Laurent Cassagnau
Übersetzer:in
auf Lyrikline: 11 Gedichte übersetzt
aus: deutsch nach: französisch
Original
Übersetzung
flurpoesie
deutsch | Laure Gauthier
marie (an albert) ... Du verfügst über einen Dialekt. Es ist nicht meine Schuld, wenn Du es verdrängt hast. Manchmal schreit eine Stimme aus der anderen Sprache, aus dem Raum gegenüber. Auf eine so eindrucksvolle Weise, dass sie vorübergehend alles andere überdeckt... Manchmal bin ich außer Atem − im langen Flur. Versuche von dem einen Zimmer in das andere zu gelangen, so schnell es erfordert wird, ohne dabei etwas zu vergessen. Oft sehe ich die hellen Spuren im Gang, die meine Füße hinterlassen haben, nasse Abdrücke, zwei entgegengesetzte Richtungen auf- weisend; niemand außer mir kann sie sehen, denn sie verschwinden bald, keiner vernimmt die Verwirrung hinter meiner Pupille, Zaubertafel.
Wir Ausländer sind die neuen Dialektianer. Beim Tranchieren des Fleisches am Spieß, beim Taxifahren oder beim Niederschreiben eines Romans. Ist der Blick geprägt. Von. – Flurpoesie – .
Die einen mit ihrer bodenständigen Dialektpoesie, wir Millionen mit unserem wurzellosen Gesang. Nie natürlich, permanent beim Auswählen, Erwägen, Probieren. Meine Flurbrüder. Wenigstens zeigt der Akzent die Unzulänglichkeit. Sollte ein Hinweis sein auf andere Wortquellen, tieferliegende. Einige Quellen kommen besonders gut an. Es gibt geliebte und verhasste Geographien bei Neologismen. Ich komme noch relativ gut an mit meinem Millefeuille.
Meine Lawinen haben mit dir wenig zu tun. Wenn Du unter dem weißen Schutt liegst, dann freiwillig. Ich bin eigentlich das einzige Opfer meiner Sprachexperimente.
Klangreiche Staublawine. Herabstürzende Brocken, Aufprall, aufgewirbelte Partikel, Decken, die abrutschen. Gleithorizonte. Auf denen alles abstürzt, anders verteilt wird,
flüchtige Architekturen,
Phantomformen. Kalte Pulverfreude dann.
Kreative Masse, löst sich auf, verschlingt, überfällt, schnell und langsam zugleich. Pulverisiert sich selber. Weißes Feuerwerk! Atem-
not kriege ich manchmal,
weil so viel Neues entsteht. Soll ringen. Die dumpfe Lärmwolke präzisiert das Gefühl, während auf dem Boden alles schon gespielt ist. Massive Stille hier,
dort ein dumpfes Getöse. Meine Wortexplosionen nehme ich nur im Notfall vor. Bin selbst gefangen in der Schneemasse. Unge- ahntes liegt dann vor mir.
Es lag so ruhig ewig, Gletscher-gleich! Plötzlich, wild still bewegt sich alles, bildet Höhlen, Berge, rieselt herunter. Es entsteht Neu- schnee. Ein Wunder
Ich, Saturn geworden. Ringe um meine Worte. Flirrendes Licht, tanzende Partikel.
aus: marie weiss rot / marie blanc rouge
Delatour, 2013
Audio production: Haus für Poesie, 2021
poésie de couloir
französisch
marie (à albert) ... Tu disposes d’un dialecte. Ce n’est pas ma faute si tu l’as refoulé. Parfois une voix crie en moi, venue de l’autre langue, de la pièce d’en face. Elle est si impressionnante que provisoire- ment elle recouvre tout le reste... Parfois je suis à bout de souffle – dans le long couloir. J’essaie d’aller d’une pièce à l’autre, aussi vite qu’il est requis, sans rien oublier. Souvent, je vois les traces claires dans le couloir que mes pieds ont laissées, des empreintes humides, indiquant deux directions opposées ; personne d’autre que moi ne les voit, car elles disparaissent rapidement, personne ne perçoit le trouble derrière ma pupille, ardoise magique.
Nous les étrangers, nous sommes les nouveaux dialectophones. Quand nous tranchons la viande sur la rôtissoire, quand nous conduisons des taxis ou que nous écrivons un roman. Le regard est imprégné de. Poésie de couloirs. Certains ont une poésie dia- lectale, enracinée dans le sol ; nous, nous sommes des millions à avoir un chant dépourvu de racines. Jamais naturel, il faut tou- jours le choisir, le soupeser, l’essayer. Mes frères de couloir. Au moins l’accent suggère l’insuffisance. Devrait rappeler qu’il y a d’autres sources de mots, plus profondes. Certaines sources ren- contrent des échos plus favorables. Il y a des géographies aimées, d’autres haïes dans les néologismes. Je suis relativement appréciée avec ma Kaisertorte.
(….)
Mes avalanches n’ont pas grand-chose à voir avec toi. Si tu te retrouves sous les blancs décombres, c’est que tu le veux bien. En fait, je suis la seule victime de mes expérimentations verbales.
Avalanche de poussière sonore. Blocs qui déboulent, impact, par- ticules tourbillonnantes, plaques qui se détachent. Horizons glis- sants. Sur lesquels tout s’effondre, tout est réparti autrement,
fug
itives architectures,
formes fantomatiques. Puis une allégresse froide, poudreuse.
Masse créative, qui se dissout, avale, dévale, vite et lentement à la fois. Qui se pulvérise elle-même. Feu d’artifice blanc ! Respiration
bloquée parfois par tant de nouveauté. Je dois lut- ter. La nuée de sons sourds
précise la sensation, alors que sur le sol tout est déjà joué. Silence massif ici.
Là-bas un vacarme sourd.
Je n’ai recours à mes explosions verbales qu’en cas d’urgence. Suis moi-même prisonnière de la masse neigeuse. Alors s’étend devant moi ce qui n’a jamais été pressenti.
Paisible éternité, un glacier ! Soudain : sauvage quiétude, tout s’anime, tout dessine des cavernes, des montagnes, s’écoule doucement.
Moi, devenue Saturne.
Une neige nouvelle se forme. Un miracle. Anneaux autour de mes paroles. Lumière vibrante, particules dansantes.
Ausschnitt aus Laure Gauthier, marie blanc rouge / marie weiss rot, Delatour, 2013
*** [história trágico-marítima]
deutsch | Anne Seidel
história trágico-marítima. tragische seegeschichte. maritime
geschichte als geschichte untergehender schiffe.
von der traurigkeit unserer kurzen saetze ende oktober - bleibt eine erinnerung: ein dunkler stadtwald der dich aengstigt. weiter oben dringt in die kulissen leise regen, ich moechte nicht sagen die wipfel. wie du sind die gefalteten levkojen nicht der raum. der bleibt ungedacht. auch nachlassender rauch kennzeichnet nicht den raum. die sprache ist nicht der raum. der raum ist eine bank auf der wir uns voreinander verstecken, spaeter vielleicht am abend, wenn wir diese bank schon lange verlassen haben, hat sie wieder aufgehoert, der raum zu sein.
aus: Chlebnikov weint
poetenladen, 2015
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin, 2016
*** [história trágico-marítima]
französisch
História trágico-marítima. Tragique histoire maritime.
Histoire maritime : une histoire de navires qui sombrent
de la tristesse de nos brèves phrases fin octobre – il ne reste qu’un souvenir : une sombre forêt urbaine qui t’angoisse. plus haut de la pluie pénètre doucement dans les coulisses, je ne dirais pas les cimes. comme toi les giroflées repliées ne sont pas l’espace. celui-ci reste impensé. une fumée qui diminue, non plus, ne caractérise pas l’espace. la langue n’est pas l’espace. l’espace est un banc sur lequel nous nous dissimulons l’un à l’autre, plus tard peut-être, quand nous aurons quitté depuis longtemps ce banc, il aura cessé d’être l’espace.
ABWESENHEITEN X / batjuškov
deutsch | Anne Seidel
batjuškov, bei dir wird es frueher dunkel, schleier und waende (batjuškov) ueber
schnee geschoben im warmen pelz (tier) vor den fassaden (haltungsboegen) der
russen mit den russischen augen im russischen oder sibirischen winter bei
russischem licht dein ausgestorbener blick.
der sprache noch im scheitern treu, wird der schnee kurz vor dem verschwinden
durch das kaelterwerden gerettet ein eiserner nachtzug zieht an dir vorueber
zerrt stille hinter sich her, fallende stuerme umwirken die fenster von außen.
aus: Chlebnikov weint
poetenladen, 2015
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin, 2016
ABSENCES X/ batiouchkov
französisch
batiouchkov, chez toi il fait sombre plus tôt. voile et murs (batiouchkov)
poussés sur la neige dans la chaude fourrure (animal) devant les façades
(questionnaire d’adoption) des russes avec les yeux russes dans l’hiver russe
ou sibérien à la lumière russe ton regard éteint.
fidèle encore à la langue jusque dans l’échec, la neige est sauvée juste
avant de disparaître en devenant plus froide un train de nuit en fer passe
à côté de toi entraîne le silence derrière lui, les tempêtes en tombant
entortillent de l’extérieur les fenêtres.
zug durch belarus
deutsch | Anne Seidel
klirren silbern loeffel (in den teeglaesern der reisenden) hinein in die erinnerung an das novgoroder kirchenspiel, gibt es (den unbeirrbaren) weg des sich entziehenden (sich mir entziehender verzweifelter griff in das federkissen). hier: schwarze schienen halbverdeckt, das ueberholende ueberholt uns nicht, hat es nie. wir sind versunken mit dem letzten stein (klang des regens auf dem blechernen zugdach).
aus: Chlebnikov weint
poetenladen, 2015
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin, 2016
train à travers la biélorussie
französisch
des cuillères argentées cliquètent-elles (dans les verres à thé des voyageurs) jusque dans le souvenir du carillon de novgorod, s’ouvre alors le chemin (l’imperturbable) de ce qui se soustraie (se soustrayant à moi, désespérément, la main qui plonge dans l’oreiller). ici : rails noir à demi-recouverts, ce qui dépasse ne nous dépasse pas, ne l’a jamais. nous avons sombré avec la dernière pierre (son de la pluie sur le toit en tôle du train).
HYGIENE DER ANGST IV
deutsch | Anne Seidel
schwarze spitzen, weiße linien, russland, so hilflos zieht
stille ein, die namen getraenkt, ende der waelder,
es fehlte immer eine hand, versunken im pelz
schwarze spitzen, weiße linien, da warst du, so hilflos zog
stille in dich ein, in namen und waelder, ferne,
es fehlte immer eine hand, versunken im schnee, solovki
aus: Chlebnikov weint
poetenladen, 2015
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin, 2016
HYGIENE DE LA PEUR IV
französisch
pointes noires, lignes blanches, russie, désemparé s’installe
le silence, les noms abreuvés, fin des forêts,
il manquait toujours une main, engloutie dans la fourrure
pointes noires, lignes blanches, tu étais là, désemparé s’installait
le silence en toi, dans les noms et les forêts, lointains,
il manquait toujours une main, engloutie dans la neige, solovki
HYGIENE DER ANGST III
deutsch | Anne Seidel
eingaenge, solovki, tiefschwarzes licht, signal der stadt.
opalisierend, solovki, gesichter, laute endlosigkeiten,
wenn alles einfiel, solovki, vielleicht, zuletzt zuckte es
keine ausgaenge, solovki, tiefschwarzes licht, signal der stadt.
augopal, solovki, gesichter, wenn nach lauter endlosigkeiten alles
einfiel, solovki, vielleicht aug in auge
aus: Chlebnikov weint
poetenladen, 2015
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin, 2016
HYGIENE DE LA PEUR III
französisch
entrées, solovki, lumière d’un noir profond, signal de la ville.
opalisant, solovki, visages, infinités à forte résonance,
quand tout s’effondra, solovki, peut-être, pour finir cela tressaillit
pas de sorties, solovki, lumière d’un noir profond, signal de la ville,
opale de l’œil, solovki, visages, quand à force d’infinités tout
s’effondra, solovki, peut-être les yeux dans les yeux
HYGIENE DER ANGST I
deutsch | Anne Seidel
statue, die den platz sezierte, hygiene der angst, eine kaelte, die
schneesaum, geronnenes erdoel und einen melancholischen hund
verzeichnet, leuchtendes andenken, logik des rauchgeruestes
statue, die den platz seziert, hygiene der angst, kaelte - stand:
ein schweres rieseln durchschreitend, negantia, aufstuende ein
melancholischer hund, vielleicht
aus: Chlebnikov weint
poetenladen , 2015
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin, 2016
HYGIENE DE LA PEUR I
französisch
statue qui disséqua la place, hygiène de la peur, un froid qui
consigne ourlet de neige, pétrole solidifié et un chien mélancolique,
souvenir lumineux, logique de l’échafaudage de fumée
statue qui dissèque la place, hygiène de la peur, froid – se dressait :
traversant un lourd ruissellement, negantia, se dresserait un
chien mélancolique, peut-être
ABWESENHEITEN I / I am sitting in a room
deutsch | Anne Seidel
gesichter, I am sitting in a room, regelmaeßigkeit des laechelns
(gefunkel)
in stillem wiederaufgenommenem nichts
abdruecke eines neurotischen schlafes, vielleicht schon
gestillter muedigkeit
dunkle kuppe wintergarten du schlaefst
raumeinziger-einziger
(nichts ruft mehr)
in die immanenz
chlebnikov weint
(gewoelbt vielleicht
vielleicht konkav)
aus: Chlebnikov weint
poetenladen, 2015
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin, 2016
ABSENCES I / I am sitting in a room
französisch
visages, i am sitting in a room, régularité du sourire
(scintillement)
dans le silencieux néant réenregistré
empreintes d’un sommeil névrotique, peut-être déjà
d’une fatigue étanchée
sombre mamelon jardin d’hiver tu dors
espaceunique-unique
(rien n’appelle plus)
dans l’immanence
khlebnikov pleure
(voûté peut-être
peut-être concave)
*** [und das ist (erst) der anfang]
deutsch | Anne Seidel
und das ist (erst) der anfang, das chaos, das umschattete verstoerte, welches den raum der vermischten praesenz aufzeigt. hier. eine lampe, ein tisch, ein stueck papier, die ganze welt in kisten, bis auf ein paar buecher. montale vor allem. die reise: ein abdruck der lautlosen folge ineinander gesprochener worte. sprach man sich zuvor an - so mit dem bedauern des geringsten. aber ja, sage ich dennoch. kleine dinge. wassergeraeusche, die nacht wird regiert und ein laut dringt durch die leerstellen der baeume, wie durch die schlaefen einer weißen entropie.
aus: Chlebnikov weint
poetenladen, 2015
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin, 2016
*** [et c’est (seulement) le début]
französisch
et c’est (seulement) le début, le chaos, la perturbation cernée d’ombres qui dévoile l’espace de la présence mélangée. ici. une lampe, une table, un bout de papier, le monde entier dans une caisse, excepté quelques livres. montale surtout. le voyage : une empreinte de la suite silencieuse de paroles imbriquées l’une dans l’autre. s’adressait-on auparavant la parole – c’était avec le regret du minime. mais oui, dis-je malgré tout. petites choses. bruits d’eau, la nuit est gouvernée et un son pénètre à travers les espaces vides des arbres, comme à travers les tempes d’une blanche entropie.
komitas und dane zajc in minsk
deutsch | Anne Seidel
komitas schwarzblaue amsel
auf einem blauen zaun dein auge
komita
unbewegt
eine kleine hand in aengstlichkeit zu dir
komitas beschienen vom
sonnenuntergang
in minsk april
(dein april) (dein minsk)
kom i ta wie ein sturm
ein schwarm
vorbeiziehender
schwalben
so leis hallt dein stille gewordenes schweigen ass ass ass
die scherben des wassers auf einem dunkel werdenden feld
aus: Chlebnikov weint
poetenladen, 2015
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin, 2016
komitas et dane zajc à minsk
französisch
komitas merle bleu noir
sur une clôture bleue ton œil
komita
immobile
une petite main en anxiété pour toi
komitas éclairé par
le coucher du soleil
à minsk avril
(ton minsk) (ton avril)
kom i ta comme une tempête
une nuée
d’hirondelles
de passage
si faible l’écho de ton silence devenu muet ass ass ass
les tessons de l’eau sur un champ s’obscurcissant
OCEAN FACILE
deutsch | Anne Seidel
[...]
zwei raender mit schach- schwarzen kugeln in den raum
des schnees ziehend den raum des irrtums
verlassen wir eines tages das vage, wind,
fuer diese passage mit hineingetragenem regen,
spiegelaltem schnee la
tannen die flocken, stein. in situationierter ferne
zitternd das klirren, rauschen,
klirren von wasser oder beschlagenem glas,
falls vier verlorene bilder...
kostbar ist uns nur der augenblick
des erkennens - zwei
abgebrochene graphitspitzen auf altem papier
die uns immer noch erschrecken koennen
aus: Chlebnikov weint
poetenladen, 2015
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin, 2016
OCEAN FACILE
französisch
[...]
deux marges avec le noir des échecs - des billes passant dans
l’espace de la neige l’espace de l’erreur
nous quittons un jour le vague, vent
pour ce passage avec de la pluie rentrée
neige d’antique miroir la
sapins les flocons, pierre. dans un lointain en situation
tremblant le cliquetis, bruissement
cliquetis de l’eau ou du verre embué
au cas où quatre images perdues
seul nous est cher l’instant
de la connaissance - deux
pointes de graphite brisées sur un vieux papier
qui encore et toujours peuvent nous effrayer