Denise Desautels
Consolation peut-être
Consolation peut-être
Elle. Lui. Son bras aussi haut qu’une pensée.
Que dit ton corps quand il ne bouge plus ?
quand il refuse de céder devant le poids du monde ?
À quoi prétendent nos corps quand ils essaient de résister à la pression des
murmures ?
Nos mains droites, paume contre paume.
Plusieurs fois nous sommes deux et parfois abruptement.
Deux. À tomber. À nous relever. Plein fracas à l’intérieur.
À chercher ce qui ne va pas de soi. Un allongement de l’aube.
Deux. Athlétiques. Aériens. Dans l’attente.
Jeu. Joie. Consolation peut-être.
Deux. Un ensemble de bras dans un bleu trop liquide.
Deux. Une architecture mobile de gestes et d’ombres.
Qui tentent de se rejoindre, se croisent, s’effleurent, se prolongent.
Se portent secours parfois.
N’arrivent pas toujours à oublier les abus de ténèbres. Dehors, dedans.
Côté soupçon, légèreté, euphorie, métaphore.
Nous débattre en douce. Nous laisser entraîner. Penser à autre chose.
L’espoir ferme.
Danser comme on dit : nager.
Nous nous abandonnons à l’oblique de la nuit.
En solitaire. En aveugle.
Une tête vive et noire. Sur ta jambe gauche, ta poitrine. Sous ton aisselle
droite.
Quel étonnant tableau de notre humanité !
Encore belle. Encore vulnérable.
Parfois ses bras à lui au-dessus, les siens à elle à proximité de tout, de rien.
Bras avant bras arrière, treillis extravagants.
Devant la brusquerie des faits, l’extrême futur de nos bras.
Une utopie déploie ses ailes, on dirait.
Trois, vingt, mille diagonales de lumière.
Formes obscures en mouvement dans l’indigo.
Nous nous acharnons. Nous nous dépaysons.
Nous nous observons sans nous regarder.
Qu’y a-t-il plus loin ? au-delà ?
Nos corps vivants, amples, sculptent la ville.
L’envergure de nos bras.
Nos corps eux-mêmes en arrêt. Nos corps sculptures.