Laure Gauthier

الألمانية

Laurent Cassagnau

الفرنسية

flurpoesie

marie (an albert) ... Du verfügst über einen Dialekt. Es ist nicht meine Schuld, wenn Du es verdrängt hast. Manchmal schreit eine Stimme aus der anderen Sprache, aus dem Raum gegenüber. Auf eine so eindrucksvolle Weise, dass sie vorübergehend alles andere überdeckt... Manchmal bin ich außer Atem − im langen Flur. Versuche von dem einen Zimmer in das andere zu gelangen, so schnell es erfordert wird, ohne dabei etwas zu vergessen. Oft sehe ich die hellen Spuren im Gang, die meine Füße hinterlassen haben, nasse Abdrücke, zwei entgegengesetzte Richtungen auf- weisend; niemand außer mir kann sie sehen, denn sie verschwinden bald, keiner vernimmt die Verwirrung hinter meiner Pupille, Zaubertafel.

Wir Ausländer sind die neuen Dialektianer. Beim Tranchieren des Fleisches am Spieß, beim Taxifahren oder beim Niederschreiben eines Romans. Ist der Blick geprägt. Von. – Flurpoesie – .

Die einen mit ihrer bodenständigen Dialektpoesie, wir Millionen mit unserem wurzellosen Gesang. Nie natürlich, permanent beim Auswählen, Erwägen, Probieren. Meine Flurbrüder. Wenigstens zeigt der Akzent die Unzulänglichkeit. Sollte ein Hinweis sein auf andere Wortquellen, tieferliegende. Einige Quellen kommen besonders gut an. Es gibt geliebte und verhasste Geographien bei Neologismen. Ich komme noch relativ gut an mit meinem Millefeuille.

Meine Lawinen haben mit dir wenig zu tun. Wenn Du unter dem weißen Schutt liegst, dann freiwillig. Ich bin eigentlich das einzige Opfer meiner Sprachexperimente.

Klangreiche Staublawine. Herabstürzende Brocken, Aufprall, aufgewirbelte Partikel, Decken, die abrutschen. Gleithorizonte. Auf denen alles abstürzt, anders verteilt wird,

flüchtige Architekturen,

Phantomformen. Kalte Pulverfreude dann.

Kreative Masse, löst sich auf, verschlingt, überfällt, schnell und langsam zugleich. Pulverisiert sich selber. Weißes Feuerwerk! Atem-

not kriege ich manchmal,

weil so viel Neues entsteht. Soll ringen. Die dumpfe Lärmwolke präzisiert das Gefühl, während auf dem Boden alles schon gespielt ist. Massive Stille hier,

dort ein dumpfes Getöse. Meine Wortexplosionen nehme ich nur im Notfall vor. Bin selbst gefangen in der Schneemasse. Unge- ahntes liegt dann vor mir.

Es lag so ruhig ewig, Gletscher-gleich! Plötzlich, wild still bewegt sich alles, bildet Höhlen, Berge, rieselt herunter. Es entsteht Neu- schnee. Ein Wunder

Ich, Saturn geworden. Ringe um meine Worte. Flirrendes Licht, tanzende Partikel.

© Laure Gauthier
من: marie weiss rot / marie blanc rouge
Delatour, 2013
الإنتاج المسموع: Haus für Poesie, 2021

poésie de couloir

marie (à albert) ... Tu disposes d’un dialecte. Ce n’est pas ma faute si tu l’as refoulé. Parfois une voix crie en moi, venue de l’autre langue, de la pièce d’en face. Elle est si impressionnante que provisoire- ment elle recouvre tout le reste... Parfois je suis à bout de souffle – dans le long couloir. J’essaie d’aller d’une pièce à l’autre, aussi vite qu’il est requis, sans rien oublier. Souvent, je vois les traces claires dans le couloir que mes pieds ont laissées, des empreintes humides, indiquant deux directions opposées ; personne d’autre que moi ne les voit, car elles disparaissent rapidement, personne ne perçoit le trouble derrière ma pupille, ardoise magique.


Nous les étrangers, nous sommes les nouveaux dialectophones. Quand nous tranchons la viande sur la rôtissoire, quand nous conduisons des taxis ou que nous écrivons un roman. Le regard est imprégné de. Poésie de couloirs. Certains ont une poésie dia- lectale, enracinée dans le sol ; nous, nous sommes des millions à avoir un chant dépourvu de racines. Jamais naturel, il faut tou- jours le choisir, le soupeser, l’essayer. Mes frères de couloir. Au moins l’accent suggère l’insuffisance. Devrait rappeler qu’il y a d’autres sources de mots, plus profondes. Certaines sources ren- contrent des échos plus favorables. Il y a des géographies aimées, d’autres haïes dans les néologismes. Je suis relativement appréciée avec ma Kaisertorte.


(….)


Mes avalanches n’ont pas grand-chose à voir avec toi. Si tu te retrouves sous les blancs décombres, c’est que tu le veux bien. En fait, je suis la seule victime de mes expérimentations verbales.


Avalanche de poussière sonore. Blocs qui déboulent, impact, par- ticules tourbillonnantes, plaques qui se détachent. Horizons glis- sants. Sur lesquels tout s’effondre, tout est réparti autrement,

fug

itives architectures,


formes fantomatiques. Puis une allégresse froide, poudreuse.


Masse créative, qui se dissout, avale, dévale, vite et lentement à la fois. Qui se pulvérise elle-même. Feu d’artifice blanc ! Respiration


bloquée parfois par tant de nouveauté. Je dois lut- ter. La nuée de sons sourds


précise la sensation, alors que sur le sol tout est déjà joué. Silence massif ici.


Là-bas un vacarme sourd.


Je n’ai recours à mes explosions verbales qu’en cas d’urgence. Suis moi-même prisonnière de la masse neigeuse. Alors s’étend devant moi ce qui n’a jamais été pressenti.


Paisible éternité, un glacier ! Soudain : sauvage quiétude, tout s’anime, tout dessine des cavernes, des montagnes, s’écoule doucement.


Moi, devenue Saturne.


Une neige nouvelle se forme. Un miracle. Anneaux autour de mes paroles. Lumière vibrante, particules dansantes.

Uebersetzung ins Franzoesische von Laurent Cassagnau und Laure Gauthier
Ausschnitt aus Laure Gauthier, marie blanc rouge / marie weiss rot, Delatour, 2013