Dominique Robert
TANDIS QUE LES TOURMENTEURS NOUS HÂTENT VERS LA MORT
Arbre à la ramure penniforme pour un poème tardif on emprunte ton image
Sourds aveugles muets organes de commande des phénomènes naturels
Effacez par degrés la cause de la pluie au-dessus de cette montagne
La géante étendue mère trop générale pour nous
Porte les bêtes vagabondes de l’éther dans son giron sombre
Entre ce qu’on dit et ce qu’on tait notre langue d’animal devient publique
sous la tutelle de ses symboles
Même défectueux ils croissent nos désirs depuis le début pressentis
Notre cœur déshabitué de jouer répète un chant que lui enseigne la lune
Géhenne métaphysique prends les traits de ce monstre auquel nous t’identifions
Nous les rabougries que tu empêches de reposer dans un lit
Pour qu’on torde bien le cou à ton bouquet de têtes
Qu’on monte au ciel lire le billet d’amour que nous adressent les constellations
et le fleuve
Notre mari quand il nous serre dans son étreinte
Simplifiée la nuit souffle en nous un moyen presque sûr de hâter le signe
Qu’on associe à tort à notre naïveté à la seconde puissance de croire
Que le bonheur viendra dans notre maison aux portes entrebâillées cueillir un à un
nos malheurs La plupart du
temps on rend très difficile de rencontrer ce pèlerin rare
Parce qu’on met dans la balance d’un plus tard formidable le poids d’un piteux
maintenant
Comment nous arrêter de rire c’est impossible nous hâter d’en finir ne nous
intéresse pas
Faisons au moins à la vie le crédit de la démesure de son existence
C’est notre contempteur qui disparaît en elle pour le bien de notre convalescence
À la vitesse de l’éclair s’est mêlé à notre cendre l’impur crachat de l’aventure
On en promettrait pain et vin de femme à une bouche d’homme
Sentant ce que la feuille sent sachant que nous pourrions nous tromper
Comme si un tigre mettait ses pas dans les nôtres
Audacieusement que demeure liberté notre état incalculé