Roger Des Roches
Trains du velours, poème
Trains du velours, poème
Métropole du rêve,
l’océan pour le sable,
ou le martyr ou le cher monstre ?
Suis-je l’état de faim ?
Suis-je la patience tenace des lèvres ?
Suis-je l’odeur du café de l’odeur du bruit dur
du remplir et du vider en suçant,
suis-je, en créant le monde, l’animal ?
L’animal boit.
Déchire son visage.
L’animal déchire son visage,
donne des os, chef du sable, des châteaux de roux.
Je suis des mots attachés aux muscles.
L’animal de vente, l’odeur de la chose,
l’ordre et l’odeur de la chose,
de la terre jaune dans chaque syllabe.
L’animal dit :
« J’épuise mes gardiens. »
Je dis :
« Laisse la tête fondre. »
Mais je ne sais pas quelle tête trouver, quand crier.
Je suis un homme grimpé sur ses inquiétudes,
et l’impuissance, et la peine,
et la prière ordinaire, et la mort.
L’animal n’est ni transparent ni troublé.
Je suis d’une architecture de tremblants.
Images de bras mains coupées.
Je rêve de berceaux puant le ciel.
Mes gardiens m’épuisent.
De l’eau de pape des colères.
Laisse la tête foutue.
Laisse la tête véritable.
Pour une éternité interdite et belle.
Elle parle, princesse des merdes.
Elle est l’éternelle tremblante.
Nom de révélation, l’ombre qui bande.
Laisse la tête tranchée, franche, fragile, facile,
barbouillée de ciment frais.
Des ruisseaux de lèvres noires.
Le dessin d’un blason.
La tête vide,
le nombre du mille corps de Dieu de la ménagère
de mille choses griffues des bêtes faibles et irritées
de Dieu veut, Dieu va, Dieu a froid,
des insectes chassés par la lune
en criant Dieu veut, Dieu punit, Dieu a peur,
des stridentes, des paniques, des étrangers soudains,
des anniversaires étanches, des familles étanches,
des « où sont les aime-mes-yeux ? »
Laisse la tête fondre. Laisse.
Je n’épelle pas mon prénom ici,
je vais recommencer, je ne compte pas undeux,
j’écris pour l’autre Roger, je suis le maître, je rêve :
Elle attend, elle sue, elle se mord l’intérieur des joues,
elle est la vraie qui caresse le vrai,
elle est vie, elle est seins, elle est cul,
le désir la traverse
comme une croix bleue dans le ciel bleu.