Linda Maria Baros

الفرنسية

Ulrike Almut Sandig

الألمانية

Je sors dans la rue avec l’ange

Je sors dans la rue avec l’ange.
           Comme une chaîne enroulée autour de la main.
           Blanchie par la chaux des murs.

Les hommes que je rencontre
me lèchent la main et les chevilles,
me suivent de près.
Je leur marche dessus comme sur des charbons ardents,
comme sur des vagues, sur des toits.

           Je n’ai aucune pitié
          pour les hommes qui m’aiment.
           Ma chaîne a ouvert sur leur dos
des pupilles de serpent.

Me saluent tous ceux qui ont dormi
au bord des hauts toits,
ceux qui ont porté leurs poumons
          jusqu’aux tréfonds des eaux
           – comme de très minces chiens de chasse –
          et les ont accoutumés à y respirer.

Me saluent, d’en bas, les autres – les civils.
Atteints par la comatose.
Ceux dont on a cassé les dents avec une barre de fer.
Les cliniques magistrales, les entremetteurs.

Les déshérités du sort me saluent, les contusions, la toux.
Sous le lit fument peut-être encore
                                                  les canons du fusil.

Je suis sortie dans la rue avec l’ange. Je rentre chez moi.
Comme une chaîne enroulée autour de la main.

© Linda Maria Baros
Le Chambon-sur-Lignon: Cheyne Éditeur,
الإنتاج المسموع: Literaturwerkstatt Berlin 2011

Ich geh mit dem Engel auf die Straße hinaus

Ich geh mit dem Engel auf die Straße hinaus.
Wie eine Kette, gewunden um meine Hand.
Gebleicht vom Kalk an den Mauern.

Die Männer, die ich treffe,
lecken mir Hand und Knöchel,
folgen mir auf den Fuß.
Ich übergeh sie wie glühende Kohlen,
wie Wellen, wie Dächer.

Ich habe keinerlei Mitleid
für die Männer, die mich lieben.
Meine Kette hat in ihrem Rücken
Schlangenpupillen geöffnet.

Mich grüßen all jene, die schliefen
am Rand der hohen Dächer,
jene, die ihre Lungen bis in die Untiefen
der Gewässer trugen
–  wie sehr schmale Jagdhunde –
und sie dressiert haben, da unten zu atmen.

Mich grüßen, von unten, die Anderen – die Zivilisten.
Von Komatose befallen.
Jene, deren Zähne man ausschlug mit einer Eisenstange.
Gewaltige Kliniken, Kuppler.

Die vom Schicksal Enterbten grüßen mich, Prellungen, Husten.
Unterm Bett rauchen wohl noch
die Läufe der Gewehre.

Ich ging mit dem Engel auf die Straße hinaus. Ich komme nach Haus.
Wie eine Kette, gewunden um meine Hand.

Deutsche Fassung von Ulrike Almut Sandig.
Die Übersetzung entstand im Rahmen des Übersetzungsworkshops Versschmuggel des Poesiefestivals Berlin 2011