Tobias Roth

Our fingers kept their cherry-cutting blue,
From last night’s reddish, reddening cherry juice.
The bluish cast rests on our fingertips,
Even after a night of washing, the hours’ fading.
Vague painting from the fruit’s flesh
Left the evening’s blue and red purples,
Colorations, maybe, and cherries.

Let’s go looking for red wines,
For light ones, as they’re only found in the mountains.
Where the blue suffuses the rocks and drips down,
And where, by the Vernatsch vines,
Musicians also sit. Should our lip be
Darkened and our mouth blackened,
We’ll wash it red again with a white.

At night the air was cooled
But little by the storm and you say I laughed
In my sleep, though no one knew of what.
We laughed at that the morning through
And at our blue, red fingers
Washed purples and time and again

D’avoir coupé les cerises, les doigts en restèrent bleus,
Du suc des cerises rougeoyant de la nuit d’avant.
Et aux bouts des doigts persiste
Imprégnée en bleutée, après passage d’eau et d’une nuit,
La peinture imprécise de la chair des fruits.
Du pourpre, le soir, il y en eut le bleu
Et le rouge : des teintures, soit, et des cerises.

Allons à la recherche de vins rouges,
Des légers, comme on n’en trouve qu’en massif montagneux,
Où le bleuissement s’accroche à la roche
Et s’égoutte en descendant et près du Schiava
Sont assis les musiciens aussi. Quand nos lèvres
Seront assombries et notre bouche noircie,
Nous les relaverons rouges dans du vin blanc.

L’air s’était peu refroidi, la nuit
Après l’orage et tu dis que j’avais ri
En dormant et personne ne comprend de quoi.
Pour cela nous rions encore du matin,
Et de nos doigts bleus et rouges,
Lavés pourpres, encore et encore