Gioia Kayaga
Babel
Babel
J'ai vu la ville et ses tours de verre,
qui s'élèvent vers la voûte céleste
Frontières surveillées par les cerbères,
mers et déserts transformés en cimetières
Plus de place au Royaume des privilèges
Rues ternes où s'échouent les rêves ;
chimères sur panneaux publicitaires,
Les métros sales déversent
des bureaucrates aux cernes épaisses
Code universel
On s’exprime tous en langage des chiffres :
rapports virtuels
émotions statistiques, dépenses frénétiques…
Vis, vis dans la matrice, creuse-toi la dette
Brique par brique : on rebâtit Babel,
le mythe se répète
Brique par brique : le mythe se répète,
on rebâtit Babel
J'ai vu la ville et ses tours de verre
qui s'élèvent vers la voûte céleste ;
Asphyxiée par l’asphalte,
j’ai entendu crier la croûte terrestre
Autour des carcasses, les rapaces se pressent :
on a sacrifié les faibles, c’est la jungle urbaine
Animal technologique docile à la doctrine du profit
Libellule posée sur leur marais,
j’ai avalé la pilule, la matrice n’a plus d’attrait
Libellule libérée de Babel,
je m’envolerai dans un battement d’ailes...
Avant de mettre les voiles,
laisse-moi me brûler les ailes,
sous les lumières artificielles, une dernière fois
Avant de mettre les voiles,
laisse-moi gratter le ciel
pour chatouiller les étoiles du bout de mes doigts