Patrick Beurard-Valdoye
Kabelvåg (îles Lofoten)
Kabelvåg (îles Lofoten)
Je marche sans jalon sans descente de jour
dans la pesanteur du soir au rythme de l’aube
les papillons de nuit graminent et virevoltent
de roses canines en digitales polaires
l’embrasé est signe du couchant traduit en levant
entre temps le flux ascendant d’un coup sec
alerte toute mouette de garde
je marche au pied du sphinx étêté
chaque pause recolorie les cimes verdissées ou violettes
au bout du monde au devant des forteresses
rocheuses de prime abord indescriptibles
au bout du phare jamais éloigné de Aa
— lettre ultime du mælstrom — où je lis :
“Pourquoi m’avoir amenée ici ?
Tu n’es pas assez femme pour le savoir ?”
je marche entre le rocher visité des rois
et le roc des trolls de Finneset
entre cabane à fumure saumonée
et treilles à morue séchée
auprès de la charmante prison Tremastringen
devenue l’école d’arts visuels :
quand la corde se métamorphose en câble
la forteresse se raccorde à l’image vague de l’île.