Patrick Lafontaine
l’espace entre le monde et ma course me préoccupe
l’espace entre le monde et ma course me préoccupe
l’espace entre le monde et ma course me préoccupe. rien n’offre de prise quoique mille bras se tendent. ma vie est un passage qu’il faut ordonner comme un jardin. d’une intensité calme et droite. les haies de cèdres propagent des dédales où sont calculés les éclats solaires. des marbres m’imitent. et lorsqu’ils s’effondreront, las, j’allongerai mon corps auprès du tien, maman. tout ordonnés que nous soyons, le jour viendra pour préserver la beauté de ce que nous aurons vécu. le temps s’achèvera sur l’implacable linéarité de notre course. tu me diras regarde ce jardin que nous n’avons pas su cultiver. un voile se perdra dans un nuage et je verrai le ciel pour la première fois. découvrant après ma mort l’heureux désordre de Dieu. alors tu me désigneras un père parmi ces nuages, et j’aurai l’éternité pour le concevoir.