Anthony Phelps
L'exil quotidien
L'exil quotidien
Mon ami aux yeux de plage
a peint une folle comme un cri de victoire
Alléluia le robinet n'a point perdu parole de soif
Mon ami aux jambes d'ailleurs
a peint une toile
pareille au chant des lendemains fraternels
Alléluia le robinet chante la vague
et les chiffons prennent le vent
Mon ami le poète a peint une toile
collage de seins de nudité féconde
collage du temps passé du revécu
collage du Pays balafré
et recousu dans sa chair vive
Mon ami le poète a peint une toile
et puis s'est étendu près de sa femme auréolée
nue dans son lit de fête
faisant chanter l'oiseau de ses doigts
Chiffonnier de l'exil
il coud des flaques de souvenirs
des poèmes de miel et de fracas
des chants fêlés aux barbelés du quotidien.