Daniel Samoilovich
Translator
on Lyrikline: 9 poems translated
from: الفرنسية to: الأسبانية
Original
Translation
extrait de POINT DE DÉPART
الفرنسية | Jean Portante
SI J'AI TIRÉ LE VERROU c'est moins pour
t'empêcher de partir que pour éviter
que n'entre chez nous le fantôme du cerf
qui depuis longtemps fait les cent pas
devant notre porte il ne se cache
déjà plus derrière un tronc d'arbre
ou un muret il n'a même plus peur
comme avant de la lumière du jour
il est désormais la sentinelle entre
toi et moi et il délimite notre espace
en urinant sur le trottoir
COMMENT JE SAIS QUE LE MONDE est rond
c'est le judas de la porte d'entrée qui
me l'a dit et il m'a dit aussi mais cela
je ne le lui avais pas demandé que la rondeur
est le châtiment réservé à qui pose
ses lèvres sur les joues froides de ceux
qui partent et en partant creusent
des trous dans l'obscurité tout autour
parce que ce qui s'en va et n'est
déjà plus ici n'en est pas forcément
ailleurs et cela autant qu'il m'en souvienne
fait également partie de la sphéricité
CETTE AUTOROUTE QUI EN MOI goudronne
l'envie de rester ouvre comme une fermeture
à glissière la plaie que hier soir j'ai ramenée
à la maison mais ce matin tu peux me le dire
qui es-tu pour parler de couteaux à ranger ou
de chemins à rebrousser non ne réponds pas tout
de suite parle-moi d'abord du jardin derrière
la maison et du départ que tu y as enterré
COMBIEN DE LITRES D'INNOCENCE peut-on verser
dans un bassin celui-ci par exemple que
tu vois sur la photo il y avait de jeunes
femmes qui traversaient de bout en bout le
village pour venir y laver leur linge elles
longeaient même les vergers et les vignobles
et attiraient sur elles les regards des mangeurs
de fruits d'autres venaient simplement y
plonger leurs mains après avoir écrit des
lettres à des maris partis si loin et quand
l'eau s'emparait de leur chair c'était comme
si elles faisaient l'amour avec l'océan atlantique
L - 4004 Esch-sur-Alzette, Luxembourg www.phi.lu
from: Point. Poèmes. Avec dessins de Marek Szczesny
Esch-sur-Alzette, Luxembourg: Éditions PHI, 1999
ISBN: 2-87962-113-5
Audio production: 2000 M. Mechner, literaturWERKstatt berlin
[SI HE CORRIDO EL CERROJO]
الأسبانية
SI HE CORRIDO EL CERROJO no es tanto para
impedir que te vayas más bien para evitar
que entre en nuestra casa el fantasma
del ciervo que hace tiempo ronda
nuestra puerta ya no se esconde
tras un tronco de árbol o
una tapia ni siquiera teme
como antes a la luz del día
es a partir de ahora el centinela entre
tú y yo y delimita nuestro espacio
orinando sobre la vereda
extrait de POINT DE CHUTE
الفرنسية | Jean Portante
JE PENSE À CETTE FUMÉE qui tombe et ne parle pas
de chute mais d'adieu
comme quand part de ta main le cerf brûlé
ou le feu du jardin que toujours tu réanimes
et aussi à la locomotive dans ma tête
qui dévore le charbon
colonne de tristesse montant très haut ou très noire
ou plus noire encore
est-ce ainsi qu'ont bougé en moi
l'animal brûlé le sentier carbonisé la forêt calcinée
le retour vers du plus loin avec des mots de charbon
et dire que toujours quelqu'un retrouvera
en cela ce miroir qui de la vie reflète
la mort de la mort la mort encore
comme si une corde commençait à chaque mot
comme si tant de charbon ne blessait
que qui ne sait plus tomber
comme si monter si haut brûlait la corde
pas le charbon
JE PENSE À MA NUIT SI LONGUE plus longue qu'un siècle
ou à mon train sans ailes sur l'amour des rails
est-ce cela qui m'attend
ou plutôt l'eau dure de mon fleuve
ou mon fleuve à escorter jusqu'à la mer
ou mon fleuve qui comme ma nuit ou mon siècle
mènent ou non au train de mes souvenirs
ou ces autres fleuves moins étroits
et ces autres nuits
et ces autres siècles avec leurs hommes mouillés
et leurs femmes mouillées
ou mon fleuve encore ou ma nuit ou ma mer
ou mon siècle
qui gèlent et brûlent les bateaux comme si
au beau milieu de l'eau s'éternisait la guerre
ou cette question que regrettes-tu
sinon d'avoir lutté trop tôt
ou trop peu
ou ma feuille de papier ou de nuit
avec deux bords comme chaque siècle
ou au beau milieu de la cuisine ma table bavarde
et mes chaises
ou ma nuit parlant dans la cuisine
avec mon train du sud
ou mon train du sud qui blanchit
les murs des maisons
ou mon train du sud qui descend
ou comment descendre plus
bas que mon sud
TOUS LES FEUX SONT ÉTEINTS et le vent un certain vent
comme quand parle l'essoufflement ou la soif
ou le ciel oblige au tâtonnement
le long des maisons
au porte à porte bois fatigué de brûler
que sait-il de l'aveuglement
la nuit tombe non loin de là
et nous la veillons comme on veille
une ombre qui descend
ou un manteau que l'on met
ou qu'on jette ou qu'on donne
ou un rideau qui tombe quand l'histoire est finie
et qu'applaudissent dans la salle
et partent les mille dernières mains
mais que fais-tu dans cette nuit si parfaite
que faisons-nous sinon nous rapprocher
de l'arbre aux cerises noires
de la colline aux arbres noirs
du paysage aux collines noires
L - 4004 Esch-sur-Alzette, Luxembourg www.phi.lu
from: Point. Poèmes
Esch-sur-Alzette, Luxembourg: Éditions PHI, 1999
ISBN: 2-87962-113-5
Audio production: 2000 M. Mechner, literaturWERKstatt berlin
[PIENSO EN ESE HUMO]
الأسبانية
PIENSO EN ESE HUMO que cae y no habla
de caída sino de adiós
como cuando parte de tu mano el ciervo quemado
o el fuego del jardín que siempre reanimas
y también en la locomotora en mi cabeza
que devora el carbón
columna de tristeza subiendo muy alto o muy negro
o más negro aún
y así es que se han movido en mí
el animal el sendero carbonizado el bosque calcinado
el retorno hacia muy lejos con palabras de carbón
y decir que siempre alguien encontrará
en esto el espejo que de la vida refleja
la muerte de la muerte la muerte aún
como si una cuerda empezara en cada palabra
como si tanto carbón sólo lastimara
al que ya no sabe caer
como si subir tan alto quemara la cuerda
no el carbón
extrait de POINT D‘INTERROGATION
الفرنسية | Jean Portante
JE LIS MON HISTOIRE dans les yeux
de ma mère
la table est mise et
mon père est mort
et je flotte
dans la cuisine comme
une odeur d'huile
d'olive puis viennent
les soldats et
comptent nos fourchettes
UN AUTRE JOUR nous jouons
et le couteau glisse
et se cloue dans le sol
à deux doigts
de là il y a une ville
on flâne dans le centre
on lèche les vitrines et
la lame se glisse
sans bruit dans le coeur
de la plus vieille statue
L'ARBRE EST UN ASCENSEUR vers
les fruits qui mûrissent
là où ils attendent
une échelle ne suffit plus
même la main doit
être plus grande que
d'habitude et les feuilles
se réjouissent
elles aussi des
progrès de la science
IL NEIGE SUR L'ÉCRAN de la
télévision dans mes
yeux il y a un hiver
et dans les tiens
une avalanche de désir
cela est sans doute dû à
l'antenne collective dis-tu
ou et c'est moi qui
le pense au solitaire
comique de la situation
ENTRE LA PORTE ET LE PLANCHER il
y a un trait très fin de lumière
et des pas de l'autre
côté qui imitent
l'ombre tu es donc encore là
et mes pas à moi n'imitent
rien qui attend qui les pas
de l'autre côté les miens
ou ceux qui n'imitent rien
ceux qui imitent l'ombre
CETTE SALLE À MANGER est en progression
demain la table et les chaises
pendront du plafond
la porte sera à l'envers et
le téléphone sonnera huit fois
il y a un but dans la marche
des choses nous ne sommes
qu'à mi-chemin puis tout
sera comme avant et le
téléphone sonnera huit fois
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from: Point. Poèmes. Avec dessins de Marek Szczesny
Esch-sur-Alzette, Luxembourg: Éditions PHI, 1999
ISBN: 2-87962-113-5
Audio production: 2000 M. Mechner, literaturWERKstatt berlin
[LEO MI HISTORIA]
الأسبانية
LEO MI HISTORIA en los ojos
de mi madre
la mesa está servida y
mi padre está muerto
y yo floto
en la cocina como
un olor de aceite
de oliva después vienen
los soldados y
cuentan nuestros tenedores
OTRO DÍA jugamos
y el cuchillo se desliza
y se clava en el suelo
a dos dedos
de allí hay una ciudad
paseamos sin rumbo por el centro
miramos los escaparates y
la hoja se desliza
sin ruido en el corazón
de la estatua más vieja
EL ÁRBOL ES UN ASCENSOR hacia
los frutos que maduran
allí donde esperan
una escalera no alcanza
incluso la mano tiene que
ser más grande que
de costumbre y las hojas se
alegran
también ellas de los
progresos de la ciencia
NIEVA SOBRE LA PANTALLA del
televisor y en mis
ojos hay un invierno
y en los tuyos una
avalancha de deseo
esto es sin duda debido a
la antena colectiva dices
o y soy yo el que
lo piensa en lo solitario
cómico de la situación
ENTRE LA PUERTA Y EL SUELO hay
un trazo muy fino de luz
y pasos del otro
lado que imitan
una sombra entonces aún estás ahí
y mis pasos no imitan
nada quién espera a quién los pasos
del otro lado los míos
o aquellos que no imitan nada
aquellos que imitan la sombra
ESTE COMEDOR está en marcha
mañana la mesa y las sillas
colgarán del techo
la puerta estará al revés y el
teléfono sonará ocho veces
hay un objetivo en la marcha
de las cosas no estamos
más que a medio camino después todo
será como antes y el
teléfono sonará ocho veces
CET HIVER SI LOURD
الفرنسية | Jean Portante
CET HIVER SI LOURD plus lourd qu'un bateau
bateau bavard avec ses marins humides
bateau qui alourdit les murs des maisons
est-ce lui que nous attendons
ou plutôt l'eau plus lourde
qu'un bateau épargné par la mer
ou une feuille de papier
avec ses nuages habitués ou non au silence
comme si une échelle descendait vers la terre
ou plus bas encore
échelle promise ralentie par la promesse
échelle comme un bruit pendu à sa descente
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from: Point. Poèmes. Avec dessins de Marek Szczesny
Esch-sur-Alzette, Luxembourg: Éditions PHI, 1999
ISBN: 2-87962-113-5
Audio production: 2000 M. Mechner, literaturWERKstatt berlin
[Este invierno tan pesado más]
الأسبانية
Este invierno tan pesado más pesado que un barco
barco charlatán con sus marinos mojados
barco que vuelve más pesadas las paredes de las casas
es acaso este barco lo que esperamos
o más bien al agua más pesada
que un barco perdonado por el mar
o una hoja de papel
con sus nubes habituadas o no al silencio
como si una escalera descendiera a la tierra
o más abajo todavía
escalera prometida ralentada por la promesa
escalera como un ruido colgado de su descenso
CES MEUBLES QUI SORTENT
الفرنسية | Jean Portante
CES MEUBLES QUI SORTENT d'un bois mobile
la table et ses arbres voyageurs
les chaises attelées aux murs de la forêt
mort qui parle et galope dans la prairie du living
est-ce là que se croisent les chemins
l'un s'introduisant comme un cheval dans la ville
l'autre cachant sous son manteau le feu volé la veille
l'un versant un litre d'origine dans la cafetière
l'autre plus fier qu'un futur
enchaîné au rocher du début
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from: Point. Poèmes. Avec dessins de Marek Szczesny
Esch-sur-Alzette, Luxembourg: Éditions PHI, 1999
ISBN: 2-87962-113-5
Audio production: 2000 M. Mechner, literaturWERKstatt berlin
[ESTOS MUEBLES]
الأسبانية
ESTOS MUEBLES que salen de una madera móvil
la mesa y sus árboles viajeros
las sillas uncidas a los muros del bosque
muerte que habla y galopa en la pradera del living
es acaso allí que se cruzan los caminos
uno metiéndose como un caballo en la ciudad
el otro escondiendo bajo su abrigo el fuego robado la víspera
uno derramando un litro de origen en la cafetera
el otro más orgulloso que un futuro
encadenado a la roca del comienzo
CES MAISONS SUSPENDUES
الفرنسية | Jean Portante
CES MAISONS SUSPENDUES à ta poitrine
disent-elles que retirer la tête ou la couper
c'est comme plonger une sonde dans le coeur
ou un couteau ou la branche d'un arbre
afin que passent de toi à moi le nord
et l'orage et quelques gouttes de sang
et que brûle le bois qui les pense
coeur sondé tête qui vacille
couteau qui questionne et coupe
c'est ainsi que travaille le cerf
avec ses branches plongées dans ta poitrine
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from: Point. Poèmes. Avec dessins de Marek Szczesny
Esch-sur-Alzette, Luxembourg: Éditions PHI, 1999
ISBN: 2-87962-113-5
Audio production: 2000 M. Mechner, literaturWERKstatt berlin
[ESTAS CASAS SUSPENDIDAS]
الأسبانية
ESTAS CASAS SUSPENDIDAS de tu pecho
dicen acaso que retirar la cabeza o cortarla
es como hundir una sonda en el corazón
o un cuchillo o una rama de árbol
a fin de que pasen de ti a mí el norte
y la tormenta y unas gotas de sangre
y que arda la madera que las piensa
corazón sondeado cabeza que vacila
cuchillo que interroga y corta
es así que trabaja el ciervo
con sus ramas hundidas en tu pecho
CES FLEUVES QUI PASSENT
الفرنسية | Jean Portante
CES FLEUVES QUI PASSENT par les villes
et les badauds sur les ponts observant leur salive
partie d'eux-mêmes qui descend vers la mer
et plus loin encore et traverse l'univers
comme une étoile saignante
comédie tant d'arrachement ou souvenir
nuque un rien renversée envoyée en éclaireuse
lait qui tourne et part et paralyse
la rivière vaut-elle ce que veut la salive
sel qui vieillit visages qui partent
mort un rien diluée dans la partance
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from: Point. Poèmes. Avec dessins de Marek Szczesny
Esch-sur-Alzette, Luxembourg: Éditions PHI, 1999
ISBN: 2-87962-113-5
Audio production: 2000 M. Mechner, literaturWERKstatt berlin
[ESTOS RÍOS QUE PASAN]
الأسبانية
ESTOS RÍOS QUE PASAN por las ciudades
y los mirones sobre los puentes observando su saliva
parte de ellos mismos que desciende hacia el mar
y más lejos aún y atraviesa el universo
como una estrella sangrienta
comedia toda esta extracción o recuerdo
nuca apenas inclinada enviada como exploradora
leche que gira y parte y paraliza
vale el río lo que quiere la saliva
sal que envejece rostros que parten
muerte apenas diluida en la partida
CE QUE JE VOIS
الفرنسية | Jean Portante
CE QUE JE VOIS dans les nuages est de nouveau à vendre
les acheteurs se pressent sous ce morceau de ciel noir
sous ce marché céleste je suis comme le mendiant qui rêve
que l'ombre est forcément la face cachée de l'or
et comme le mendiant j'enlève mon manteau
cela fait mal de se défaire de tant d'obscurité à la fois
il pleut et la pluie alourdit mes épaules
et l'or m'entre dans le corps comme si j'étais un tournesol
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from: Point. Poèmes. Avec dessins de Marek Szczesny
Esch-sur-Alzette, Luxembourg: Éditions PHI, 1999
ISBN: 2-87962-113-5
Audio production: 2000 M. Mechner, literaturWERKstatt berlin
[LO QUE VEO]
الأسبانية
LO QUE VEO en las nubes está de nuevo a la venta
los compradores se apuran bajo este trozo de cielo negro
bajo este mercado celeste soy como el mendigo que sueña
que la sombra es por fuerza la cara oculta del oro
y como el mendigo me quito mi gabán
duele deshacerse de tanta oscuridad de golpe
llueve y la lluvia pesa sobre mis espaldas
y el oro me entra al cuerpo cual si yo fuera un tornasol
CE PETIT PRINTEMPS
الفرنسية | Jean Portante
CE PETIT PRINTEMPS qui pleure dans l'eau de mes mains
qui croise en pleurant le cerf de ma tête
et l'oeil qui souffle au large de la tienne
n'est-ce pas ainsi qu'on revient de la mer
en brandissant un drapeau plus blanc que la mémoire
ou est-ce dans l'eau qu'on rentre comme avant
ou que souffle au large de l'oeil un vent de mémoire
ou est-ce un rêve que j'ai devant le cerf de mon fusil
ou un dernier printemps ou une dernière balle
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from: Point. Poèmes. Avec dessins de Marek Szczesny
Esch-sur-Alzette, Luxembourg: Éditions PHI, 1999
ISBN: 2-87962-113-5
Audio production: 2000 M. Mechner, literaturWERKstatt berlin
[ESTA PEQUEÑA PRIMAVERA]
الأسبانية
ESTA PEQUEÑA PRIMAVERA que llora en el agua de mis manos
que cruza llorando el ciervo de mi cabeza
y el ojo que sopla a la altura de la tuya
no es acaso así que se vuelve del mar
enarbolando una bandera más blanca que la memoria
o es al agua que uno regresa como antes
o que sopla a la altura del ojo un viento de memoria
o es un sueño que tengo ante el ciervo de mi fusil
o una última primavera o una última bala