Michel Garneau
grande ballade de la petite fille de l’an deux mille
tu as six ans et tu sais déjà peut-être
le vertige de la première fêlure
le grand doute qui lentement nous empêtre
que les choses n’ont pas toujours franche allure
et qu’elles trempent parfois dans la souillure
et que chaque rêve est d’abord un mensonge
dans un monde où tout un chacun d’abord songe
à sauver son tas de petites affaires
que l’on cache bien et qui nous rongent
regarde bien petite tu as les yeux clairs
vois bien clair que tu as de grandes ancêtres
et du moindre fais donc grande balayure
que de toutes tutelles tu te dépêtres
et dise au roi et maître à la revoyure
tu m’as traîtée toujours comme une chiure
il faut que tout entier tu te resonges
et que rien de ce charnier tu ne prolonges
refaire le monde voilà la grande affaire
sache le bien il faut vraiment que tu plonges
regarde bien petite tu as les yeux clairs
rien en ce monde n’est plus beau que les êtres
sommes l’un de l’autre colorié feuillure
il ne faut plus que les malotrus perpètrent
traitant toute dignité comme rognure
et l’histoire de l’espoir comme une rouillure
entravant la justice de leur riche longe
il ne faut pas que tu tolères leurs mensonges
leur crimes de guerre qui sont crimes d’affaires
écoute petite je ne mens ni forlonge
regarde bien petite tu as les yeux clairs
envoi
c’est à toi petite fille que je songe
pour nous sortir du grand fouillis de mensonges
de l’horrible patrimoine nous défaire
où tout ment et veut que mollesse nous allonge
regarde bien petite tu as les yeux clairs