Rachel Leclerc
[Nous ne saurons de vous que la possession dernière]
[Nous ne saurons de vous que la possession dernière]
Nous ne saurons de vous que la possession dernière
un homme faisant sa vie dans le quotidien banal
d’un appartement vétuste où les cadrans le tyrannisent
où le papier peint a l’air fatigué des jours d’orage
il a porté son âge dans l’ombre sans fin de la terre
avec la gêne muette d’appartenir encore à sa naissance
il revient au meublé comme au charnier des ancêtres
son existence entre les mains comme une herbe mauvaise
un appétit d’être qui pousse et qui s’acharne toujours
une terrible magie qui ne cesse pas de le contredire
quand la nuit le berce dans un corset d’insomnie
ramenant un à un les visages affamés de la veille