fand
ihn mit dem Band, leergeräumter Schreibtisch;

streute gerne deutsche Wörter ein, wenn er keine
Entsprechung finden mochte: spurlos, immer mehr
verschwanden so. Hat Klopstocks Messias über

setzt, Übung für ganz schwere Finger, hat die
Pontinischen Sümpfe trockengelegt, als ein
cholerischer Halbgott, bevor er der deutschen

Sprache gänzlich erlag. Sprach Deutsch, wenn er
mit Hitler konferierte, der sandte ihm in der Kiste
den Gesammelten Nietzsche, Goldschnitt, blaues

Saffianleder: all sein Hab und Gut als Gefangener
auf dem Gran Sasso. Dolmetschte gar bei Besprechungen,
so weit kam’s, musste aber nachlesen, was genau

besprochen wurde, in den Protokollen. You’re
the top. You’re Mussolini
, sang Cole Porter in
seiner Glanzzeit, aber nun ist das nur noch einer,

alt und krank. Der Duce des Führers ist nicht mehr,
den Rest stellen die Deutschen auf in Salò;
auf der Via Nomentana lagen die Partei

abzeichen wie ein goldglänzender Teppich, und
die gelben Fluten des Tiber schwemmten Hunderte
von weggeworfenen Uniformen dem Meer zu –

die hinzurichtenden Verschwörer, der Ducellino ...
Als Faschistenführer ein Wrack, hält durch ...
wurde er denn ... „geliebt“, „als Mensch“? All

die Filme, die da laufen, zehnmal heftiger als sonst.
Ho preferito così – Claretta Petacci in: Die
Rolle ihres Lebens
, lässt sich nicht mehr abziehen

von ihrer Haut, ist ganz und gar letzte Geliebte;
und als sie ihm nachreiste, gab sie sich hin,
der Legende, wunschlos, was nähere Umstände

anging, zu allem bereit, so wie ein guter Faschist,
ein guter Partisan. Der Showdown bei Dongo.
Bekommt „so jemand“ den Tod, den er „verdient“?

Manche verdienen Geld, manche verdienen sich
ihren Tod, zahlen sich ein im Unmaß;
barbarisch, so ein Hundert-Mann-Tod, für ihn

und Claretta Petacci. Zuerst in die gewöhnlichste
Gewöhnlichkeit abfahrende Achterbahn, bevor
sie hochschnellt in ein Gleißen, das nicht

vorgesehen ist. Läppische, beiläufige Festnahme
im Konvoi, apathisch geworden, hat sich gerade
noch eine deutsche Uniform übergestreift, geht

einfach mit, sitzt da, vor irgendwem. Irgendwo
in der Pampa lässt er aus sich Der unsichtbare Mann
machen: Kopf in eine feste Hülle von Verbandsstoff

gewickelt, Mund und Augen als drei schwarze
Schlitze inmitten eines Knäuels weißer Watte.

In der Zöllnerkaserne; in der abgelegenen Berghütte.

Er, mit diesem monströs verbundenen Kopf,
Claretta mit hohen Absätzen, im Regen da hinauf.
Man sagt: ihre einzige gemeinsame Nacht, bei

diesen Bauersleuten, Feld der Resistenza, nicht besonders
bewacht, die hielten sie für ganz nette Leutchen.
Nur die Wimperntusche fiel auf, und dass sie ins Kissen

geweint hatte, bevor man sie durch die Gegend fuhr,
bis man einen Platz fand, geeignet zum Abknallen.
Das war ihr erster Tod. Dann ging es weiter. Auf

geladene Leichen, auf den Lastwagen aus Dongo,
mit weiteren, nach Mailand; die kahlgeschorenen
Faschistinnen, denen man mit roter Farbe Hammer

und Sichel auf die Stirn malte, Piazzale Loreto.
Dort ausgelegt auf dem Boden, jetzt durfte jeder mal:
spucken, treten, draufsetzen und pissen. Rache, oder

dafür, ihn vergöttert zu haben, geträumt, er erschiene
plötzlich im kleinen Leben und höbe es hoch, mit
seinem Fick, seinem Händedruck, Zeilen von seiner Hand,

in die jetzt einer ein Zepter hineinlegt, verhöhnt wie
der Judenkönig, ist er jetzt, in der allerletzten Minute nach
der allerletzten, den schon etwas breiigen Kopf auf dem Schoß

von Claretta Petacci, ihre lichtblaue Unterwäsche;
auch Partisan, denn dieser Platz ist für 15
von Deutschen Erschossene, wird nun mit den Füßen,

ist Petrus, einer, der nicht mehr er ist, wird
mit den Füßen an den Querträger
dieser ausgebrannten Tankstelle gehängt,

daneben Claretta, ihr an den Knien vom
Partisanengürtel zusammengehaltener Rock,
und die Gerarchen. Was für eine


bibel

                                                          schlimme


Gnade.

© Frankfurter Verlagsanstalt, 2008
aus: Buch Vier. Gedichte
Frankfurt am Main : Frankfurter Verlagsanstalt, 2008
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin, 2012

CLARETTA

französisch

son téléphone rose avec fil extra long
sur la table roulante, pour l’attendre plus
aisément, ou, des heures entières, prête à

l’accueillir dans la pièce zodiacale du Palazzo Venezia,
quelques minutes, baise éclair ou jouer du violon ;
ensemble écouter Chopin, lire des poèmes. Lui, fils

d’un forgeron, lecteur de Mörike des plus violents ;
oui, c’est tout ce qui nous reste, à Rahn. Le trouvait
avec le recueil, sans rien d’autre sur le bureau ;

aimait insérer ça et là des mots allemands, quand
aucun équivalent ne lui venait : spurlos, toujours
plus disparaissaient ainsi. A traduit La Messiade

de Klopstock, et exercice pour des doigts très lourds,
il a asséché les Marais Pontins, véritable demi-dieu
colérique, avant de succomber totalement sous

la coupe de la langue allemande. Langue qu’il parla,
quand il conféra avec Hitler, qui lui envoya dans une
caisse l’œuvre complète de Nietzsche, dorée sur tranche,

maroquin bleu : ce fut là tout son bien comme prisonnier
au sommet du Gran Sasso. Fit même l’interprète à des
conférences, en était venu jusque là, mais devait relire

et vérifier ce qui avait été strictement débattu. You’re
the top. You’re Mussolini
, chantait Cole Porter porté en
son temps de gloire, mais à présent ce n’est plus qu’un homme

du commun, vieux et malade. Le duce du Führer n’est plus,
ce qu’il en reste les allemands l’installent à Salo ;
sur la Via Nomentana une jonchée d’insignes du parti

tel un tapis brillant comme de l’or, et les flots
jaunes du Tibre charriaient vers la mer des
centaines d’uniformes qu’on y avait jetés, que ça disparaisse

les conjurés à exécuter, le Ducellino ...
Comme dirigeant fasciste une épave. Tient bon …
fut-il alors … »aimé«, »en tant qu’être humain ?« Tous les

films qui tiennent l’affiche, dix fois plus violents que d’habitude.
Ho preferito cosi ― Claretta Petacci dans : Le rôle
de sa vie
, plus question d’y perdre sa peau bêtement,

elle est corps et âme la dernière amante,
et lorsqu’elle voyagea pour le revoir, elle se donna à lui,
entra dans la légende, sans chipoter pour ce qui était

des détails, prête à tout, comme un bon faschiste,
un bon partisan. Le Showdown près de Dongo.
»Tout un chacun comme ça« a-t-il la mort qu’il »mérite« ?

Pour les uns l’argent au mérite, pour les autres savoir
mériter leur mort, s’en remettre à elle à l’excès ;
barbare, la mort d’une centaine d’hommes, pour lui

et Claretta Petacci. Banalité la plus banale
d’abord d’un grand huit qui s’emballe, avant
de se propulser dans une brillance tout à fait

imprévue. Arrestation incidente et stupide
dans le convoi, devenue apathique, venait juste
de se passer un uniforme allemand, va

bel et bien avec, assise là, devant n’importe qui.
Quelque part en pleine brousse il se fait de lui-même
L’homme invisible : tête enveloppée dans une solide

gaine de bandage, bouche et yeux comme trois fentes
noires au beau milieu d’une pelote de coton blanc.

Dans la caserne des douaniers ; dans un refuge isolé.

Lui, avec ce monstrueux pansement à la tête,
Claretta et ses hauts talons, sous la pluie là-haut.
Ce qu’on a dit : leur seule nuit commune, chez

ces paysans, zone de la résistance, pas particulièrement
surveillée, ils les prirent pour des petites gens bien gentils.
On remarqua alors son mascara, et qu’elle avait pleuré

sur l’oreiller, avant qu’on les trimballe en voiture
jusqu’à trouver une place appropriée pour les descendre.
Ce fut leur première mort. Puis ça continua. Sur

un camion de Dongo chargé de cadavres, avec d’autres,
direction Milan, des femmes faschistes tondues
à qui on avait peint en rouge sur le front

marteau et faucille, Piazzale Loreto. C’est là,
qu’exposés sur le sol, chacun pouvait à présent :
cracher, donner des coups de pied, s’asseoir sur eux et pisser.

Vengeance ou pour l’avoir déifié, rêvé, à tous il semblait
soudain de peu d’envergure qu’il déployait pourtant large,
à coups de baise, de poignées de main, de mots signés de sa main,

dans laquelle voilà qu’on met un sceptre, et c’est honni
comme le roi des juifs qu’il est à présent, dans la toute dernière
minute après la toute dernière, la tête déjà bien en bouillie

sur le giron de Claretta Petacci, ses dessous d’un bleu lumineux ;
partisan aussi, car cette place est bien celle des 15 fusillés
par les allemands, il est pris maintenant par les pieds,

le voilà Saint-Pierre, lui qui n’est plus rien est pendu
par les pieds à la barre transversale
de cette station-service calcinée, à côté  

Claretta, sa jupe maintenue aux genoux
par une ceinture de partisan,
et les gerarchi. Quelle drôle de

biblique

                                    mauvaise


grâce.

Traduction: Joël Vincent,
avec la collaboration de Bettina Hartz