Andreas Altmann

you look to the border through your eyes. dispersed
settlement, the decaying skin of the houses.
you in those rooms as a child. beyond that paths
lacing around the lines of sight. stomach
upsets from growing smaller. the woods
with the shots aimed at you.

your father tired from keeping silent. your mother
tired from keeping silent. not a word
that leads back. they will not come home
until death, that extends a moment
across time. the border begins
in the eyes before that. soldiers, papers, me,

on foot with the eyes of my father,
who is holding my hand more tightly, and the pearls
on my mother’s eyelashes, which I keep in empty
cigar boxes and which mist up
each time I open them under the bed. in the woods
there are weapons buried someone told me

who has no name, since then the trees
have shot into the sky that vanished here.
i pay attention only to the path, to find
my way out before the evening rises up.
only when i am alone in my room do i sleep
with the light on, that disperses.

mirás la frontera más allá de los ojos. una aldea
de casas dispersas, cuya piel se desprende a jirones.
vos en tus cuartos de niño. detrás, caminos
que encierran la mirada. el dolor de estómago
de sentirse pequeño. el bosque
con las balas que te apuntan a vos.

el padre cansado de callar. la madre
cansada de callar. ninguna palabra
que los lleve de regreso. no vuelven al hogar
hasta la muerte que por un instante
anula el tiempo. la frontera empieza
en esos ojos, allá adelante. soldados, papeles, yo

voy a pie, con los ojos del padre
que me aprieta fuerte la mano y las perlas
en las pestañas de mamá que guardo bajo la cama
en cajas de cigarros vacíos y que se opacan
cada vez que abro una caja. alguien me contó
que en el bosque hay fusiles enterrados:

desde entonces los árboles se dispararon
hacia el cielo, que aquí desapareció.
sólo presto atención al camino para encontrar
la salida antes de que se anuncie la noche.
únicamente cuando estoy solo en el cuarto me duermo
con la luz prendida, que se dispersa.

tu regardes la frontière à travers les yeux.  habitations
dispersées, la peau des maisons en décomposition.
toi dans les pièces, enfant.  derrière, des chemins
qui s’attachent aux regards.  la douleur
à l’estomac de se sentir rapetisser.  la forêt
avec ses tirs dirigés vers toi.

le père fatigué à force de silence.  la mère
fatiguée à force de silence.  pas un mot
qui ramène en arrière.  ils ne rentreront pas chez eux
jusqu’à la mort qui un instant
dépasse le temps. la frontière commence
dans les yeux devant elle.  soldats, papiers, je

vais à pied avec les yeux du père,
qui serre ma main plus fort, et les perles
sur les cils de mère, que je conserve dans des boîtes de cigares
vides, et qui s’embuent
chaque fois que j’ouvre une boîte sous le lit.  dans la forêt,
il y a des fusils enterrés, m’a raconté quelqu’un

sans nom, depuis lors les arbres
ont poussé dans le ciel, qui ici a disparu.
je ne prête attention qu’au chemin afin de retrouver
la sortie avant que le soir ne s’installe.
ce n’est que lorsque je suis seul dans la pièce que je m’endors
avec la lumière allumée, qui se disperse.