Hélène Monette
POUR DENIS
POUR DENIS
Quand bien même tout ce qui est dans le paysage t’appartenait
quand bien même il y aurait un piano dans ton canot
quand bien même je serais sourde
il y aura le partage de ce que vieillir aura coulé de corsé
dans nos mots timides
il y aura ce café
comme un ruban de chapeau perdu
il y aura un ronronnement continu
le bruits de nos voix, attributs pacifiques
nos rêves cent fois envolés, nos rituels gauches
il y aura sans répit les demi-certitudes
les liens légers
quelques décorations de guerre à ne pas montrer
quand bien même on aurait une discussion mémorable
à propos de l’oubli
pour ou contre le fugace
qu’importe l’aléatoire
quand bien même tout ce qui est sur la table m’hallucinait
quand bien même mon âme irait au drame
pendant que tu te charpentes des rires du sud au nord
il y aura des moments
où le temps nous bousculera
bien peu sur quoi compter
il y aura ce partage d’on ne sait quoi
il y aura ce café on ne sait où
peut-être
à tout le moins
des regards fascinés de vieux
étalés dans le ciel
des regards sereins, oui
peut-être
à chacun son cheval dans le nuage qui vient