Éric Sarner
JAZZ
parler d'asymétrie
parler d'harmonie dans l'asymétrie
c'est ça
trouver ça
le juste dans le chaos du souffle
l'exact dans
l'incertitude
le bon temps
au milieu
des
épines le rare
dans l'inexorable
avec le raté
du mouillé avec le sec
des lèvres
des cals
du sec martelé dru
avec les larmes les plus anciennes
et les plus présentes
inclure l'attente
inclure l'impatience
inclure la mélancolie
le brouillon aussi
ces brouillons
lumineux
éveillés
en pluie frénétique
en
déroulés de fil
rien que
vital
qui parle
qui joue sur soi-même
parce qu'il
n'a que soi-même
la mélodie de soi
portée
par tous
les autres
accrochés à eux
et seul
c'est un corps indéfinissable
déjà fini
aigu
misterioso
blues neuf
hanté
tout blues
le temps fait tout à l'affaire
exsangue epistrophy
ça sort
du noir
du noir de dedans
cette insensée vision
ça soupire
relève la tête
se raidit
hurle
laisse le ventre
trembler
s'ouvrir
sans argument sans morale
même pas seulement le plaisir
mais aussi lui
mais pas seul
lâchez pied et râle
ressusciter l'air
le prendre
le rendre
s'en dessaisir
autan
bise
noroît
pampero
foejn
khamsin
et la voix
ivre de mesures
démesurée dans
la
solitude
et la proximité
dévidant
de haut
en
bas
l'écheveau
singulier
pluriel
dans les cabrades
l'essentiel effort
de
prendre le risque par le cou
de lui ficher un suçon
Jubilatoire
et si
désespéramment improbable
comme un cri d'avant
sa place énorme
dérisoire
sachez que ce que je dis
j'aurais pu ne pas le dire
et
jamais n'oubliez
ce
que
je ne dirai pas
tandis que
coulent
ces notes
dans
l'espace
infini
d'un
clin
d'oeil