Paul-Marie Lapointe
LE TEMPS TOMBE
LE TEMPS TOMBE
(la terre nous menace
au coin de la rue, chaque midi, le même
visage repu
l’assurance des défilés
les fanfares
et le trou au cœur de tous les morts…)
le temps tombe
famille giboulées passereaux
le temps tombe
une tribu perdue remonte à la surface
enfants des pyramides du soleil
amphores de poussière maïs et
fourrures
falaise des morts
(falaise comme ruche d’où s’envolent
les âmes gorgées des nécrophages
les blancs)
famille stupéfaite
le temps tombe
abénaki maya nègre de birmingham
âmes civiles de mes morts sauvages
colère inhumée dans le fumier des
chevaux de proie
dans la connaissance des soldats et des
saints
dans les frégates armées
pour la pâmoison d’une infante et le pathos
d’un hommage au soldat
inconnu
le temps tombe
dans le mois du saumon s’installent
les villages les mairies
les pêcheurs à la ligne
les capitales polies de main de mort
le temps tombe
galères négriers
atahullpa
sauvages présents
anéantis
(cendrillon palpite dans la soie ses
trois repas son prince
ô sommeil tranquille
planète ronde où s’étreignent les
maisons conformes
au jour le jour vienne le repos définitif)
le temps tombe
les petits hommes de préhistoire
circulent
entre les buildings
dans la pluie chargée de missiles
le temps tombe
espèce satisfaite